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Actualités - REPORTAGES

Photographes Christian Catafago : l'image en tant qu'expression humaniste(photos)

«Ce monde tel que nous le voyons est en train de passer» (dixit : Saül de Tarse). Christian Catafago a fait sienne cette pensée pour expliquer sa passion de l’image. Photographique, plastique, «humaniste» et sérielle... Vieilles maisons libanaises détruites, quartiers du centre-ville ravagés par la guerre, portraits de gens ou de familles du Chouf, paysages de la Békaa…Ses clichés retranscrivent la patine du temps, fixent un mouvement, une attitude, un moment éphémère et dégagent une sensibilité ténue. Qui accroche longtemps le regard. Architecte de formation (il a fait l’école spéciale d’architecture de Paris), Christian Catafago, 32 ans, a découvert la photographie grâce à l’un de ses professeurs d’université Paul Virilio, architecte et philosophe, «qui a été le premier photographe de l’après-Deuxième Guerre mondiale à photographier le système de défense de l’Atlantique d’un point de vue architectural et esthétique». «C’est lui qui m’a poussé à ne plus considérer l’image uniquement en tant qu’icône individuelle mais plutôt comme moyen d’expression sérielle, la seule façon, à mon avis, d’envisager un sujet de manière complète», dit-il. Pour Christian Catafago, la photographie n’est pas une simple recherche esthétique. Elle n’a de valeur que par le témoignage qu’elle apporte sur la vie, les gens, les lieux, ou encore le passage du temps. Il la traite suivant trois aspects : l’image de petit format «pour le témoignage du présent, du vécu, de l’humain», l’image, moyen format «pour la mémoire des lieux (évidemment à travers les personnes qui y ont habité)», et le grand format qu’il réserve aux photos de nuit. «Parce que la ville, la nuit, est très différente de ce qu’elle est le jour. Que ce soit au niveau des couleurs, des dimensions, des personnages ou de l’ambiance générale». Et de préciser : «J’utilise le noir et blanc en outil de recherche lorsque je prends des photos en petit format rapidement, quand les formes générales prévalent, et c’est uniquement lorsque les choses sont définies, posées sur trépieds que je fais de la couleur». Christian Catafago, Libanais aux origines multiples (italienne, française et belge), a développé, grâce à la caméra, une passion pour le Liban. «À la fin de la guerre, j’ai accompagné des architectes de Dar al-Handasa pour des repérages au centre-ville». C’est à partir de là que le déclic a eu lieu. Il se consacre, depuis, presque exclusivement, à l’exploration en images de cette terre «de passage, de brassage, de contrastes et d’effervescence». «Je cherche à donner un témoignage de ce pays, non pas à travers une image d’Épinal ou de carte postale, mais à travers celle de sa réalité plastique. En tant qu’architecte, je suis très attiré par les matériaux, par le charme des lieux anciens ou le contraste étonnant et fascinant qui existe à l’heure actuelle entre les vestiges de l’avant-guerre et l’urbanité qui s’est développée très vite à Beyrouth ces dernières années». Ce qu’il fixe, c’est «la traduction sensible de ce que l’on n’a pas toujours le temps de voir». C’est-à-dire, les «à-côtés, les éléments seconds, les au-delà d’une chose, d’un espace, d’un sujet. Ce qui généralement n’intéresse pas les autres. Mais là où il y a souvent quelque chose à raconter». Enfin, Catafago déplore que l’art photographique soit aussi déconsidéré dans le monde méditerranéen. Il est important d’apprendre à bien connaître l’image, pour y apprécier son «côté lisible». Car après tout, celle-ci reste la preuve absolue, le témoignage irrévocable de l’existence d’un être, d’une chose, d’un événement.
«Ce monde tel que nous le voyons est en train de passer» (dixit : Saül de Tarse). Christian Catafago a fait sienne cette pensée pour expliquer sa passion de l’image. Photographique, plastique, «humaniste» et sérielle... Vieilles maisons libanaises détruites, quartiers du centre-ville ravagés par la guerre, portraits de gens ou de familles du Chouf, paysages de la...