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Blix, pas convaincu par la coopération irakienne, évoque toutefois une prolongation de la mission des inspecteurs Coopérer ou quitter le pays : Rumsfeld résume les seules options offertes à Saddam pour éviter une guerre

Le chef des inspecteurs en désarmement de l’Onu Hans Blix a émis hier des doutes sur la volonté de coopération de l’Irak, alors que le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld laissait encore au président irakien Saddam Hussein deux possibilités d’éviter la guerre. Dans une interview à la télévision arabe al-Jazira diffusée hier, M. Rumsfeld a placé Saddam Hussein devant un triple choix : « coopérer » avec l’Onu, « ne rien faire, ce qui conduirait à un conflit », ou « quitter le pays ». Le président irakien a toutefois exclu tout exil, dans un entretien qui devait être diffusé hier soir par la chaîne de télévision américaine CBS. À trois jours de l’expiration de l’ultimatum que lui a adressé M. Blix, l’Irak faisait toujours durer hier le suspense sur la destruction de son stock de missiles al-Soumoud 2, exigée par l’Onu. À Bagdad, le général Amer al-Saadi, conseiller du président irakien, a fait état de « certaines percées » dans le désarmement, bien que l’Irak n’ait pas encore décidé de se plier à la demande de M. Blix de détruire ses missiles al-Soumoud 2. En affirmant sur CBS que l’Irak n’était en possession d’aucun missile interdit par l’Onu, Saddam Hussein a d’ailleurs plutôt donné l’impression de se refuser à la destruction de ces engins. Le chancelier allemand Gerhard Schröder a, de son côté, appelé l’Irak à « totalement coopérer (avec l’Onu), y compris en détruisant ses missiles al-Soumoud ». Paris et Moscou ont également lancé à Bagdad des appels en ce sens. Le département d’État américain a de son côté affirmé hier qu’il ne serait « pas surpris » de voir le président irakien finir par lâcher du lest sur la destruction de ses missiles prohibés. « Vu leur manière de faire des concessions, ou de pseudo-concessions, au compte-gouttes (...) on ne serait pas surpris si (les Irakiens) cédaient finalement sur les missiles », a déclaré le porte-parole du département d’État, Richard Boucher, qui a ajouté que l’entretien de Saddam Hussein à la chaîne de télévision américaine CBS démontrait une fois encore que le président irakien cherchait à « nier la réalité ». En Europe, la question du recours à la force contre le régime de Bagdad pour obtenir son désarmement a été au cœur de débats parlementaires à Paris et à Londres. Tony Blair a fait voter par le Parlement une motion sur l’Irak, mais, confronté à une fronde, il a essuyé un cuisant revers politique avec le vote préalable, par près de 200 députés, dont plusieurs dizaines de son propre parti, d’un amendement hostile à sa politique. En France, les parlementaires de droite et de gauche ont fait bloc hier derrière le gouvernement pour appuyer la recherche d’une solution pacifique à la crise irakienne, défendue avec vigueur par Jean-Pierre Raffarin. En ce qui concerne les inspections, Hans Blix a déclaré hier que la volonté de coopération de l’Irak « n’est toujours pas claire ». « D’un autre côté, ce pays a déjà connu huit ans d’inspections, puis quatre ans sans inspections et maintenant douze semaines de nouvelles inspections. Est-ce vraiment le moment de fermer la porte ? » s’est-il interrogé avant d’évoquer « quelques mois » de plus pour sa mission, dans une interview parue hier dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit. M. Blair a cependant jugé « absurde » l’idée de donner plus de temps aux inspecteurs. Le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer a pour sa part estimé que le fait que les missiles al-Soumoud aient été examinés et que leur destruction ait été ordonnée « montre que les inspections fonctionnent ». « Pourquoi devrions-nous maintenant interrompre ce processus » d’inspections ? s’est-il interrogé. Sur le terrain, les inspections se sont poursuivies avec la première mission de surveillance d’un avion français de type Mirage, mis à la disposition des inspecteurs en désarmement de l’Onu, selon Bagdad. Des inspecteurs en désarmement ont également interrogé en privé deux ingénieurs irakiens impliqués dans l’ancien programme nucléaire de l’Irak, selon l’Onu, tandis qu’une équipe de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection de l’Onu (Cocovinu) a repris la destruction d’ogives remplies de gaz moutarde sur le site d’al-Muthanna, à 140 km au nord de Bagdad. Aux Nations unies, les consultations sur le nouveau projet de résolution sur l’Irak présenté par Washington, Londres et Madrid reprennent aujourd’hui. Selon le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon, la position américano-britannique sur l’Irak bénéficie d’un soutien grandissant au Conseil de sécurité. Pourtant, le Premier ministre