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Débat - Le maintien du calme au Liban-Sud, une « contribution positive » à la reprise des négociations Ross et Murphy plaident pour un « véritable dialogue » entre les USA et le monde arabe (photo)

C’est dans le but de redorer le blason des États-Unis auprès du monde arabe dont le Liban, que MM. Christopher Ross, coordonnateur spécial pour les relations publiques au sein du département d’État américain et Richard Murphy, ancien sous-secrétaire d’État pour les affaires du Proche-Orient, ont donné, hier, une mini-conférence de presse, suivie d’un débat, au Club de la presse. « L’image des États-Unis dans le monde arabe », thème central du débat, a été, pour les deux personnalités, l’occasion d’expliquer la politique américaine qui se veut être un combat contre le terrorisme et non contre le monde musulman. Ross et Murphy, qui participent par ailleurs aux réunions informelles avec la Syrie, ont aussi insisté sur le désir des États-Unis de renouer un dialogue authentique avec le monde arabe, dont ils reconnaissent le droit à la résistance, tout en encourageant le processus de paix arabo-israélien. « Le 11 septembre a été un réel choc pour les États-Unis », lance Christopher Ross, ajoutant que cet événement a permis à la grande puissance de prendre conscience de la dégradation de son image auprès des pays du Moyen-Orient. « D’un côté, précise-t-il, notre système éducatif, notre technologie et notre sytème gouvernemental suscitent toujours respect et admiration. Mais d’un autre côté, nous constatons une profonde insatisfaction envers la politique américaine au Moyen-Orient, et plus particulièrement vis-à-vis des conflits arabo-israélien et en Irak ». Et M. Ross d’ajouter que les États-Unis doivent déployer d’importants efforts afin d’expliquer clairement aux pays de la région leur politique actuelle. « Au Moyen-Orient, dit-il avec un brin d’humour, chacun interprète à sa façon la politique américaine. C’est pourquoi nous tenons à mettre l’accent sur le fait que notre combat contre le phénomène du terrorisme n’est aucunement dirigé contre le monde arabo-musulman. Monde avec lequel nous partageons de nombreuses valeurs. » De même, l’éducation, la démocratie, l’économie et la société civile sont autant de moyens de rapprochement entre les États-Unis et les pays du Moyen-Orient. « C’est ainsi, conclut-il, que nous cherchons à renouer le dialogue avec le monde arabe et à rebâtir une relation de confiance avec l’opinion publique de ces régions si importantes. » Le processus de paix, une responsabilité partagée À son tour, Richard Murphy a insisté sur le dialogue authentique que les États-Unis cherchent à développer avec le monde arabe. « Nous vous expliquerons pourquoi l’Amérique ne doit pas être considérée comme un tyran, pourquoi les États-Unis ne convoitent nullement le pétrole irakien et ne cherchent pas à dominer le Moyen-Orient ou le reste du monde, à travers leur conflit avec l’Irak », dit-il, ajoutant que l’hégémonie et le colonialisme sont des termes appartenant au passé et qu’ils ne sont nullement applicables à la situation actuelle. « Nous tenterons de dire, par la même occasion, la raison de notre tolérence envers Israël, alors que nous adoptons une position sévère envers Saddam Hussein », poursuit-il. Et de préciser que la feuille de route tracée par le quartette formé par les États-Unis, la Russie, l’Union européenne et les Nations unies ne comprend aucun document allant dans le sens des ambitions du gouvernement israélien. « Certes, insiste-t-il, nous devons persévérer dans cette approche qui nécessite beaucoup d’énergie de la part des quatre partenaires. » Un partenariat que les États-Unis ont longtemps refusé de parrainer, car ils considéraient que le processus de paix devait être uniquement américain. « Aujourd’hui, conclut-il, le processus de paix nécessite les efforts concertés de tous, tant des quatre partenaires dont nous faisons partie, que des Israéliens et du monde arabe. » Ces points exposés par les deux diplomates, ont ainsi ouvert la porte au débat. Un débat où le Liban a été évoqué, notamment sous forme de questions posées par L’Orient-Le Jour à M. Ross sur la place octroyée à Beyrouth dans le dialogue informel entre des personnalités américaines et syriennes, sur le dossier de la résistance, ainsi que sur les relations entre Beyrouth et Damas. Si le dossier du Liban n’a pas été directement discuté dans ce dialogue officieux, selon les dires de M. Ross, tous les moyens d’atteindre la paix ont été abordés, ainsi que les questions bilatérales entre les États-Unis et la Syrie. « Nous notons avec satisfaction, précise-t-il, que le sud du pays s’est relativement calmé depuis quelque temps. C’est une contribution positive qui pourrait aider à paver la voie à une éventuelle reprise des négociations, à l’avenir. Quant au dossier du Liban, il est directement traité, de manière officielle, avec les responsables libanais. » Entre les USA et Israël, des relations historiques Les nombreuses interventions et interrogations ont principalement concerné le conflit avec l’Irak, ainsi que les relations privilégiées qu’entretient Washington avec l’État hébreu. En fait, en guise d’interventions, de véritables réquisitoires ont été prononcés, tant à l’encontre de la politique des États-Unis que de celle d’Israël, par les députés présents, notamment, Nazem Khoury, Antoine Haddad et Marwan Farès. Interventions auxquelles ont répondu les deux personnalités avec beaucoup d’humour et autant de diplomatie. Tour à tour, les États-Unis ont été accusés de manque de respect pour le Conseil de sécurité, de manque de neutralité dans le conflit israélo-arabe, de ne pas faire de distinction entre terrorisme et résistance, d’avoir fomenté, dans leur propre intérêt, guerres et rébellions au Moyen-Orient, d’avoir encouragé la mise en place de mouvements extrémistes comme celui de Ben Laden, de dépenser nettement plus d’argent pour faire la guerre que pour promouvoir la démocratie, de préparer la guerre tout en parlant de paix... Les réponses étaient simples et précises. MM. Ross et Murphy ont ainsi qualifié de positive (vis-à-vis du monde arabe) la décision du président Bush de soumettre le conflit avec l’Irak au Conseil de sécurité. Confirmant la sympathie du gouvernement américain envers Israël, ils ont précisé que celle-ci ne peut être remise en question, vu les relations historiques entre les deux pays. Mais M. Murphy a tenu à ajouter qu’Israël ne sera jamais en sécurité tant qu’il n’y aura pas de paix dans la région et que seuls des compromis auxquels contribuerait Israël pourront mettre fin à la violence et au terrorisme qui paralysent actuellement les efforts de paix. Quant à la distinction entre terrorisme et résistance, les États-Unis la reconnaissent, bel et bien, a remarqué Ross, ajoutant qu’un peuple ne pouvait être privé de son droit à la résistance. Répondant enfin à l’accusation de pratiquer une politique de guerre au lieu de prôner la paix, les deux diplomates ont tenté d’expliquer la stratégie américaine consistant à mobiliser des troupes, afin d’exercer une forte pression sur Saddam Hussein. La décision militaire, elle, n’a toujours pas été prise et ne serait pas imminente... Anne-Marie EL-HAGE
C’est dans le but de redorer le blason des États-Unis auprès du monde arabe dont le Liban, que MM. Christopher Ross, coordonnateur spécial pour les relations publiques au sein du département d’État américain et Richard Murphy, ancien sous-secrétaire d’État pour les affaires du Proche-Orient, ont donné, hier, une mini-conférence de presse, suivie d’un débat, au Club...