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Liban-Vatican - Le Premier ministre s’est rendu hier après-midi à Paris L’entretien de Hariri avec Jean-Paul II dominé par la crainte d’une guerre en Irak (photos)

Qu’est-ce que le Premier ministre du Liban et le chef de l’Église catholique, qui se sont vus hier matin, ont pu se dire en vingt minutes ? D’abord, on le suppose, ce que Rafic Hariri a bien voulu en révéler : entre les deux hommes, le dénominateur commun, bien entendu, c’est le Liban. Pour M. Hariri une patrie irremplaçable ; pour le pape Jean-Paul II, un message d’espérance et de convivialité, à l’ère ou les intégrismes et les exclusivismes n’épargnent aucun pays. « Je considère que, comme Premier ministre du Liban, il est de mon devoir de visiter le Vatican, tous les un ou deux ans. Il n’y a là aucun inconvénient, bien au contraire, il n’y a là que des avantages », a déclaré hier M. Hariri à l’issue de la visite, au cours de laquelle il s’est également entretenu, un peu plus longuement qu’avec le pape, avec le secrétaire d’État du Vatican Angelo Sodano et le chargé des Relations extérieures, Jean-Louis Tauran. Ce que M. Hariri a cherché aussi, hier, c’est sans doute un instant de communication sincère avec ce vieillard au visage lumineux et à la volonté de fer, qui continue à exercer son autorité derrière un masque terrible de souffrances et de handicaps physiques qui figent son expression et sa démarche. « L’esprit est clair comme du cristal, a confié M. Hariri aux journalistes, c’est extraordinaire ! ». Et de souligner qu’il n’a eu aucun mal à communiquer avec le Saint-Père. C’est là un second point que le Premier ministre partage avec le chef de l’Église catholique. Tous deux sont, à leur manière, des hommes de communication conscients du pouvoir de mobilisation que les images possèdent, comme indépendamment de tout autre référence au réel. L’entretien avec le pape et les officiels du Vatican a été dominé par la question irakienne et la menace de guerre qui plane sur la région, comme aussi par le terrible drame que vivent les Lieux saints. Que peuvent faire les deux hommes pour infléchir le cours de l’histoire en ce moment précis ? Quelle sourdine peuvent-ils apporter aux tambours de la guerre dont les échos roulent tous les jours, à partir de Washington, pour remplir le monde ? Aucune, semble-t-il. La foi qui déplace les montagnes dont sait faire preuve Jean-Paul II, l’un des artisans de l’effondrement de l’URSS, paraît se heurter, quand il s’agit de la paix au Moyen-Orient, à une désespérante impuissance. Des questions libanaises internes ont-elles figuré à l’ordre du jour des entretiens ? « Seules des généralités ont été dites à ce sujet », a affirmé le Premier ministre, qui a quand même souligné que le Vatican est heureux, pour le Liban, des résultats de Paris II. En tout état de cause, il ne faut pas faire assumer à la visite de M. Hariri au Vatican plus d’importance que de raison, compte tenu de sa brièveté, assure-t-on dans l’entourage du Premier ministre. On peut estimer qu’au-delà du contenu de ses entretiens, qualifiés de « très cordiaux » par le Vatican, c’est le contact personnel de M. Hariri avec Jean-Paul II et le Vatican qui compte avant tout. En homme qui réfléchit en termes globaux, le Premier ministre sait qu’il a tout à gagner d’une image d’ouverture et d’amitié envers le Saint-Siège dans ses calculs politiques internes. Il sait en particulier l’audience qu’un appel vaticanais à la mesure peut avoir auprès de l’Église maronite. À l’heure où le patriarche s’apprête à se rendre pour un nouveau périple aux États-Unis, où cette fois il serait reçu par le président Bush et des membres influents du Congrès, ces appels à la retenue pourraient s’avérer bien utiles pour lui. Mais au-delà de tous ces calculs, M. Hariri ne devrait pas ignorer, non plus, qu’une certaine heure de vérité a sonné pour le Liban. Son audience récente à Bkerké, où son charisme n’a pas opéré aussi sûrement que par le passé, doit lui avoir fait comprendre que le Liban a atteint un point de saturation politique au-delà duquel les choses ne peuvent plus continuer à être gérées comme elles le sont, où l’intérêt privé ne peut plus être mélangé imprudemment avec l’intérêt public, ni les grandes interrogations supprimées par le prétexte de la discorde. Désespérant d’avoir leur propre et véritable État, désespérés de se voir gouvernés à coups d’état d’âme et d’être soumis aux caprices des intérêts, les Libanais rêvent désormais d’autre chose que d’apparat et d’apparence. Accompagné de son épouse, Nazek, le Premier ministre a quitté Rome l’après-midi à destination de Paris où il doit poursuivre sa lithotritie. Rome - De notre envoyé spécial Fady NOUN
Qu’est-ce que le Premier ministre du Liban et le chef de l’Église catholique, qui se sont vus hier matin, ont pu se dire en vingt minutes ? D’abord, on le suppose, ce que Rafic Hariri a bien voulu en révéler : entre les deux hommes, le dénominateur commun, bien entendu, c’est le Liban. Pour M. Hariri une patrie irremplaçable ; pour le pape Jean-Paul II, un message...