bulgare Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha a indiqué au lendemain de ses entretiens avec le président américain George W. Bush que son pays, membre du Conseil de sécurité, ne s’était pas encore rallié au projet de résolution, jugeant qu’une « solution pacifique serait la plus désirable ». La Russie a affiché une position sans concession : « Nous jugeons inacceptable l’adoption d’une résolution qui prévoit l’utilisation de la force », a déclaré le président Vladimir Poutine, qui a cependant jugé « utile » la pression américaine sur l’Irak, qui, selon lui, oblige Bagdad à coopérer. Pour Dominique de Villepin, le rapport de forces actuel au sein du Conseil de sécurité ne permettra pas l’adoption de la résolution américano-britannique, ce qui dispensera la France d’exercer son droit de veto. Par ailleurs, la Turquie, dont le Parlement doit se prononcer aujourd’hui sur une motion autorisant le déploiement sur son sol de 62 000 soldats américains, a rappelé ses derniers diplomates en poste à Bagdad. Elle a également fermé sa frontière avec l’Irak, selon la chaîne de télévision turque NTV, comme l’Iran. L’Otan a en outre annoncé avoir adressé à ses membres une liste de demandes spécifiques pour la protection de la Turquie, selon une source militaire. L’Allemagne a déjà indiqué qu’elle ne prévoit pas d’y répondre par l’envoi de moyens supplémentaires. Un avion de surveillance Awacs s’est par ailleurs posé hier sur une base turque au sud d’Ankara. On apprenait également hier que le Canada a fait circuler depuis trois jours aux Nations unies un projet de compromis sur l’Irak donnant aux autorités irakiennes jusqu’au 28 mars pour faire preuve de leur coopération active avec les inspecteurs de son désarmement. Enfin, l’aviation anglo-américaine qui patrouille dans les zones d’exclusion aérienne en Irak a bombardé hier deux systèmes de communication dans le sud du pays, a annoncé l’armée américaine. Saddam Hussein veut dégraisser militaires et fonctionnaires Le président irakien Saddam Hussein a décidé hier de réduire le salaire des fonctionnaires et des officiers de l’armée découverts en flagrant délit... d’embonpoint. Le décret présidentiel stipule que tout officiel dont le poids « dépasse la limite autorisée », lors des contrôles de santé semestriels, verra son salaire et ses primes diminués de moitié. De la même façon, tout responsable du parti Baas, au pouvoir à Bagdad, pris en train de jouer « avec l’intention de s’enrichir » encourt une peine de trois ans de prison. Il perdra également son travail et sa carte du parti. Vente d’un texte justifiant l’intervention britannique en Irak... en 1918 Un texte datant de 1918 et expliquant les motifs de l’invasion de l’Irak par les troupes britanniques, sujet particulièrement d’actualité, sera mis en vente la semaine prochaine en Angleterre par un spécialiste d’ouvrages anciens. Cette « Proclamation au peuple de la wilaya (département) de Bagdad », datée du 8 mars 1918, a été signée par le général de corps d’armée F.S. Maude, commandant le corps expéditionnaire britannique en Irak lorsque la Première Guerre mondiale s’achevait en Europe. Sur deux pages, en anglais et en arabe, il expose aux Irakiens – qui étaient alors sous l’autorité de l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne – les raisons de l’intervention britannique. « Nos armées n’ont pas pénétré dans vos villes ou sur vos terres comme des conquérants ou des ennemis mais comme des libérateurs », proclame notamment le texte. « Habitants de Bagdad, souvenez-vous que pendant 26 générations, vous avez souffert sous la botte d’étranges tyrans qui ont tenté de monter les familles arabes les unes contre les autres pour pouvoir profiter de vos dissensions », est-il également indiqué. « Cette politique est détestée par la Grande-Bretagne et ses alliés car il ne peut y avoir ni paix ni prospérité lorsqu’il y a hostilité et mauvaise gouvernance », souligne encore le texte. Fausse alerte à l’arme chimique : des Marines enfilent leurs masques à gaz Une fausse alerte à l’arme chimique a contraint les Marines américains basés dans le désert koweïtien, non loin de la frontière avec l’Irak, à mettre leurs masques à gaz, a indiqué hier l’armée américaine. « Les troupes de la First Marine Expeditionary Force, déployées dans plusieurs camps dans le nord du Koweït, ont enfilé ce matin par mesure de précaution leurs masques à gaz après que les équipements de détection chimique eurent décelé par erreur la présence d’agents chimiques », selon un communiqué publié à Camp Commando, un des camps où sont rassemblées les troupes américaines au Koweït. Le Pentagone a rappelé 16 700 réservistes supplémentaires Quelque 16 700 réservistes et membres de la Garde nationale ont été rappelés la semaine dernière aux États-Unis, portant le total de ceux rappelés en service actif à plus de 168 000, a annoncé le Pentagone hier. Ces rappels