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BUDGET - Omar Karamé souhaite un projet plus équitable Des contre-propositions pour une réforme véritable

Alors que la Chambre des députés entamait les discussions sur la loi de finance pour 2003, Data Investment Consult a organisé hier une conférence pour faire émerger des contre-propositions en vue de mettre au point un budget qui réponde à des préoccupations sociales et encourage le développement. L’ancien Premier ministre, Omar Karamé, a ouvert les débats en rappelant une évidence : « Le budget incarne la politique économique et sociale du gouvernement pour une année fiscale. » À ce titre, il est impératif de savoir à qui profitent les dépenses engagées par l’État et sur qui pèse la fiscalité, a-t-il dit, posant notamment la question de savoir qui bénéficie des dépenses liées au service de la dette qui représente plus de 50 % du budget. Pour M. Karamé, le budget présenté aux députés ménage les couches de la population les plus aisées tout en assommant les couches les plus pauvres, alors que le gouvernement est censé faire le contraire. L’ancien Premier ministre rappelle aussi que le fardeau de la dette dont tout le monde parle aujourd’hui n’est pas une génération spontanée, mais le résultat d’une décennie de politiques erronées. Tandis que les solutions proposées resteront ponctuelles tant qu’elles ne réussiront pas à relancer la croissance en développant les secteurs productifs garantissant un impact non seulement économique, mais social. L’ancien ministre des Finances, Georges Corm, a abondé dans le même sens déplorant que la discussion du budget, qui est censée être un moment très important de la vie d’un pays démocratique, manque de substance au Liban. Avant la guerre, il est vrai que les excédents dégagés régulièrement par le budget, qui ont permis de constituer le stock d’or actuellement détenu par la Banque centrale, ne prêtaient pas le flanc à la contestation et les lois de finance passaient comme une lettre à la poste. Depuis la fin de la guerre, et surtout depuis qu’a éclaté le problème de la dette en 1995, la discussion du budget donne lieu tous les ans à des débats virulents, mais « sans que soient remis en question les hypothèses essentielles de la politique de reconstruction », explique M. Corm. « Les députés sont souvent opposés aux impôts qui touchent les riches, car ils appartiennent souvent à cette catégorie sociale, et à ceux qui touchent les pauvres car il s’agit de leur base électorale », mais au-delà de ces principes, rares sont ceux qui se positionnent sur des enjeux économiques et sociaux fondamentaux. Pourtant, comme le souligne l’ancien ministre, l’instrument fiscal permet de pontionner l’économie en garantissant une certaine équité, tandis que la ponction réalisée par l’intermédaire des taux d’intérêt est aveugle et ne tient pas compte des différences de revenus. « Pire, personne ne demande vraiment des comptes au gouvernement. Aucun gouvernement n’a été renversé par la Chambre. » martèle l’ancien ministre. « Sélim Hoss a été confronté à une opposition radicale, mais il est resté au pouvoir. À l’inverse, Rafic Hariri a mis en œuvre l’inverse de ce qu’il a annoncé dans sa déclaration ministérielle, sans que personne s’en offusque », ajoute-t-il. Et M. Corm de dénoncer l’adoption de lois cruciales, hors du cadre du budget, comme la loi sur la création d’un compte de gestion de la dette à la Banque centrale, « alors qu’il s’agit de l’une des lois les plus dangereuses de ces dernières années ». La réforme doit commencer par une révision de la composition du budget, afin de ventiler les dépenses et les recettes, selon une répartition régionale ou sectorielle, pour permettre une lecture analytique de chaque poste. L’économiste Charbel Nahas a de son côté souligné le traitement surréaliste des chiffres au Liban qui empêche toute critique logique du budget ou de la politique économique et oblige « soit à croire aux miracles, soit à faire de la politique ». En guise d’exemple de miracle, il cite la « flèche divine qui a soudainement rempli le cœur du Premier ministre malaisien d’un amour immodéré pour le Liban » ou encore le jour où le ministre des Finances Fouad Siniora a donné une interview au Safir, la veille de son départ pour un week-end en Sardaigne, dans lequel il annonçait un déficit budgétaire pour 2003 de 35 % des dépenses. « Mais de retour du week-end, le déficit était tombé à près de 25 %. » L’économiste dénonce la désinvolture des autorités qui lancent des messages contradictoires, comme un orchestre sans chef, et refusent de répondre clairement à la question de savoir si véritablement le Liban est confronté à un grave problème. Partant, « nous risquons de laisser passer encore une fois l’occasion de la réforme, comme nous l’avons fait en 1999 ». Sibylle RIZK
Alors que la Chambre des députés entamait les discussions sur la loi de finance pour 2003, Data Investment Consult a organisé hier une conférence pour faire émerger des contre-propositions en vue de mettre au point un budget qui réponde à des préoccupations sociales et encourage le développement. L’ancien Premier ministre, Omar Karamé, a ouvert les débats en rappelant une évidence :...