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Tribune La nouvelle Rome et les nouveaux barbares !

Par Georges Khadige Jadis les Grecs appelaient barbares tous ceux qui n’étaient pas grecs y compris les Romains. Plus tard les Romains, devenus les maîtres du monde, appelèrent barbares tous ceux qui n’étaient pas romains, y compris sans doute les Grecs, qui ont été pourtant leurs civilisateurs. Plus près de nous, et dans un autre contexte, Montesquieu dans ses Lettres persanes se demandait comment peut-on être persan ? Hergé, dans la fameuxe série de bande dessinée, Tintin, ne manque pas de se moquer des Arabes sous couvert d’exotisme. Et voilà que les États-Unis d’Amérique, la nouvelle Rome, dont Tocqueville s’était permis de dire « qu’ils avaient passé de la barbarie à la décadence sans avoir jamais connu la civilisation », considèrent aujourd’hui comme de nouveaux barbares, des terroristes et tous autres qualificatifs tous ceux qui ne sont pas américains, y compris sans doute les Européens, qui, comme les Français, les Allemands et les Belges, ne leur sont pas totalement inféodés comme l’Angleterre de Tony Blair. Serait-ce là une constante de l’histoire ? faut-il toujours que le peuple dominateur méprise les peuples dominés ? Peut-on oublier cette couverture d’une revue libanaise, qui paraissait sous le mandat et qui montrait un Sénégalais pointant son fusil sur un Libanais avec comme légende : « Moi civiliser vous » ? Peut-on oublier la fameuse phrase de Georges Vayssié, propriétaire du premier quotidien de langue française paraissant au Liban également sous le mandat et qui écrivait dans son journal : « les chiens aboient, la caravane passe » ? Qui sont donc ces chiens ? Qui sont ces barbares ? Qui sont ces terroristes ? Avant de coller aux peuples et aux personnes des « étiquettes » à cause de leur race, de leur religion, de la couleur de leur peau, de la forme de leurs yeux ou de la densité de leurs cheveux et que dire alors de leurs idées et de leurs convictions, il serait bon de se demander où est la Vérité ? avec un grand V, et qui peut prétendre être le détenteur de la Vérité? Il est aisé de parler de terrorisme, de qualifier les gens de terroristes, comme jadis de barbares. Mais qu’est-ce que le terrorisme ? Et combien de formes de terrorisme existe-il dans nos sociétés ? détruire les deux tours de Manhattan est sûrement un acte terroriste abominable, inadmissible, révoltant. Mais l’embargo décrété contre un pays et tout un peuple, la mort d’enfants quotidiennement et par centaines et par milliers n’est-ce pas du terrorisme ? Un vieux dicton arabe, plein de philosophie, disait que « l’assassinat d’un homme dans une forêt est un crime impardonnable, mais l’extermination d’un peuple paisible est une question défendable. » Ne faut-il pas que le monde cesse de « peser » avec deux poids, deux mesures ? Que les puissants cessent de ne voir que d’un seul œil et un seul aspect des choses ? Que ce qui est défendu à l’un ne soit plus parfaitement permis à l’autre ? Les États-Unis, première puissance incontestable du monde, cette nouvelle Rome, cette nouvelle maîtresse de l’univers, ne devraient-ils pas se demander pourquoi ils ont de plus en plus de gens contre eux ? Pourquoi sont-ils de plus en plus haïs ? De l’Europe à l’Amérique, de l’Afrique à l’Asie, pourquoi de plus en plus de peuples descendent dans la rue pour manifester contre eux, pour brûler le drapeau américain et scander des slogans hostiles à l’Uncle Sam ? Pourtant, qui nierait les mérites des États-Unis d’Amérique tout au long de ce XXe siècle ? N’est-ce pas eux qui ont joué un rôle déterminant dans les deux Guerres mondiales et spécialement la seconde ? N’est-ce pas eux qui ont libéré l’Europe du nazisme et plus près de nous du communisme totalitaire ? N’est-ce pas eux qui ont marché les premiers sur la Lune ? Le peuple américain n’est-il pas un peuple bon, courageux, méritant et plein d’altruisme ? Pourquoi continuer donc à donner au monde une autre idée de cette Amérique que tous pourtant ne demandent qu’à aimer ? Pourquoi cet acharnement sur l’Irak alors que des pays, dont Israël lui-même, mais aussi l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et tant d’autres possèdent des armes de destruction massive et même la bombe atomique, tellement plus dangereuse que les armes qu’on accuse l’Irak de détenir ? Pourquoi ce parti pris révoltant en faveur d’Israël, qui se rend coupable chaque jour d’un véritable génocide contre les Palestiniens, pire que tous ceux dont l’histoire a conservé le souvenir et que les hommes ne cessent de stigmatiser ? Le pétrole et les richesses de l’Irak et par voie de conséquence des Arabes seraient-ils des motifs suffisants pour inventer les prétextes à une intervention militaire qui ne convainc personne et contre laquelle le monde dans son ensemble s’insurge ? Va-t-on obliger tous les hommes de bonne volonté à s’écrier comme Cicéron fustigeant Catilina dans ses fameuses Catilinaires : « O quo usque tandem catilina abutere patientiam nostram » ? Jusqu’à quand Catilina abuseras-tu de notre patience ? et de se demander jusqu’à quand les États-Unis continueront-ils à faire la sourde oreille aux cris des gens et à abuser de leur patience ? Rome est-elle jamais tombée dans ces excès ? Néron a brûlé Rome, mais n’a pas brûlé l’Italie ni le monde. Caligula a été fou, mais n’a pas conduit Rome à provoquer des catastrophes. Il est temps que la nouvelle Rome, sur qui tout le monde civilisé bâtit ses espoirs, se réveille, cesse d’étiqueter les gens au gré de ses intérêts et se comporte vraiment en leader incontesté d’un monde qui ne demande qu’à l’admirer, à la suivre et à clamer, pourquoi pas : « In God we trust and also in United States of America. » Mais pour cela, il faut croire en l’homme et en sa valeur infinie et cesser de vouloir jouer aux apprentis sorciers en pensant que la politique n’est pas l’art d’organiser la cité, mais celui d’intriguer en permanence pour rester les maîtres du monde. Le jour où les États-Unis réaliseront tout cela et l’admettront, ce jour-là nous leur dirons de tout cœur : chapeau bas !...
Par Georges Khadige Jadis les Grecs appelaient barbares tous ceux qui n’étaient pas grecs y compris les Romains. Plus tard les Romains, devenus les maîtres du monde, appelèrent barbares tous ceux qui n’étaient pas romains, y compris sans doute les Grecs, qui ont été pourtant leurs civilisateurs. Plus près de nous, et dans un autre contexte, Montesquieu dans ses Lettres...