ont concerné l’armée de terre, l’armée de l’air et le corps des Marines, a précisé le ministère américain de la Défense. L’armée de terre compte désormais 123 448 membres de la Garde nationale et réservistes en service actif, l’armée de l’air 19 906, les Marines 14 727, la marine 6 933 et les gardes-côtes 3 069, a encore précisé le Pentagone. Trois navires de guerre américains traversent le canal de Suez Trois navires de guerre américains ont emprunté le canal de Suez mardi et mercredi pour se joindre aux renforts massés dans le Golfe, ont indiqué les autorités portuaires égyptiennes. Il s’agit des navires transrouliers USNS Shughart et USNS Altair et du vaisseau de soutien USNS Sirius, a-t-on précisé de même source. Depuis le début du mois de février, au moins 11 navires de guerre américains et 21 navires britanniques ont traversé le canal de Suez pour se joindre aux forces navales déjà présentes dans le Golfe. Un gradé de la guerre du Golfe dénonce la stratégie militaire de Washington Un général américain en retraite, qui a dirigé la campagne aérienne pendant la guerre du Golfe, en 1991, a dénoncé hier la stratégie américaine pour une possible guerre en Irak en disant qu’elle risquerait plus de vies américaines et alliées qu’il est nécessaire. Le général d’aviation e.r. Buster Glosson a dénoncé la « hâte » de boucler une campagne aérienne en quelques jours, soulignant que cela ne permettrait pas d’éliminer les unités de la Garde républicaine irakienne, essentielles à la survie du président Saddam Hussein. « Comment définissez-vous du point de vue éthique le temps que nous mettons à prendre une décision politique avant de tenter de précipiter une opération militaire et de la boucler en quelques jours ? C’est criminel », s’est écrié l’officier à l’Institut américain d’entreprise (AEI). Damas refusera de traiter avec une Administration américaine en Irak Damas refusera de traiter avec une administration américaine qui serait installée en Irak après un renversement du régime de Saddam Hussein, a assuré hier le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam. « Je pense qu’aucun Arabe digne ne traitera avec des forces d’occupation étrangères », a déclaré M. Khaddam au quotidien saoudien al-Riyadh qui lui demandait si Damas était prêt à parler avec une telle Administration. Il a estimé qu’une administration de ce type en Irak déstabiliserait la région et menacerait l’indépendance de la majorité des pays arabes. Une occupation de l’Irak signifiera « la fin de l’indépendance des États de la région dont le sort sera décidé par une force étrangère », a-t-il ajouté. « Après-Saddam » : des centaines de milliers de soldats américains nécessaires, affirme un général US Plusieurs centaines de milliers de soldats américains pourraient être nécessaires pour assurer la sécurité et le fonctionnement des services publics en Irak après une guerre, a estimé hier le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Eric K. Shinseki, devant la commission des Forces armées du Sénat. Le nombre de soldats américains estimé par le général est beaucoup plus élevé que le chiffre avancé jusqu’à présent par les autres responsables du Pentagone qui faisaient état de 100 000 soldats pour stabiliser la situation et assurer le contrôle de l’Irak après le départ de Saddam Hussein. Inculpation de quatre hommes pour tentative de transfert de fonds à l’Irak Un jury fédéral de New York a inculpé quatre personnes et deux organisations de charité qui tentaient de transférer des fonds à l’Irak, a annoncé hier l’attorney général John Ashcroft. Les quatre inculpés sont Rafil Dhafir, 55 ans, un cancérologue de Fayetteville (État de New York), Maher Zagha, 34 ans, un Jordanien habitant à Amman, Ayman Jarwan, 33 ans, de Syracuse (État de New York), un Jordanien né en Arabie saoudite et travaillant aux États-Unis, et Osameh al-Wahaidy, 41 ans, de Fayetteville, un Jordanien originaire de Jéricho (Cisjordanie). Des Américains débaptisent les « french fries » Un conseiller municipal de West Palm Beach, en Floride, a proposé de débaptiser le nom des frites, appelées « french fries », « pommes frites françaises » en anglais, en signe de désapprobation de la position française sur la crise irakienne. Burt Aaronson proposera à la prochaine réunion du conseil municipal, le 11 mars, qu’on les appelle plutôt « freedom fries » (« pommes frites de la liberté »), s’inspirant ainsi de l’exemple d’un restaurant de Beaufort (Caroline du Nord), « Cubbies », qui a pris cette décision cette semaine.
Le chef des inspecteurs en désarmement de l’Onu Hans Blix a émis hier des doutes sur la volonté de coopération de l’Irak, alors que le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld laissait encore au président irakien Saddam Hussein deux possibilités d’éviter la guerre. Dans une interview à la télévision arabe al-Jazira diffusée hier, M. Rumsfeld a placé...