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Actualités - ANALYSE

L'un des buts du manifeste : provoquer un choc salutaire

Pour que nul n’en ignore, des sources proches du patriarcat ont confirmé hier que le manifeste-brûlot de l’Assemblée des évêques maronites est de la main même du cardinal Nasrallah Boutros Sfeir. Qui aurait souhaité provoquer un effet de choc salutaire, en condensant, une bonne fois pour toutes, les thèmes qu’il détaille depuis des années dans ses sermons dominicaux. Ces mêmes sources indiquent que le patriarche n’a agi ni dans un esprit de soulèvement contre les autorités en place ni pour provoquer une tension maximale sur la scène locale. Son objectif était simplement, à les en croire, de susciter une prise de conscience accentuée des causes véritables, essentielles, du mal libanais. Cependant, ajoutent ces mêmes personnalités informées, le ton percutant du texte et le timing choisi ont suscité des réserves de la part de certaines parties tenues préalablement au courant de cette initiative. Aussi, pour ne pas prêter le flanc à des interprétations inadéquates, le patriarche s’est résigné à ne pas donner lecture lui-même du manifeste comme il en avait initialement l’intention. Selon ces sources, trois éléments majeurs ont motivé la démarche de Bkerké : – La nécessité de prendre en compte la crise socio-économique qui, en ces temps de rentrée, frôle l’explosion. Le patriarcat se devait de répondre à certaines des interrogations que se posent les Libanais à ce sujet. Ne pouvant rester passif devant un tel problème, il était de son devoir de tirer la sonnette d’alarme et de mettre en garde contre les méthodes employées pour traiter la question. – Le souci de dissiper, par un bilan très net, le climat de confusion, d’équivoques et de tensions déphasées, engendré par les récentes élections législatives. Il fallait donc mettre les points sur les i, dénoncer la loi électorale injuste, déséquilibrée, discriminatoire, promulguée par le gouvernement, ainsi que les abus, les immixtions qui ont marqué le processus, depuis la constitution des listes jusqu’au vote. Il fallait surtout rappeler que, dans nombre de cas, les élus ne sont pas représentatifs. Ce qui se répercute fatalement sur la légitimité de la nouvelle Assemblée. – Enfin, à la veille de la prise en charge d’un nouveau gouvernement, Bkerké a estimé nécessaire de rappeler les constantes nationales et de développer certains axes de réflexion que le pouvoir ne doit pas ignorer. D’après les mêmes sources, la démarche de Mgr Sfeir, loin d’être une déclaration de guerre, «s’inscrit dans le cadre du climat d’entente qui a commencé à prendre corps sur la scène locale». «S’il faut dialoguer, que cela soit dans la franchise, la transparence et la clarté, pense le Patriarche. La réconciliation nationale ne doit pas reposer sur des malentendus. D’autant que sur les principes mêmes, il n’y a pas de conflit». Un ancien ministre souligne de son côté qu’il faut voir «dans le manifeste des évêques un appel à un dialogue franc et ouvert, sur des sujets vitaux». «De même, juge cette personnalité, la riposte sévère de Dar el-Fatwa contient cependant des éléments positifs et reflète en définitive une volonté certaine de dialogue. Tout cela peut s’inscrire dans la même logique que l’ouverture effectuée récemment aussi bien par M. Walid Joumblatt que par M. Négib Mikati». Et de mettre l’accent en conclusion, pour arrondir les angles, sur le fait que dans ses constantes, Bkerké n’omet pas d’inclure «la nécessité des meilleures relations de bon voisinage possibles avec la Syrie. L’application de la 520 doit faire l’objet d’une unanimité libanaise, tout comme cela avait été le cas pour la 425. Bkerké ne veut rien d’autre qu’un tel consensus. Il souhaite rassembler et non pas diviser». Ce n’est pas ce qu’estiment ses contempteurs. Ainsi un autre ancien ministre influent pense que «le timing choisi n’est pas le bon, car il exacerbe des tensions déjà existantes. En outre, soutient cette personnalité, il est abusif de mettre la crise économique sur le dos des travailleurs syriens». Qui ne sont pas plus d’un million. Et ne pompent certainement pas un milliard de dollars par an, comme le prétendent certains statisticiens ou encore les marchands de quatre saisons, les cultivateurs, les taxis-services, les ouvriers en bâtiment et même les prothésistes dentaires libanais.
Pour que nul n’en ignore, des sources proches du patriarcat ont confirmé hier que le manifeste-brûlot de l’Assemblée des évêques maronites est de la main même du cardinal Nasrallah Boutros Sfeir. Qui aurait souhaité provoquer un effet de choc salutaire, en condensant, une bonne fois pour toutes, les thèmes qu’il détaille depuis des années dans ses sermons dominicaux....