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Cellulaire - Les échanges d’accusations enveniment le climat politique La guerre des chiffres entretient les velléités de dévaloriser le marché

La guerre des chiffres se poursuit sur le « front » de la téléphonie mobile. Les médias du Premier ministre, Rafic Hariri, ont poursuivi au cours des dernières quarante-huit heures leur offensive contre le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, revenant à la charge au sujet de la rentabilité du marché du cellulaire depuis que l’État a pris le contrôle du secteur. Et le ministre Cardahi persiste et signe, affirmant que ceux qui manipulent les chiffres au sein des médias du Premier ministre font le jeu des sociétés privées en charge du réseau GSM. Cette valse des chiffres et les détails financiers particulièrement complexes de l’opération d’exploitation et de gestion du cellulaire auraient pu sans doute laisser l’opinion publique quelque peu indifférente si ce n’était pas l’argent du contribuable qui était en jeu. Mais dans la mesure où le citoyen est concerné dans sa vie quotidienne par ce dossier, il est en droit de réclamer des comptes aux responsables et de savoir ce qui se trame en coulisses. Le quotidien haririen al-Moustakbal a réfuté samedi dernier les informations rendues publiques la veille par le ministre Cardahi concernant les revenus enregistrés par l’État depuis le transfert de la propriété du réseau GSM au gouvernement, le 31 août 2002 (voir L’Orient-Le Jour du 18 janvier 2003). Exposant dans les moindres détails les recettes mensuelles du cellulaire et les divers frais et engagements que doit assumer l’État depuis le 31 août, le quotidien du Premier ministre en vient à relever que les pertes subies au cours des quatre derniers mois (jusqu’à fin décembre 2002) s’élèvent à... 2 millions de dollars par mois, et non plus à 100 000 dollars, comme il l’avait lui-même affirmé vendredi dernier ! Ce à quoi le ministre répond en soulignant que le quotidien al-Moustakbal rapporte des chiffres manipulés par certaines parties qui se sont placées au service des sociétés privées. Et M. Cardahi d’indiquer que dans ses estimations sur les revenus de l’État, al-Moustakbal considère que la part du gouvernement, si le contrat BOT avait été maintenu, aurait été de 40 pour cent. Or cette proportion, précise le ministre, ne devait être effective qu’à partir du 1er janvier 2003, et non pas en septembre dernier, comme l’affirme le quotidien haririen. Comme pour attiser cette querelle de chiffres, le ministre des Finances, Fouad Siniora, s’est mis lui aussi de la partie, samedi dernier, apportant de l’eau au moulin d’al-Moustakbal en soulignant – sans songer aux conséquences de ses propos – que le secteur de la téléphonie mobile s’est avéré être beaucoup moins rentable qu’on ne le croyait ! De quoi dévaloriser ce secteur encore plus que ne l’a fait ces derniers jours le journal du Premier ministre. Le gouvernement s’apprête à privatiser la téléphonie mobile et le ministre des Finances déclare publiquement que ce secteur ne rapporte pas de bénéfices substantiels... Cette petite phrase – qu’il s’agisse d’une maladresse ou d’une déclaration bien dosée – ne fait qu’étayer la thèse selon laquelle on chercherait en haut lieu à « décourager » ou à faire fuir les sociétés étrangères « intruses », celles qui n’ont pas conclu des accords avec des « initiés » et des personnalités officielles pour se partager, au plus bas prix possible, le marché local de la téléphonie mobile. Comment expliquer, autrement, que des milieux proches de certains cercles du pouvoir s’emploient à dévaloriser de la sorte un secteur en voie de privatisation ? Comment expliquer, en outre, que ces mêmes milieux entreprennent de mener une campagne soutenue contre le ministre des Télécommunications au moment où celui-ci mène de difficiles négociations avec les deux opérateurs actuels afin de prolonger le contrat de gestion du réseau GSM jusqu’à la fin du mois de juin ? Cette campagne n’est-elle pas susceptible d’affaiblir la position du ministre, et donc de l’État, durant ces négociations ? Il reste que ce cafouillage caricatural au niveau du dossier de la téléphonie mobile est loin de constituer un « message positif » à l’adresse des sociétés internationales qui pourraient être intéressées à investir au Liban dans le cadre de l’entreprise de privatisation que le cabinet Hariri cherche à mettre sur les rails. Il n’est peut-être pas encore trop tard pour rectifier le tir. À condition que les responsables concernés fassent preuve de transparence et cessent de se tirer entre les jambes. Et à condition, surtout, que certains hauts placés s’abstiennent d’utiliser le dossier du cellulaire pour régler des comptes politiciens, donnant, par le fait même, la nette impression qu’ils défendent les intérêts de sociétés privées au détriment de ceux de leur propre État. Michel TOUMA
La guerre des chiffres se poursuit sur le « front » de la téléphonie mobile. Les médias du Premier ministre, Rafic Hariri, ont poursuivi au cours des dernières quarante-huit heures leur offensive contre le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi, revenant à la charge au sujet de la rentabilité du marché du cellulaire depuis que l’État a pris le contrôle du...