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Actualités - REPORTAGES

Denniyé Le caza oublié n'en fait qu'à sa tête (photo)

Denniyé, le caza oublié, ne s’est pas encore remis des incidents du début de l’année, lorsqu’un groupe d’extrémistes avait mis la région à feu et à sang. Ici, tout le monde cherche à afficher un esprit d’entente et de coexistence, même si, lorsqu’on creuse un peu, les animosités ne tardent pas à apparaître. Les élections législatives sont une occasion pour les habitants des villages de la région de se retrouver et d’affirmer à tous ceux que cela intéresse qu’au fond, leur principal souci est de vivre en paix. «Les incidents nous ont été imposés», déclarent les habitants de Kfarhabou, Bakhoun, Sir, Bkasefrine, Aassoun, Izal, Bkarsouna et Sfiré, comme s’ils s’étaient donné le mot. Dans ce caza, les villages sont assez éloignés les uns des autres et certains sont si isolés qu’on les croirait jaillis de la montagne. Cet isolement rapproche les habitants, unis dans une même misère. Michel Bitar, président de la municipalité de Kfarhabou, explique ainsi que tous les chefs des municipalités de la région se sont réunis pour coordonner leur action et éviter les accrochages entre les divers candidats et leurs partisans respectifs. Un seul incident avait été signalé lors de la visite de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri à Sir Denniyé. Sinon, toute l’atmosphère est restée calme pendant les campagnes et tout au long de la journée d’hier. Bitar précise toutefois qu’il y a eu un manque de cartes électorales, qui a un peu découragé les gens de se rendre aux urnes. D’ailleurs, un des membres du conseil municipal de ce village est décédé le matin même, à 5 heures. Les habitants confient que s’ils ont un problème de papiers, ils ne peuvent le résoudre puisqu’il n’y a pas de caïmacam dans tout le secteur. Il faut se rendre à Tripoli pour les formalités officielles. Les habitants de Denniyé ont été un peu déroutés par les renversements d’alliance depuis le scrutin de 1996. À Bakhoun, même atmosphère. «Ce qui nous intéresse, déclare Kassem Ali Abdel Aziz, c’est que les députés s’occupent de cette région. Qu’ils s’allient avec qui ils veulent, mais qu’ils mettent un terme à la misère qui nous entoure». À Sir Denniyé, le candidat et actuel député Ahmed Fatfat rencontré devant un bureau électoral insiste sur la nécessité de coopérer tous ensemble pour préserver la région. «Nous pensons qu’il est très important que les candidats fassent preuve de haute moralité et jusqu’à présent, aucun incident n’est à signaler». Le candidat Mohammed Fadel, lui, affirme qu’il y a beaucoup de cartes électorales fausses et d’erreurs dans les listes. Il se plaint aussi du fait que la plupart des candidats n’ont pas de programmes. Selon lui, les électeurs panacheront les listes justement parce qu’il n’y a pas de programmes. Fadel ajoute que 2 300 cartes électorales manquent sur un total de 19 000 électeurs. Fadel déclare aussi que certains électeurs utilisent des cartes qui ne leur appartiennent pas et que la fraude est très répandue à Denniyé. À Bkasefrine, une femme a failli provoquer un esclandre. Venue pour voter, elle ne trouve pas son nom. Elle découvre ainsi qu’elle n’est pas encore enregistrée sous son nom de femme mariée. Finalement, l’incident est réglé, mais beaucoup de femmes se trouvent dans le même cas. À Sfiré, le candidat de la Jamaa islamiya, Assaad Harmouche, se déclare satisfait de l’opération électorale. Selon lui, le manque d’affluence est dû aux erreurs dans les cartes et dans les listes électorales. Le candidat affiche un air confiant et considère que les événements du début de l’année n’ont aucune influence sur le scrutin. Harmouche minimise la portée du choix de la dernière heure du candidat PSNS Abdel Nasser Raad, alors qu’il était prévu de laisser ce siège vacant pour le candidat Fatfat. Harmouche espère être élu pour poursuivre les projets qu’il avait lancés au cours de son mandat de 1992 à 1996. Il nie toutefois être en conflit avec Omar Karamé… Dans les autres villages, le spectacle est le même : peu d’affluence, rumeurs sur des achats de voix, mais atmosphère calme en général. Le long des routes cabossées, les listes froissées sont jetées sur les bas-côtés. Certaines sont complètes, d’autres panachées. Dans tout le caza, malgré les mots d’ordre, les habitants n’en font qu’à leur tête.
Denniyé, le caza oublié, ne s’est pas encore remis des incidents du début de l’année, lorsqu’un groupe d’extrémistes avait mis la région à feu et à sang. Ici, tout le monde cherche à afficher un esprit d’entente et de coexistence, même si, lorsqu’on creuse un peu, les animosités ne tardent pas à apparaître. Les élections législatives sont une occasion pour...