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Actualités - REPORTAGES

Développement - Beyrouth accueille ce matin le plus grand forum d'Organisation non gouvernementales Intervention des ONG pour une action rapide au Liban-Sud

Sur le plan officiel, la déception provoquée par le faux bond des pays donateurs a presque éclipsé la réunion des Organisations non gouvernementales (ONG), prévue pourtant depuis plusieurs mois, et dont l’objectif est de répondre dans les délais les plus rapides aux besoins les plus pressants des habitants du Liban-Sud. Aujourd’hui et demain, près de 200 ONG internationales et nationales se retrouveront, à l’initiative de l’Italie, à l’hôtel Bristol pour un «brainstorming» au terme duquel des projets à même de stimuler l’économie au niveau régional local seront adoptés et exécutés dans un délai ne dépassant pas les six ou huit mois. Contrairement à une idée qui circule depuis quelque temps, le forum des ONG, le plus grand que le Liban ait sans doute accueilli depuis des années, ne constitue pas un prix de consolation accordé au Liban, après le report de la conférence des pays donateurs sur laquelle Beyrouth comptait pour obtenir les fonds nécessaires à l’exécution de projets de développement du sud du pays. L’idée de réunir les ONG pour déterminer des projets de développement au Liban-Sud est née à Rome, en novembre dernier, après que le Premier ministre israélien, M. Ehud Barak, eut annoncé son intention de retirer ses troupes de cette région, explique M. Paolo Dionisi, conseiller économique et commercial de l’ambassade italienne. Principal bailleur de fonds dans la partie méridionale du pays, l’Italie, il faut le préciser, est le premier pays à avoir mis en route, il y a un an et demi, un projet de développement dans la bande frontière à l’époque où ce secteur était encore occupé par les Israéliens,. Le projet a été ensuite présenté à l’Onu durant une réunion qui s’était tenue à la Maison des Nations unies, place Riad el-Solh, et il a été accueilli avec enthousiasme et vite approuvé. Le nombre d’ONG présentes au Bristol ainsi que la nature de la représentation occidentale témoignent de l’importance que la communauté internationale accorde à cette initiative, qui «ne peut nullement être considérée comme étant un substitut à la conférence des pays donateurs», insiste M. Dionisi. Seront notamment présents à la séance d’ouverture, MM. Rino Serri, vice-ministre italien des Affaires étrangères, Yves de San, représentant permanent du Pnud au Liban, Miguel Angel Moratinos, émissaire spécial de l’Union européenne pour le processus de paix au Moyen-Orient, Walter Mazzitti, responsable du groupe de travail sur les questions de l’eau dans le cadre du processus de paix au sein de l’UE, Philippe Lecourtier, ambassadeur de France, dont le pays assume comme on le sait la présidence tournante de l’UE, ainsi que les chefs des missions diplomatiques de 26 pays donateurs. L’importance de la représentation occidentale s’explique aussi par le fait que «la stabilité et le développement du Liban-Sud ont une importance fondamentale sur la stabilité de la région entière», fait remarquer le diplomate italien. Les besoins du Liban-Sud en matière de développement sont tellement immenses, surtout que cette région a été de tout temps vouée à l’abandon, qu’il fallait agir au plus tôt. À l’époque où le projet de forum des ONG a vu le jour, la conférence des pays donateurs n’était même pas au stade de projet. Aujourd’hui, les deux initiatives se complètent. «Dans chaque système de coopération internationale, il y a deux canaux d’intervention : direct, à travers l’État, et indirect, à travers les projets mis en place par les organismes non gouvernementaux, mais financés par l’État», ajoute M. Dionisi. Les projets proposés par les organismes non gouvernementaux ont l’avantage d’échapper à la routine administrative et bureaucratique qui constitue le plus souvent un obstacle à leur réalisation. L’intérêt de la réunion des ONG réside dans le fait que ses résultats ne vont tarder à se concrétiser sur le terrain et que la population du Liban-Sud pourra en bénéficier rapidement. M. Dionisi est catégorique sur ce plan. Le Liban peut être sûr d’obtenir, grâce