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Irak - Un sommet arabe pour le moins problématique La Ligue, divisée, court après un consensus

Le vaste soulèvement planétaire d’opinion contre la guerre, les manifestations par millions en Europe, en Asie, en Amérique même ne semblent avoir aucun effet sur la détermination anglo-américaine d’attaquer l’Irak. Au niveau des gouvernements, l’Occident est divisé. Les Arabes le sont également. Certains d’entre eux demandent un manifeste commun, publié à l’issue d’un sommet, comme ultime tentative de prévenir le déclenchement des hostilités. Et de régler la crise par des voies pacifiques. C’est-à-dire en persuadant l’Irak de se soumettre, entièrement, sans faux-fuyants, à la 1441, pour ôter à ses ennemis jurés tout prétexte. De la sorte, les inspecteurs ne pourraient plus lui reprocher, dans leurs rapports, de se dérober, de mal coopérer. Dans le prolongement de ce courant de pensée, certains caressent l’idée de voir Saddam et sa camarilla partir, pour sauver son pays de la destruction. Une proposition dans ce sens, disent-ils, pourrait lui être faite par une délégation euro-arabe. L’Irak, après l’éventuel abandon du régime présent, deviendrait une démocratie parlementaire. Des élections y seraient organisées sous l’égide de l’Onu qui assurerait la direction du pays pendant une période transitoire. D’autres Arabes souhaitent que le sommet se dresse comme un seul homme pour défendre l’intégrité de l’Irak, condamner une éventuelle attaque américaine en la considérant comme une agression dirigée contre tous les pays arabes. Bien entendu, ce camp estime qu’aucun membre de la Ligue ne doit accorder des facilités militaires ou logistiques aux Américains et aux Britanniques. Cette partie préfère que le sommet n’ait pas lieu s’il ne devait pas conduire à une position aussi nette. D’autres encore suggèrent de s’inspirer des résolutions des non-alignés et du sommet islamique. Ajoutant qu’on devrait voir d’abord ce qu’il va advenir du projet US de deuxième résolution à l’Onu, pour savoir s’il va ou non se heurter à un veto et connaître alors la réaction des Anglo-Saxons. Ce groupe pense de même qu’il est nécessaire d’attendre le rapport des inspecteurs, de savoir s’il va être positif ou négatif, récusant ou légitimant le recours aux armes contre l’Irak. Pour sa propre part, le régime de Bagdad veut gagner du temps. Il réclame dès lors le report du sommet, soutenu en cela par Beyrouth et Damas. D’autant que les criantes divisions arabes affectent sa propre position, et risquent d’affaiblir par ailleurs les défenses des pays européens ou asiatiques qui lui sont favorables. C’est donc une âpre bataille qui se livre sur le front diplomatique en lever de rideau d’une conférence prévue en principe pour le 1er mars. Les ultras, si on peut les appeler ainsi, demandent que le sommet confirme la teneur du communiqué issu de la réunion des ministres des Affaires étrangères les 15-16 février. Leurs vis-à-vis dits modérés protestent que ce ne sont pas des ministres, entendus à titre consultatif, qui peuvent dicter la ligne à suivre aux chefs d’État réunis en sommet. Selon une source gouvernementale locale, il semble possible que le sommet soit renvoyé. Pour se tenir après la frappe US. Et se consacrer alors non plus au règlement des divergences mais au traitement de la situation issue de la guerre, à la lumière du sort réservé au régime irakien. Il faudrait en effet s’inquiéter à un tel moment de la portée de l’annonce faite par Colin Powell au sujet du remodelage de la région. Pour voir dans quelle mesure le secrétaire d’État US est sérieux, ou déterminé, à ce propos. S’agirait-il de redessiner toute la carte géopolitique du Moyen-Orient ou, plus simplement, d’engager de nouvelles orientations, en base d’un partage différent des zones d’influence ? Y aurait-il une nouvelle guerre froide opposant cette fois les Anglo-Saxons à l’Europe ou, plus exactement, au tandem franco-allemand soutenu par la Russie comme par la Chine ? Il est clair en tout cas que les implications d’une éventuelle après-guerre seraient beaucoup plus intenses, beaucoup plus lourdes, que les tensions actuelles pour vives qu’elles paraissent. Il n’est pas exclu en effet que le monde se trouve confronté à une césure politique, économique et de renseignements. Un bras de fer multiforme qui risquerait de favoriser le terrorisme en tant que moyen de déstabiliser des pays. Et de susciter des embûches devant les USA qui, même si un régime stable devait s’établir en Irak, pourraient assister à des renversements, de l’anarchie, dans plus d’un État de cette partie sensible du monde. Des remous qui pourraient compromettre le système d’ordre calme prévu pour assurer les intérêts américains. Ainsi que pour profiter à l’État hébreu dans sa quête de sécurité permanente fondée sur une hégémonie acquise grâce au morcellement. Les dirigeants arabes ont donc raison d’être bien plus inquiets des conséquences à long terme d’une guerre que de la guerre elle-même. Émile KHOURY
Le vaste soulèvement planétaire d’opinion contre la guerre, les manifestations par millions en Europe, en Asie, en Amérique même ne semblent avoir aucun effet sur la détermination anglo-américaine d’attaquer l’Irak. Au niveau des gouvernements, l’Occident est divisé. Les Arabes le sont également. Certains d’entre eux demandent un manifeste commun, publié à l’issue...