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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Personnes disparues Le cas des libanais détenus en Syrie

Deux associations s’occupant des droits de l’homme, le mouvement franco-libanais Solida (Soutien aux Libanais détenus arbitrairement) et Solide (Soutien aux Libanais en détention et exilés), ont dénoncé hier les travaux de la commission constituée le 21 janvier 2000 pour enquêter sur les 17 415 Libanais portés disparus durant la guerre, notamment ceux détenus dans les geôles syriennes. Selon le rapport officiel publié par cette commission à l’issue de son investigation, toute personne disparue depuis plus de quatre ans est considérée au regard des autorités comme décédée et ayant droit à «des funérailles nationales et populaires» dont la date serait fixée ultérieurement. Le décret a aussitôt été signé par le Premier ministre, M. Sélim Hoss… Situation inadmissible, voire même ubuesque pour certains parents qui affirment être toujours en relation avec leurs proches détenus en Syrie. Au cours d’une conférence de presse à l’hôtel Alexandre (Achrafieh), en présence d’un parterre de parents de détenus éplorés, les deux associations, représentées par MM. Ghazi Aad (Solide) et Wadih Asmar (Solida), ont tour à tour réfuté le contenu du rapport officiel – «fait de généralités» – de la commission d’enquête et la légitimité même de cette commission. Formée de hauts fonctionnaires de l’État (exclusivement des officiers, au nombre de cinq ) alors qu’elle devrait être composée de juges, d’experts en droits de l’homme et de personnalités indépendantes, elle ne répondrait pas aux critères internationaux. Les deux associations ont émis des réserves quant à l’aptitude et aux qualifications de la commission à pouvoir enquêter en Syrie ou effectuer des démarches auprès des autorités syriennes. Enfin, le délai de trois mois octroyé à la commission a été jugé trop court pour rechercher des informations sur les 17 415 citoyens libanais portés disparus (estimation d’Amnesty International adoptée par l’État libanais). «17 415 cas à étudier en trois mois, cela fait en moyenne une heure réservée à chacun… !», a remarqué M. Asmar. «L’imam Moussa Sadr est disparu depuis plus de 20 ans, et le Conseil supérieur islamique chiite continue à croire qu’il est vivant. Faut-il, sur base de ce délai de quatre mois, qu’ils le considèrent comme mort et lui fassent des funérailles nationales ?», se sont-elles demandées. Par ailleurs, selon le rapport, seul 2 046 avis de recherche auraient été déposés auprès de la commission, aucun n’ayant abouti à des résultats. «Il est également fait mention de fosses communes découvertes, sans toutefois préciser le nombre de disparus retrouvés, l’emplacement exact de ses charniers, ou les circonstances du décès», ont affirmé les deux associations dans un communiqué commun distribué à l’occasion. La douleur des parents Composé en grande majorité de parents de détenus dans les prisons syriennes, le public n’a pas tardé à réagir à la gravité du sujet évoqué. Réclamant la libération de tous les prisonniers en Syrie, un père de détenu a lu un mot au nom des parents. Il a ensuite affirmé être en possession d’un dossier complet documenté sur 70 cas de Libanais détenus en Syrie, et a exposé devant l’assistance certains documents prouvant la présence de ces personnes vivantes dans les geôles syriennes. «À chaque fois que je présente ces preuves dans les différents commissariats, la seule question que l’on trouve à me poser est en rapport avec leur origine», a-t-il indiqué. Il a également fait état de plusieurs lettres adressées à des dirigeants syriens et libanais et qui seraient restées lettre morte. Il a ensuite raconté l’histoire de détenus relaxés par les autorités syriennes et qui, une fois libres, auraient été menacés du pire s’ils venaient à évoquer leur incarcération. D’autres récits tout aussi aberrants, celui de ce gendarme par exemple, enlevé le 13 octobre 1990, dont la sœur continue à toucher le salaire et qui aurait même été promu en prison… Ou encore celui de la sœur d’un ancien milicien du parti Kataëb, enlevé à 14 ans il y a dix-huit ans, à laquelle «des officiers syriens promettent à chaque fois une entrevue avec son frère» avant de disparaître de la circulation. De son côté, l’État syrien nie catégoriquement l’existence de tout détenu libanais dans ses prisons, contrairement à certains parents qui affirment avoir rencontré leurs enfants incarcérés ou qui entretiennent une correspondance avec eux. «Plusieurs requêtes des parents ont été adressées successivement aux présidents Hafez et Bachar el-Assad», ont rapporté des parents. Enfin, à en croire Solida et Solide, «les soldats libanais comparaissent devant une cour martiale syrienne, qui les jugent en fonction d’une législature libano-syrienne». «Le fait de cacher la vérité et de ne pas déterminer les responsabilités relève de l’impunité», ont-elles souligné.
Deux associations s’occupant des droits de l’homme, le mouvement franco-libanais Solida (Soutien aux Libanais détenus arbitrairement) et Solide (Soutien aux Libanais en détention et exilés), ont dénoncé hier les travaux de la commission constituée le 21 janvier 2000 pour enquêter sur les 17 415 Libanais portés disparus durant la guerre, notamment ceux détenus dans les...