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Les responsables évoquent l’existence d’un complot de déstabilisation La sécurité, priorité des priorités pour 2003

Après le massacre de l’Unesco, après l’attentat du Palais de justice, 2002 s’est terminée dans un bain de sang à la caserne du Bon Pasteur. À cause des noms (Hussein Khalaf, le tireur, et Antoine Kourd, sa victime), cette nouvelle tuerie présente une connotation confessionnelle, et c’est ce qui fait peur : un conscrit qui en tue un autre et atteint plusieurs de ses camarades, avant d’être abattu par la police après une chasse à l’homme dans la région de Kfarchima. Bien entendu, avec le concours immédiat de Damas, les autorités se sont aussitôt efforcées d’amortir l’impact médiatique du drame. De le sortir de tout contexte sociopolitique pour le réduire à sa dimension de fait divers à caractère personnel. Ce calfeutrage, il faut le souligner, est du devoir absolu de l’État. Il est en effet nécessaire, avec l’accumulation de tant de malheurs, de prévenir une psychose qui attiserait des méfiances confessionnelles et risquerait de provoquer une implosion. Après les juges de Saïda, après le Palais de justice de Beyrouth, après l’Unesco, bâtiment officiel, après le malheureux Irani, après les militaires assassinés en bordure de Aïn el-Héloué, une caserne des régions Est. Il est clair que les dossiers de la justice et de la sécurité, ces deux fondements de la nation comme de l’État, sont sur la sellette. D’ailleurs, en recevant dernièrement les vœux traditionnels des cadres des services, le chef de l’État les a avertis que, selon des informations sûres, leur secteur est la cible d’une machination. Il leur a demandé d’être extrêmement vigilants face aux visées de ceux qui tentent de porter atteinte à la sécurité comme à la justice. En les invitant à frapper les comploteurs d’une main de fer et à ne manifester aucun laxisme dans le domaine de la prévention comme de la répression. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, a fait le lien entre la tragédie du Bon Pasteur et la tentative d’assassinat perpétrée par Khalil Sinno contre le juge Fady Nachar il y a quelques jours. Le ministre estime en effet que cette succession d’événements démontre l’existence d’une conspiration visant, selon lui, l’autorité de l’État. Dans la mesure où cette autorité, relève le ministre, n’est rien sans la justice et la sécurité. Il a affirmé que l’année 2003 sera celle de la sécurité. Et le pouvoir élabore un plan à cet effet, indiquent ses proches. Le ministre de la Défense, Khalil Hraoui, s’est pour sa part mobilisé à fond, ainsi que l’état-major, pour parer aux retombées du drame du Bon Pasteur. Il a pris contact à ce propos avec le président de la République, qui lui a donné de fermes instructions, ainsi qu’avec le président du Conseil. M. Hraoui a également appelé le patriarche Sfeir, pour l’informer des détails de l’enquête et lui assurer que l’État est résolu à contrer quiconque tente de s’en prendre à la stabilité sécuritaire ou à l’harmonie confessionnelle de ce pays composite. Pour ce qui est des informations évoquées par les responsables au sujet d’un complot, des sources fiables précisent que ces données se réfèrent à des fractions extrémistes dont certaines pourraient être en cheville avec des États étrangers. Ou encore avoir des liens avec des cellules terroristes ayant elles-mêmes des rapports avec le réseau el-Qaëda d’Oussama Ben Laden. Ces sources précisent que les multiples services qui enquêtent actuellement s’efforcent de soutirer des informations sur les éventuelles connexions terroristes ou étrangères à Khalil Sinno comme à bien d’autres prévenus soupçonnés de radicalisme fondamentaliste actif. Il s’agit de vérifier l’existence d’un plan de déstabilisation touchant nombre de pays arabes, dont le Liban. Un plan qui serait l’œuvre du mouvement islamiste extérieur. Cependant les explications, les indications ou les engagements de fermeté émanant des responsables n’empêchent pas l’opinion de se demander comment tant de crimes ont pu être commis. Comment, pourquoi, rien n’a été fait pour les prévenir. Certaines parties politiques opposantes s’en indignent d’autant plus qu’à les en croire, elles ont renoncé à nombre de leurs revendications, ou de leurs projets, justement parce que la sécurité et la stabilité sont au-dessus de tout. C’est-à-dire, en clair, ces parties ont accepté de se désister de leur droit à la défense des libertés (et de la MTV notamment) par la manifestation, pour ne pas être accusées de tenter de troubler l’ordre public à travers le recours à la rue. Ces parties notent que l’État se montre trop sévère avec des jeunes étudiants et trop permissif avec d’autres, qui vont jusqu’au crime parce qu’ils se sentent sans doute protégés, comme on dit. Ainsi, concluent ces opposants, la loi est appliquée dans des régions déterminées, parfois abusivement d’ailleurs, et très peu dans d’autres régions. L’on attend de la sorte toujours le verdict contre le groupe de Denniyé ou l’exécution des mandats contre le chef islamiste cheikh Sobhi Toufayli. Les assassins des juges de Saïda courent toujours, les potences ne sont pas dressées, les permis de port d’armes ne sont pas abolis. Et cela au moment où les jugements maintiennent la fermeture de la MTV, alors qu’ils portent sur la forme et non sur le fond ! Philippe ABI-AKL
Après le massacre de l’Unesco, après l’attentat du Palais de justice, 2002 s’est terminée dans un bain de sang à la caserne du Bon Pasteur. À cause des noms (Hussein Khalaf, le tireur, et Antoine Kourd, sa victime), cette nouvelle tuerie présente une connotation confessionnelle, et c’est ce qui fait peur : un conscrit qui en tue un autre et atteint plusieurs de ses...