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FESTIVAL AL-BUSTAN Moment musical à la villa Audi(photo)

Annexe et expansion du festival al-Bustan avec un moment musical, à l’ombre de Bach, à la villa Audi. Par un temps pluvieux et froid, un public restreint et sélect (avec tenue d’apparat, robes longues et bijoux étincelants pour les dames, costumes sombres et cravate papillon pour les hommes) a répondu à cette soirée « intimiste » et « différente » où la musique du Cantor épousait avec élégance et raffinement le cadre fastueux d’une demeure à l’allure princière. Sur une scène improvisée au milieu du hall central, sous une verrière-vitrail, entre deux salons entrouverts avec leur porte en miroirs et leurs murs rehaussés de mosaïque, avec des balustrades et des colonnes ornées de guirlandes de lierre artificiels, les sonates de Jean-Sébastien et de Karl-Philippe Emmanuel Bach avaient le lustre et l’éclat des concerts d’antan. Voyage dans le temps sur des modulations oscillant entre rigueur classique et humanisme chrétien de la Renaissance. Au menu, comme un don précieux et rare, six sonates (par Léonine à J.S. Bach avec les sonates n°3, BWV1016, 19, 17, 20 et une seule œuvre, la sonate wq73, pour son fils Carl Philippe Emmanuel), interprétées par deux maîtres et spécialistes du genre : Jacqueline Ross au violon (un Andrea Ameti de 1570) et David Ponsford au clavecin (marquant ainsi sa participation au festival al-Bustan pour la seconde fois). Le temps d’accorder le violon au clavecin et surtout de synchroniser les deux instruments (car le démarrage – entre un premier adagio et un allegro précipités – fut déroutant de confusion et de discordance surtout pour la partie violon) et voilà que se déroule, soyeux, satiné, d’une chatoyance épurée, le ruban aux colorations à la fois pastellisées et vives de la narration du Kappelmeister. Claveciniste chevronné (il possédait une collection de cinq spécimens) et excellent violoniste (il a travaillé le violon avec son père), Bach savait pertinemment utiliser toutes les ressources de ces deux instruments, et ces partitions (d’exécution difficile, dont il n’est pas toujours évident de sortir indemne ou triomphant, surtout en ce qui concerne la netteté du son du violon) attestent d’une grande beauté et d’une richesse sonore. Architecture fine d’une musique au lyrisme contenu avec des phrases lumineuses, d’une incroyable douceur et des élans aussi ardents qu’une prière. Sonates à la structure quadripartite dites « sonata da chiesa » (sonate d’église) où l’on retrouve toute l’inspiration éthérée, ample et généreuse, du séjour à Kôthen et qui révèlent avec autorité la connaissance absolue de Bach des techniques de ces deux instruments. Moment de dérivation avec Karl-Philippe Emmanuel Bach, cinquième des sept enfants de Maria Barbara, première femme du Cantor, où le fils supplée admirablement au père. Ce filleul de Télémann s’est frayé un parcours bien singulier et audacieux pour son époque, dans l’histoire de la musique, lui qui confessait, à contre-courant de son temps, porté au non-dit et à la pruderie : « Un musicien ne peut émouvoir que s’il est ému lui-même. » Aveu perceptible à travers cette œuvre vibrante toute en grâce et discrète sensibilité, notamment dans cet andante à la chute magnifique comme un soupir de plénitude. Applaudissement d’un public conquis par le charme « bacchien » qui opère comme sous l’effet d’une baguette magique, dans l’écrin doré d’une villa somptueuse. En rappel, un andante, toujours d’une sonate de Bach, où les dernières notes sont allées doucement s’éteindre entre niches vides et fioritures en plâtre aux plafonds éclairés par de grands lustres à pendeloques. Edgar DAVIDIAN
Annexe et expansion du festival al-Bustan avec un moment musical, à l’ombre de Bach, à la villa Audi. Par un temps pluvieux et froid, un public restreint et sélect (avec tenue d’apparat, robes longues et bijoux étincelants pour les dames, costumes sombres et cravate papillon pour les hommes) a répondu à cette soirée « intimiste » et « différente » où la musique du...