Polémique - Le président de la Chambre pris à parie Salem se déchaîne contre le néoféodalisme de Berry

Le député de Jezzine Nadim Salem a accusé hier le président de la Chambre Nabih Berry «de vouloir faire main basse sur le Liban-Sud à des fins personnelles et électorales», en agissant dans le cadre d’un «néoféodalisme toléré par l’État». Au cours d’une conférence de presse à Majdalyoun, M. Salem, candidat aux législatives a accusé M. Berry d’avoir transformé l’inauguration officielle du Sérail de Jezzine, survenue dans le courant de la semaine dernière, en meeting électoral à sa gloire. Il a également condamné le découpage électoral du Liban-Sud, «taillé sur mesure pour M. Berry», et avoué faire l’objet d’une «campagne menée par des mains invisibles et visant à le couler dans la bataille électorale». «Les dirigeants d’avant-guerre ont utilisé l’État pour satisfaire leurs intérêts personnels ; ils ont pratiqué une politique de répression et d’humiliation», a estimé M. Salem. «La période actuelle est-elle vraiment meilleure que la précédente… ? M. Berry n’est-il pas un des piliers de l’État… ? Ne s’est-il pas approprié les services publics à son compte ?», a demandé le député de Jezzine. Et M. Salem de citer l’exemple du Conseil du Liban-Sud, qu’il a qualifié de «caisse publique servant, à des fins politiques, les intérêts privés de ceux qui ont fait main basse dessus». «Voilà qu’aujourd’hui on tente de l’utiliser dans le cadre de la bataille électorale», a-t-il poursuivi. Pour lui, il s’agit d’un «néoféodalisme, dont les protagonistes n’admettent pas les opinions adverses et imposent le silence aux représentants du peuple quand cela leur convient». «C’est là la cause principale de mon conflit avec M. Berry», a-t-il souligné. Quant à l’État, selon M. Salem, il «ferme les yeux sur cette inféodation des services publics, tels que la Régie, dont une minorité seulement tire profit». «Plus on est proche du zaïm, loyal et bien intégré à son mouvement, plus on est chanceux», a-t-il ironisé. Un découpage électoral sur mesure «Le Liban-Sud est une exception au découpage électoral en raison de son emplacement géographique et de son rôle historique», a poursuivi M. Salem, citant M. Berry au cours de son discours à Jezzine. Pour le député de Jezzine, il n’y a pas de doute, la vérité est tout autre : «Le découpage électoral au Liban-Sud a été taillé sur mesure en faveur de M. Berry», a-t-il insisté. «Je me suis opposé à cette loi au Parlement, j’ai même présenté un recours devant le Conseil constitutionnel», a-t-il indiqué. «Après la libération du Liban-Sud et la disparition de la situation exceptionnelle qui avait poussé le gouvernement à en faire une circonscription unique, j’ai proposé une loi revêtant un caractère d’urgence et demandant la révision de la loi électorale dans la région», a affirmé M. Salem. «Elle n’a pas été débattue à l’Assemblée parce que tout changement indisposait ceux qui avaient taillé cette loi sur mesure», a-t-il souligné. Pour M. Salem, la séparation entre Jezzine et Saïda, «deux régions qui se complètent géographiquement», et le rattachement de la première à Nabatiyeh sont inconcevables et cachent «des intérêts politiques personnels et électoraux». «Certains essayent de jouer avec les sentiments des gens, font des promesses au soir des élections qui restent lettre morte une fois l’échéance électorale passée», a-t-il estimé, en faisant allusion au président de la Chambre. «Ce sont ces mêmes personnes qui profitent de l’État par intérêt personnel en investissant dans des projets qu’ils vont inaugurer par la suite pour s’attirer les suffrages de la population», a insisté M. Salem. Il a enfin accusé M. Berry de «vider le Liban-Sud de ses habitants». «N’est-il pas responsable de l’ordre paramilitaire qui effraye la population de la région… Ses éléments armés ne sont-ils pas en train de multiplier les exactions au vu et au su de tout le monde ?», s’est-il interrogé. «Il n’a pas seulement exploité les habitants du Liban-Sud, mais a été jusqu’à prendre des décisions contraires aux aspirations de la population, à des fins électorales», a-t-il poursuivi. M. Salem a par ailleurs affirmé que des contacts étaient toujours en cours pour former une liste s’opposant à celle du président Berry, et incluant notamment les partisans de l’ancien président de la Chambre, Kamel el-Assaad. Si cette initiative échoue, le député de Jezzine a indiqué qu’il se présentera en tant que candidat indépendant. Il a enfin estimé faire l’objet d’une campagne menée par «des mains invisibles» et destinée à le couler.