à l’intervention de ces organismes, une aide substantielle pour le développement du sud du pays suivant un système qui associe la participation de la population au processus enclenché par les ONG et qui favorise ainsi le développement durable. Il s’agit là, comme on le sait, du principe fondamental de l’action du Pnud qui a collaboré avec le gouvernement italien à l’organisation du forum du Bristol. Il ne faut donc pas compter sur les ONG pour financer des projets à même de stimuler à long terme un progrès économique ou social. Aussi important soit-il, le développement du réseau routier, à titre d’exemple, sera relégué au deuxième plan et laissé peut-être aux soins des pays donateurs, dans la mesure où il n’a pas un impact immédiat sur la population de la région. Les projets agricoles et artisanaux seront davantage privilégiés du moment qu’ils peuvent rapidement se traduire par une amélioration du niveau de vie des individus qui en bénéficient. M. Dionisi donne un exemple à ce sujet : «Les agriculteurs de la Békaa ont été formés à une nouvelle et meilleure technique de l’emballage et de la présentation de leurs produits agricoles, qui les a sensiblement aidés à améliorer leurs ventes et à augmenter leurs revenus». Un point de départ : le plan de développement du gouvernement Il s’agit, avant tout, d’évaluer les besoins de chaque région et village. Le plan établi par le gouvernement pour le développement du Liban-Sud ainsi que le programme d’action urgente établi par les autorités consécutivement au retrait israélien seront considérés comme le point de départ de l’action des ONG. Le programme d’action sera présenté durant la réunion et servira de base pour les échanges qui auront lieu au sein des ateliers de travail, prévus cet après-midi et demain matin. Il y a lieu de signaler dans ce cadre que le texte en question a été remanié par les ministères de l’Économie et des Finances qui ont modifié l’échelle des priorités fixée au départ par le gouvernement, juste après le départ des Israéliens, selon certaines informations obtenues. Il faut toutefois comprendre que le plan initial a pu être établi à la hâte, d’abord pour assurer la population des zones évacuées de l’engagement de l’État à leur venir en aide et ensuite pour avoir une matière première à présenter à la réunion préliminaire des pays donateurs, qui s’était tenue en juillet dernier, selon les mêmes informations. C’est donc la deuxième version du plan qui sera présenté par le CDR à la réunion du Bristol où l’expérience des ONG dans le domaine du développement dans des pays, qui présentent peut-être des similitudes avec le Liban, sera également exposée dans le but de favoriser un choix optimal de projets et de mécanismes d’exécution. Une fois les projets décidés, il sera possible d’en déterminer le coût et la procédure de mise en application ne doit pas prendre du temps, explique le diplomate italien qui parle en termes de mois. Les gouvernements auxquels chaque ONG appartient financent 60 % du coût de chaque projet. Le reste sera réparti entre les organismes occidentaux (qui assument 30 % des frais) et les Libanais (dont la contribution reste minime puisqu’elle peut être limitée à la fourniture de la main-d’œuvre). L’Italie, qui finance déjà une série de projets de développement au Liban, s’est d’ores et déjà dite prête à prendre à sa charge les frais d’exécution de nombreux programmes du moment qu’elle avait prévu un plan de développement de la bande frontalière après le départ des Israéliens, note M. Dionisi. Une part importante de ce plan est maintenant assumée à travers les ONG. Le Liban peut donc s’attendre à une importante et, surtout, sérieuse contribution occidentale à sa partie sud. Après tout, la raison d’être des ONG n’est-elle pas la réalisation de projets de développement, pour reprendre les termes du diplomate italien ?
Sur le plan officiel, la déception provoquée par le faux bond des pays donateurs a presque éclipsé la réunion des Organisations non gouvernementales (ONG), prévue pourtant depuis plusieurs mois, et dont l’objectif est de répondre dans les délais les plus rapides aux besoins les plus pressants des habitants du Liban-Sud. Aujourd’hui et demain, près de 200 ONG...