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Actualités - ANALYSE

Pas de solutions politiques avant le déblocage du processus régional

L’agitation actuelle sur la scène libanaise laisse plutôt sceptique un officiel que ses fonctions amènent à traiter les dossiers politiques. À son avis avisé «tout ce remue-ménage, du reste assez sympathique, ne mène à rien. Car, tout bien considéré, aucune solution locale ne peut échapper à la chape des impératifs régionaux. Et du moment que le processus régional reste bloqué, du moins sur le front syro-israélien, nous sommes condamnés au statu quo». Faut-il pour autant baisser les bras ? «Pas du tout, au contraire», répond ce responsable qui souligne cependant que «les Libanais, tous tant qu’ils sont doivent comprendre qu’ils ont du temps devant eux. La précipitation, source de confusion et de malentendus, est préjudiciable. Il leur faut réfléchir, se concerter à tête reposée. Pour mieux cerner ensemble les vrais problèmes nationaux et préparer, toujours ensemble, le terrain pour le jour où le processus redémarrera. Ce n’est en effet un secret pour personne, et Paris a tiré la sonnette d’alarme depuis l’ère Juppé, que le règlement régional risque de se faire aux dépens de notre malheureux pays. Notre intérêt commande, de toute évidence, que nous nous unissions. D’autant que les divisions risquent de devenir incontrôlables, de provoquer de redoutables conséquences politiques ou sécuritaires. Sans compter qu’elles représentent le premier combustible attisant l’incendie de cette récession qui est en train de nous mener à la ruine». Sans vouloir se prononcer lui-même sur les débats en cours, ce dirigeant relève mezza voce que «tous les Libanais n’ont pas besoin de se mettre en première ligne. Mais il est certain qu’un consensus entre les forces politiques et les pôles d’influence du pays donnerait à la fois plus de mesure et plus de puissance d’impact aux revendications défendues par les uns et défendues pour les autres». Ce qui peut se traduire ainsi : du moment que personne n’est pour le maintien de la présence militaire syrienne ad vitam æternam, et du moment que nul non plus n’exige son éviction immédiate, il y a moyen de s’accorder. Quoi qu’il en soit, un ministre influent soutient pour sa part que «les concertations politiques en coulisses sont essentiellement axées sur la crise économique, sur les moyens de la traiter. C’est le seul problème véritablement central, le seul qui préoccupe la population d’une manière pressante, pour ne pas dire vitale. C’est sous cet angle que la question ministérielle se trouve abordée. Et non sous l’angle de la composition politique du Cabinet, de la répartition des portefeuilles et encore moins des “sièges réservés” à tel ou tel». Pour le moment, on en est donc aux préliminaires, aux généralités, aux grands principes, aux bonnes intentions. Il serait cependant étonnant qu’on en reste là. Et qu’en pratique, le prochain Cabinet, d’entente ou de cohésion, ne comporte plus de «sièges réservés» et de ministres parachutés. D’ailleurs le ministre cité amorce lui-même la controverse en déclarant, sans craindre de paraître se contredire, que «l’on va chercher à faire participer tout le monde. Mais cela ne signifie pas que l’on aura recours aux symboles du passé, à des personnages qui ont déjà échoué ou contre qui il existe des dossiers». Affirmation sélective qui peut provoquer une plaisanterie facile : il ne resterait pas grand-monde pour former un Cabinet. Le ministre en question reconnaît toutefois «la nécessité de faire appel à des figures de proue chrétiennes». Mais il se hâte de préciser que ce serait dans le but «de contrebalancer l’influence de M. Rafic Hariri, qui monopolise la part sunnite et constitue de ce fait un facteur de déséquilibre politique dans le kaléidoscope local». Un point de vue original qui permet enfin au camp chrétien, après tant d’années, d’identifier la cause de son malaise. Ce loyaliste ultra, peu suspect comme on voit de sympathie exagérée pour Koraytem, soupire ensuite que «M. Hariri peut sans doute retrouver le Sérail. L’entourage de M. Nabih Berry nous assure que l’ancien président du Conseil est soutenu par l’opinion et qu’il faut faire appel à lui. Soit. Mais que l’on sache alors qu’il devra assumer directement, sans rien en faire retomber sur le régime, la responsabilité d’un éventuel nouvel échec de sa part en tant que gouvernant». Mais, sans doute plus habile, un autre loyaliste tout aussi inconditionnel affirme pour sa part que «la réussite du gouvernement est une nécessité absolue pour le pays. C’est tout ce qui compte et tout devra être mis en œuvre pour aider le Cabinet. Auquel il ne faudra pas ménager les conseils, afin qu’il ne dévie pas de la juste voie, ni le soutien actif, pour qu’il réalise ses projets. De plus, ajoute cette personnalité, le pouvoir ne devra pas être aux seules mains du président du Conseil, car on risquerait de retomber dans les dérives du passé. Le président de la République sera là, et bien là, pour arbitrer mais aussi pour guider, comme le veut la Constitution. M. Hariri n’est pas un Zorro déboulant sur son cheval noir. Il doit laisser au vestiaire sa tenue de sauveur. Car nous n’oublions pas que c’est sa gestion antérieure qui a endetté le pays». Comme on voit, ces arguments, pour pertinents qu’ils soient, montrent qu’on est déjà loin de «l’union sacrée» autour de la priorité économique. Et que l’on commence déjà, par lieutenants interposés, à se disputer le vrai pouvoir.
L’agitation actuelle sur la scène libanaise laisse plutôt sceptique un officiel que ses fonctions amènent à traiter les dossiers politiques. À son avis avisé «tout ce remue-ménage, du reste assez sympathique, ne mène à rien. Car, tout bien considéré, aucune solution locale ne peut échapper à la chape des impératifs régionaux. Et du moment que le processus régional...