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Actualités - ANALYSE

Les résultats risquent d'entraver l'entente nationale

Commentant l’évolution, à ses yeux négative, de la campagne électorale, un ancien dirigeant souligne que «les résultats de ces élections risquent de briser tout espoir en ce qui concerne cette entente nationale, vitale pour le pays, qu’on n’a toujours pas réalisée. Pourtant cette échéance de consultations populaires offrait au système une occasion en or pour s’amender, à travers la mise en place d’une Chambre qui consacrerait par elle-même l’union intérieure. Tout permet de croire qu’il ne va rien en être. Et c’est comme si on voulait qu’après la signature d’un traité régional, le Liban restât divisé, faible, sa paix civile toujours en péril, afin que d’autres gardent aisément le contrôle de ce pays». Ce vétéran note que «le découpage des circonscriptions a été effectué de manière à aggraver la désunion nationale, à semer la discorde dans les régions, dans les familles, à aiguillonner les tensions entre les communautés et en leur propre sein. On a écarté délibérément le recours au caza, seul susceptible de produire une vraie représentation des collectivités, au profit d’une configuration hybride consacrant l’inégalité et la discrimination entre les composantes du pays, régionales, sociales ou communautaires. On n’a même pas retenu le mohafazat comme base de travail, pour promouvoir ce slogan du brassage national, ressassé pendant des mois par la propagande officielle et maintenant abandonné. Même Taëf, cet accord déjà tronqué, se trouve ainsi trahi». Et de poursuivre : «Pour assurer la victoire de certains, ou pour en gonfler la stature, on a adopté le caza dans des régions déterminées, le mohafazat dans d’autres et des alliages variés ailleurs. Tout ce qui pouvait exacerber les clivages politiques, confessionnels, claniques ou sociaux a été retenu. On a de la sorte dressé le fils contre son père, le frère contre son frère et le cousin contre la famille entière. Prenons le Nord pour exemple : en accouplant Zghorta et Tripoli, on en fait inévitablement deux rivales, du reste divisées en leur sein, et on exaspère des tensions confessionnelles qui n’auraient pas eu lieu d’être si chacun était chez soi. Il est par ailleurs très clair, dans cette partie du pays, qu’en adjoignant artificiellement la région de Bécharré au Akkar, pour neutraliser les FL, on en liquide la force politique propre, privant ainsi la communauté maronite d’une meilleure représentation. On a opéré de même à peu près au Mont-Liban. Malgré leurs criantes disparités, Baabda et Aley ont été jumelées, pour renforcer une fraction déterminée au détriment d’une autre. En clair, il s’agissait de saper l’influence de M. Walid Joumblatt». Ce qui, soit dit en passant, ressemble un peu à du rattrapage. Car nul n’ignore que c’est en partie à cause de l’insistance du leader progressiste que le Mont-Liban a été morcelé électoralement et non gardé unifié, comme le souhaitait le camp de l’Est. Au titre d’une compensation pour les dizaines de députés chrétiens qui dans d’autres régions représentent moins leurs collectivités que les leaders mahométans qui les prennent sur leurs listes. Toujours est-il que la personnalité citée souligne que «les fractures causées par le découpage sont aggravées par les immixtions dans la fabrication des listes. Dans certaines régions, des adversaires se trouvent forcés à s’allier et dans d’autres des alliés sont obligés de se combattre. Toujours dans le même objectif : garder tout le monde sous contrôle étroit. Dès lors, les résultats des élections sont globalement connus d’avance. Et on peut d’avance ricaner : les opérations électorales pourront être parfaitement régulières, comme le promettent les responsables, pour la bonne raison que toute triche serait inutile, superfétatoire. On comprend dès lors que le dispositif prévu, qui va de la carte électorale à la surveillance vidéo, empêche les fraudes. Ainsi aucun candidat battu n’aura de preuves en main pour intenter un recours devant le Conseil constitutionnel. Et l’absence de plaintes en invalidation, après le scrutin, permettra au pouvoir de clamer que les élections ont été tout à fait régulières et de prétendre que la démocratie a été bien servie. Ce qui ne sera pas vrai du tout, puisque le mal aura été fait au niveau du découpage, des alliances et des parachutages».
Commentant l’évolution, à ses yeux négative, de la campagne électorale, un ancien dirigeant souligne que «les résultats de ces élections risquent de briser tout espoir en ce qui concerne cette entente nationale, vitale pour le pays, qu’on n’a toujours pas réalisée. Pourtant cette échéance de consultations populaires offrait au système une occasion en or pour...