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Sommet arabe - Irakiens et Koweïtiens se livrent une bataille sans merci à la réunion préparatoire des ministres des AE Divergences profondes entre radicaux et modérés à Charm el-Cheikh(photo)

Charm el-Cheikh, de notre envoyé spécial Abdo CHAKHTOURA Laborieusement réunis à Charm el-Cheikh après de multiples tractations qui ont permis de surmonter les volte-face et les hésitations de dernière minute des récalcitrants, les ministres arabes des pays de la Ligue arabe ont commencé leurs réunions préparatoires dans la désunion. Vingt-quatre heures avant l’arrivée des rois et chefs d’État, le bras de fer a recommencé, en effet, comme pratiquement à chaque sommet, entre l’Irak et le Koweït, les deux frères ennemis qui se livrent à une guerre sans merci depuis le fameux sommet du Caire en 1990, qui a failli dégénérer en véritable pugilat entre les représentants des deux pays. C’est ainsi que le ministre adjoint koweïtien aux AE, Mohammed al-Sabah, a accusé hier soir l’Irak de continuer à menacer le Koweït. « Nous sommes favorables à une solution pacifique (de la crise irakienne), mais si l’intransigeance dont fait preuve Saddam Hussein dans ses discours se poursuit, ce n’est pas de bon augure », a-t-il ajouté. Cette animosité latente entre les deux pays s’est aiguisée avec la menace d’une guerre probablement imminente contre l’Irak, divisant par la même occasion les chefs de la diplomatie des pays arabes qui se sont regroupés en deux camps. D’un côté, les « radicaux », comme la Syrie, le Liban et l’Irak, souhaitent que le sommet dénonce fermement les menées guerrières qui se préparent contre Bagdad et demandent aux pays arabes de s’abstenir d’accorder des facilités militaires aux États-Unis. Ils réclament également une résolution qui ferait référence aux efforts consentis par Saddam Hussein pour faciliter le travail des inspecteurs en désarmement de l’Onu. Ce projet de résolution est décrié par les Koweïtiens qui ne réclament pas moins qu’une condamnation du régime de Bagdad pour sa responsabilité dans la crise. L’autre camp, celui des « modérés », alliés plus ou moins traditionnels des États-Unis, est constitué par l’Égypte, la Jordanie et les Émirats du Golfe. Amman, on le sait, a récemment autorisé un contingent de spécialistes américains des fameux Awacs de s’installer sur son territoire. Cependant, ce sont les pays du Golfe, pour ne citer que le Koweït et le Qatar, qui accueillent la plus grosse partie des troupes américaines rassemblées dans la région en vue d’une éventuelle attaque contre l’Irak. En attendant, le secrétaire général de la Ligue arabe, l’Égyptien Amr Moussa, joue les équilibristes. Comme premier point positif, il a tout d’abord mis en évidence le fait que les 22 membres de la Ligue ont fini par accepter de participer tous au sommet, ce qui, d’après lui, est déjà « précurseur d’unanimité ». Le ministre irakien des Affaires étrangères, Naji Sabri, qui espère sans illusion « un appui de dernière minute » de ses pairs arabes, a exprimé, à son arrivée en Égypte pour participer aux réunions préparatoires, le vœu que le sommet adoptera « une position ferme condamnant l’agression contre l’Irak », qui vise, toujours d’après lui, « l’ensemble de la nation arabe ». L’Irak, pour accroître ses chances, sera représenté en force au sommet, avec la présence du numéro deux du régime, Ezzat Ibrahim, vice-président du Conseil de commandement de la révolution, et du vice-président Taha Yassine Ramadan. Moussa visiblement agacé Le revirement irakien, après une demande de report du sommet appuyée en cela par le Liban et la Syrie, est intervenu après que Amr Moussa, au nom de la Ligue arabe, suivi par plusieurs pays, comme l’Égypte et le Qatar, eurent publiquement assuré Bagdad que le sommet ne servirait pas à légitimer une attaque américaine contre le pouvoir en Irak. M. Moussa, rejetant les rumeurs selon lesquelles le sommet demanderait à Saddam Hussein de démissionner pour éviter une attaque américaine contre son pays, ne cesse de répéter d’ailleurs que le sommet n’adopterait pas de positions pouvant « embarrasser l’Irak ». Reste que le secrétaire général de la Ligue arabe paraissait hier particulièrement agacé lors d’une conférence de presse tenue en soirée à l’Hôtel Sheraton qui abrite les congressistes. Il a ainsi éludé à plusieurs reprises des questions relatives à la bataille à couteaux tirés qui se déroule déjà en coulisses entre les représentants de Bagdad et du Koweït, ces derniers bénéficiant apparemment du soutien tacite des modérés en dépit des déclarations publiques appelant « à la fraternité arabe et à l’union sacrée en ce moment de crise ». Vœux pieux que « les prochains jours se chargeront probablement de démentir », s’est empressé de relever amèrement un diplomate, vieux routier des sommets où se pratique encore, selon lui, « une phraséologie périmée destinée aux masses populaires des années 70 ». En attendant l’arrivée, samedi, des chefs d’État des 22 pays « frères », Charm el-Cheikh, la blanche station balnéaire prisée des touristes étrangers férus notamment de plongée sous-marine, est devenue une forteresse assiégée où, comme le faisait remarquer un confrère occidental, « chacun traîne une ombre derrière lui ».
Charm el-Cheikh, de notre envoyé spécial Abdo CHAKHTOURA Laborieusement réunis à Charm el-Cheikh après de multiples tractations qui ont permis de surmonter les volte-face et les hésitations de dernière minute des récalcitrants, les ministres arabes des pays de la Ligue arabe ont commencé leurs réunions préparatoires dans la désunion. Vingt-quatre heures avant l’arrivée des rois et...