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Actualités - REPORTAGES

Patrimoine - Les trésors du Musée national Les Phéniciens n'ont pas inventé le verre mais ont contribué à son essor(photos)

De par leur composition, les verres figurent parmi les objets archéologiques les plus dégradables. D’ailleurs, découvrir un objet complet en verre est en soi une rareté, d’où l’importance qui est attribuée aux trésors en verre dans les musées. Au Liban, les objets en verre ont été trouvés lors des premières fouilles du début du siècle. La légende veut que le verre soit une invention phénicienne et que les premiers objets en verre aient été confectionnés avec le sable de Sidon et de Tyr. Les découvertes archéologiques ont démenti ces théories mais ont prouvé que c’est le développement de l’art du verre qui est, en fait, l’apanage des Phéniciens, et que les techniques de soufflage et de coloration ont vu le jour entre Tyr et Sidon. Des siècles durant, les historiens ont attribué l’invention du verre aux Phéniciens. Cette hypothèse remonte au premier siècle après J-C, et plus précisément à un texte de Pline l’Ancien qui, dans son livre Histoire Naturelle, avait décrit de la sorte le phénomène. «Des marchands de nitre abordèrent l’embouchure du fleuve Bélus sur les côtes phéniciennes et utilisèrent des mottes de nitre tirées de leur garnison. Quand celles-ci se furent embrasées, mêlées avec le sable du rivage, des ruisseaux translucides d’un liquide inconnu se mirent à couler et telle fut l’origine du verre». Mais les dernières découvertes archéologiques ont certifié que le verre n’était pas une invention phénicienne. Les plus anciens objets en verre datent du IIIe millénaire avant J-C et proviennent de la Mésopotamie. Toutefois le développement réel de cette industrie a commencé au IIe millénaire et a connu un essor remarquable sur les rivages du Liban, ainsi qu’en Égypte. Le verre est un matériau très fragile. Car de par sa constitution, il se dégrade facilement lors d’un long contact avec l’humidité du sol. En fait, il se décompose en fines couches très minces qui, avec le temps, prennent des reflets très variés rappelant les couleurs de l’arc-en-ciel. Ce sont les irisations du verre. Si, toutefois, les Phéniciens ne sont pas les «inventeurs» du verre, ce sont eux qui ont permis sa diffusion et son essor, vu qu’il occupait une place de choix dans leur commerce. Ils ont ainsi inventé les verres opaques, ornés de dessins multicolores, et fabriqués dans des moules. Moules qui permettaient la confection de fioles ornées d’oiseaux, de fruits, de visages humains, etc. De plus, certains objets étaient décorés de dessins obtenus grâce à l’incrustation de fils d’or à l’intérieur même de la pâte de verre. Quant à la technique du soufflage du verre, elle est connue dans le monde de l’histoire et de l’archéologie, pour être une invention phénicienne. Elle a eu lieu au premier siècle av. J-C. «Cette découverte a totalement bouleversé l’art de la verrerie. Très rapidement, cette nouvelle méthode s’est propagée en Occident, des verriers exportent leur savoir-faire vers l’ouest de l’Empire romain», écrit Véronique Areveiller dans le livre Liban, l’autre rive. Multiples objets en verre Les objets en verre trouvés sur le territoire libanais sont très variés. Cette industrie a produit toutes formes de vaisselle de table ou d’ustensiles de maison servant à la conservation et au transport des denrées, comme les bouteilles et les pots. Et plus la matière à garder à l’intérieur du flacon était rare et chère, plus ce dernier était réalisé avec finesse. Ainsi, les flacons de parfum sont de petites dimensions, de pâte très fine, et sont souvent décorés de bandes multicolores. Mais ce sont les petits flacons de kohol qui représentent la grande spécialité des verreries de la région. Certains ont été découverts avec des petits bâtonnets de bronze, d’ivoire ou de verre à l’intérieur. Ces fioles et flacons sont exposés aujourd’hui dans nos musées. Et il semble que les artisans étaient si célèbres, que certains n’hésitaient pas à signer leur nom sur les objets. Ce qui certifiait la qualité du produit. De nos jours, la tradition de conserver un liquide de valeur est maintenue. Tout à fait comme il y a quelques millénaires, les compagnies de production de parfums et d’huiles rivalisent en matière de création de flacons de verre richement décorés et à la forme très recherchée. La fabrication des flacons pour parfums et onguents a connu son âge d’or durant la période romaine. Les objets circulaient ainsi d’une ville à une autre et d’un port à un autre. Mais le travail du verre au Liban ne s’est pas limité à cette période de l’histoire. Les fouilles du centre-ville de Beyrouth ont mis au jour un grand nombre d’objets en verre datant de périodes médiévales. Si aujourd’hui on ne voit plus de souffleurs de verre dans les artisanats, ce n’est pas par manque de demande. Mais pour la simple raison que le marché libanais est inondé de produits syriens vendus à des prix dérisoires. Par conséquent, cette puissante concurrence fait disparaître une tradition libanaise plusieurs fois centenaire. En attendant des jours meilleurs pour ce métier, nous avons toujours la possibilité de nous enorgueillir de notre passé en admirant les objets en verre, colorés et décorés de fils d’or datant de plus de 1 500 ans au Musée national de Beyrouth. Ils sont exposés dans des vitrines spécialement conçues à leur intention, situées au premier étage.
De par leur composition, les verres figurent parmi les objets archéologiques les plus dégradables. D’ailleurs, découvrir un objet complet en verre est en soi une rareté, d’où l’importance qui est attribuée aux trésors en verre dans les musées. Au Liban, les objets en verre ont été trouvés lors des premières fouilles du début du siècle. La légende veut que le verre...