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Actualités - REPORTAGES

Législatives - Deux poids lourds s'affrontent dans la première circonscription de Beyrouth Le première siège sunnite est déjà garanti. A qui reviendra le second ?

Tempête sudiste ou pas, le vent des élections souffle sur la capitale. En dépit de l’indifférence plus ou moins affichée des citoyens, les candidats prolifèrent, mènent des campagnes acharnées et en coulisses, toutes les démarches, tous les contacts ont pour cible véritable un des 19 sièges de Beyrouth. Officiellement, le découpage a été conçu pour assurer une meilleure représentativité des électeurs, mais coïncidence ou non, il permet à chacun des trois leaders sunnites présumés de la capitale de s’assurer une circonscription, sans avoir à se battre contre les deux autres, à savoir MM. Hoss, Hariri et Salam. Toutefois, la fièvre de la bataille est telle que malgré cet heureux arrangement, la tension va crescendo et tous les coups semblent permis. Car si dans la Békaa, au Sud et un peu au Nord, les listes de coalition ont abouti à l’élimination de toute lutte, faussant ainsi le jeu démocratique, au Mont-Liban et à Beyrouth, il est encore permis de rêver... Beyrouth, foyer des forces vives et en principe étincelle du changement. C’est du moins ce que devrait être la capitale, mais jusqu’à présent, à en juger par les candidatures, les possibilités de changement demeurent limitées. Un électorat moitié musulman, moitié chrétien La première circonscription couvre les secteurs d’Achrafieh, de Mazraa et de Saïfi. Ce dernier quartier a été rajouté in extremis pour établir une sorte d’équilibre entre électeurs chrétiens et musulmans. Les quelque 130 000 inscrits sur les listes électorales dans cette circonscription sont donc moitié chrétiens et moitié musulmans, et ils doivent choisir 6 députés : deux sunnites, un grec-orthodoxe, un grec-catholique, un maronite et un représentant des minorités. Dans cette circonscription aussi, deux poids lourds s’affrontent, l’un étant bien sûr plus puissant que l’autre en raison de sa fortune, de sa carrière politique et de sa dimension internationale. Il s’agit de l’ancien président du Conseil Rafic Hariri, qui aligne une liste complète. En face de lui, un homme d’affaires qui souhaiterait avoir le même profil et dont les bureaux électoraux déclarent ouvertement leur hostilité à Hariri. M. Fouad Makhzoumi n’a pas encore annoncé la formation de sa liste, mais nombreux sont les candidats encore indépendants qui souhaiteraient en faire partie, croyant que l’homme est appuyé par le régime. Entre ces deux géants (ne serait-ce qu’en raison des fonds électoraux dont ils disposent) qui ne sont plus à présenter, quelques courageuses figures tentent de mener malgré tout la bataille. Il y a d’abord Mme Ghada Yafi, fille de l’ancien président Abdallah Yafi. Médecin de carrière, Mme Yafi s’était installée en France à partir de 1989. Elle est rentrée au Liban en 1998 et s’est aussitôt lancée dans la bataille des municipales, convaincue qu’elle peut faire quelque chose pour la capitale et ses habitants. Elle avait même obtenu 26 000 voix. Aujourd’hui, elle se lance à nouveau dans la bataille, parce qu’elle est choquée de voir à quoi sont réduites les élections législatives. Selon elle, les programmes se résument aux personnes, les idées sont des slogans creux, et on croirait assister à des campagnes municipales non législatives puisque nul ne parle de politique. Contrairement aux deux puissantes têtes de liste, Mme Yafi n’a pas d’argent et son équipe réduite est entièrement formée de bénévoles. Pour elle, il est important de montrer qu’on peut se lancer dans la bataille pour des idées et par conviction, sans avoir à utiliser le pouvoir de l’argent. Ceux qui voteront pour elle l’auront ainsi réellement choisie. Comme il y a deux sièges sunnites dans cette circonscription, elle aurait pu en fait s’intégrer à l’une des deux grandes listes, mais elle préfère agir à son niveau, misant sur l’aspiration des électeurs à une autre voie, un autre discours. Ne pas abandonner l’orphelin... Autre figure sunnite à se lancer dans la bataille, M. Saadeddine Khaled, fils de l’ancien mufti Hassan Khaled, assassiné en 1989. D’ailleurs, Saadeddine a centré sa campagne sur cet événement, reprenant pour slogan électoral un verset du Coran appelant à ne pas abandonner l’orphelin. M. Khaled, qui a déjà mené la bataille en 1992 et 1996, est déjà rompu à cet exercice et il n’a pas encore totalement décidé de ne pas s’intégrer à une liste. Toutefois, M. Hariri a déjà choisi son second sunnite en la personne de M. Adnane Arakji qui faisait déjà partie de son équipe en 1996 et qui est assez proche des Syriens (ou en tout cas de certains d’entre eux, vu que maintenant les donnes sont en train de changer là-bas). Quant à M. Makhzoumi, il hésite à prendre un second sunnite sur sa liste, car il est convaincu que M. Hariri sera élu et par conséquent tout autre sunnite devient un rival. S’il faut donc en croire les pronostics des experts, l’ancien président du Conseil Rafic Hariri est déjà assuré d’occuper un des deux sièges sunnites de la circonscription. Tout va donc se jouer sur le second siège, actuellement occupé par M. Arakji. Ce dernier conservera-t-il son siège ou bien celui-ci sera-t-il occupé par l’un des trois favoris déjà cités : Makhzoumi, Yafi ou Khaled ? En dépit de la rengaine des élections truquées d’avance que les amateurs du boycott se plaisent à avancer pour justifier leur inaction, une véritable bataille se joue autour de ce siège. C’est d’ailleurs là que les électeurs de la circonscription montreront l’étendue de leur maturité politique. Choisiront-ils l’argent, la facilité, la tradition ou le changement ? La décision leur revient. Mais cette année, les donnes sont différentes puisqu’il y a de fortes chances que les 65 000 électeurs chrétiens optent pour la participation, sinon massive du moins honorable, au scrutin. Dans ce cas, c’est à eux que reviendra le dernier mot, puisque les choix de l’électorat sunnite sont pratiquement connus, et la seule surprise viendra des chrétiens. C’est pourquoi d’ailleurs, les candidats sunnites, qu’ils soient têtes de liste ou indépendants, courtisent aujourd’hui cet électorat et cherchent désespérément des candidats chrétiens jouissant d’une solide popularité. Comment se présente le paysage électoral chrétien dans la première circonscription ? La question mérite un article complet. On peut déjà dire que pour l’instant, il y a une multitude de candidats mais des électeurs encore démobilisés.
Tempête sudiste ou pas, le vent des élections souffle sur la capitale. En dépit de l’indifférence plus ou moins affichée des citoyens, les candidats prolifèrent, mènent des campagnes acharnées et en coulisses, toutes les démarches, tous les contacts ont pour cible véritable un des 19 sièges de Beyrouth. Officiellement, le découpage a été conçu pour assurer une...