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On en parle - La leçon de courage de May el-Khalil(photo)

May el-Khalil revient de loin. Elle a ramené de ce voyage au bout de l’enfer une force extraordinaire, une folle envie de vivre, une leçon de courage et des projets d’avenir. À partager. Tout a commencé par un fait divers, quelques lignes presque banales retraçant avec indifférence un incident qui eut lieu un pluvieux dimanche de novembre 2001 à sept heures trente. Des joggeurs sur le bord de l’autoroute de Jounieh, un conducteur de mini-van qui perd le contrôle de son véhicule, et c’est l’accident. Une femme parmi les coureurs est renversée, coincée entre le véhicule et le bord de l’autoroute. Son état est critique, dit la presse. Mais ce que la presse ne dit pas, ce qu’elle ne dit jamais, sans doute aussi par pudeur, c’est l’angoisse, l’attente interminable, la réaction immédiate des amis concernés, alertés à la radio par l’urgence – fractures aux fémurs droit et gauche et la victime qui perd tout son sang – et surtout consternés par l’évidence, il s’agit de May, May el-Khalil. Une femme-courage May el-Khalil est une femme du monde. Femme de Fayçal, femme de caractère, qui a longtemps vécu au Nigeria, vingt-trois ans, pour accompagner son mari, homme d’affaire réussi, père de ses quatre enfants. Sportive, elle court tous les jours depuis plus de vingt ans, a enseigné l’aérobic, a pratiqué squash, tennis, équitation dans ce pays de long exil. Active, battante, elle se fixe des objectifs, causes diverses qui la stimulent, la réhabilitation de la femme libanaise dans la communauté nigériane ou encore, plus près de nous, l’ostéoporose. Elle a organisé une marche de cinq kilomètres au sein d’une campagne de prévention, Lebanon Walks For Stronger Bones, et qui a réuni quelque 15 000 participants. En ce mois fatal de novembre 2001, son objectif, c’est, une idée qui germe dans son esprit impatient, organiser un marathon international à Beyrouth, au même titre que New York, Boston, Tokyo ou Londres. Son actualité, participer au marathon international de Dubaï qui devait avoir lieu en février. « C’était un dimanche, nous confie-t-elle, le 17 novembre, il pleuvait beaucoup, un peu comme si tonnerres et fortes pluies essayaient de nous dissuader de partir. » Madame el-Khalil ouvre un cahier, « mes mémoires », en lit un passage, « sept mois d’un long voyage dans la douleur, comme si l’être subit un examen avec le temps et avec Dieu. » Elle s’arrête et l’on saisit l’occasion pour, subrepticement, regarder cette femme décidée qui nous avait prévenu : « Si j’ai accepté de parler de l’accident, c’est uniquement parce que l’occasion était bonne. » Vêtue d’un survêtement, le visage maquillé, soulignant ses grands yeux, sa beauté orientale et sa coquetterie qui l’amuse et dont elle se vante, presque: « À l’hôpital, dès que je suis sortie des soins intensifs, j’ai exigé un coiffeur ! » Le survêtement, sa tenue de ville, le matin, en est presque devenu un porte-drapeau ; elle ne peut démarrer sa journée sans son heure de footing, aujourd’hui une marche prudente, salutation au soleil ou hymne à la vie, mais qui lui recharge ses batteries. « Au début, j’avais l’air d’un robot électronique, branchée à des sérums et des machines ; j’ai puisé mon courage dans ma famille et mes amis qui venaient tous les jours. J’ai passé trois mois couchée sur mon dos. Certains jours, au début, j’avais le sentiment d’assister à mon propre enterrement, d’autres où je remerciais le ciel de n’avoir rien eu au visage, aux hanches ou aux genoux. » Si elle a bien voulu parler de ses six mois d’hospitalisation, de ses 22 opérations subies au Liban et aux États-Unis, et surtout de sa guérison presque totale due, aussi, à sa détermination, c’est surtout pour revenir au sujet qui l’intéresse le plus. « Lorsque j’ai pu parler, quatre jours après l’accident, j’ai pensé : si je vis, je voudrais que le projet du Beirut Marathon voie le jour. » La troisième semaine, et malgré de nombreuses infections et autres complications sérieuses qu’elle doit traiter, May signe des papiers et officialise la mise en marche du projet. Le Beirut International Marathon, projet et association, membre de l’Association of International Marathons and Road Races (AIMS) est ainsi né. « Le marathon aura lieu le dimanche 19 octobre 2003. Le point de départ et d’arrivée sera la place des Martyrs, une conférence de presse est prévue le 24 février à l’hôtel Mövenpick. Nous espérons avoir 10 000 participants dont au moins 4 000 à 5 000 coureurs internationaux ainsi que des handicapés qui pourront participer sur leurs chaises roulantes. » May el-Khalil, elle, ne pourra pas courir. Pas de regrets, cela ne lui ressemble pas. « C’est un peu tôt pour moi et puis je serai trop occupée à veiller à l’organisation. L’année prochaine, sûrement. » Son cahier de « mémoires » refermé, elle précise enfin en guise de conclusion: « J’en ai fait un livre. Il est prêt. Je dois juste trouver le temps de l’éditer. J’ai même écrit le happy ending ! » Carla HENOUD
May el-Khalil revient de loin. Elle a ramené de ce voyage au bout de l’enfer une force extraordinaire, une folle envie de vivre, une leçon de courage et des projets d’avenir. À partager. Tout a commencé par un fait divers, quelques lignes presque banales retraçant avec indifférence un incident qui eut lieu un pluvieux dimanche de novembre 2001 à sept heures trente. Des joggeurs sur...