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Actualités - CHRONOLOGIE

Finances - Cérémonie de présentation du nouveau directeur général du ministère Les fonctionnaires interrogés pour la première fois sur leurs conditions de travail

«La reconstruction du Liban en un pays prospère, en paix avec lui-même, dépendra d’abord de sa fonction publique». Les mots de Jean-François Bijon sont destinés à encourager le nouveau directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani. «Bâtisseur de l’État». C’est la mission qui attend le nouveau directeur et les 1 500 fonctionnaires de cette administration, a souligné M. Bijon qui repart en France après quatre années à la tête de l’Institut des Finances à Beyrouth. «C’est le fonctionnaire et le fonctionnaire seul qui assure à chaque citoyen le contact avec l’État. Pour un Français, il n’y a pas de démocratie sans un État fort. Personne n’est obligé de partager le point de vue des Français mais l’expérience nous montre que l’absence d’État finit dans le drame». Ce beau discours d’adieux prononcé hier au cours de la cérémonie de présentation de M. Bifani au palais de l’Unesco ne pouvait sonner mieux aux oreilles du ministre des Finances Georges Corm. Car la réforme de l’Administration est la condition essentielle de l’efficacité de l’aide matérielle fournie par les bailleurs du fonds du Liban, a souligné le ministre. La tâche sera rude et longue, mais les fonctionnaires, qui ont pour la première fois été interrogés sur leurs conditions de travail, ont manifesté clairement leur volonté de changement. C’est en tout cas ce qui ressort des résultats préliminaires des «entretiens annuels» lancés cette année par l’Institut des Finances qui sera désormais dirigé par Lamia el-Moubayed. Direction des ressources humaines Pour M. Corm, cet exercice est très important. Il s’inscrit dans le cadre d’un projet de modernisation de la gestion du ministère qui devrait aboutir à terme à la création d’un département des ressources humaines, a-t-il déclaré à L’Orient-Le Jour. Les attentes en la matière sont flagrantes. «C’est la première fois qu’on nous remercie», a fait remarquer au ministre une fonctionnaire qui a assisté à la cérémonie. «Nous aimerions tellement que toutes ces résolutions se concrétisent», lance une autre employée en référence à l’engagement de bâtir un ministère moderne. Un ministère où «les sourires des fonctionnaires accueillent les citoyens», selon le nouveau directeur général. Où les employés manifestent de «l’empressement à le servir rapidement, à respecter les règlements et les lois». Une Administration dénuée de corruption. Le mot a été prononcé sans détour par M. Bifani qui a promis de se montrer intransigeant quelles que soient les «interventions extérieures». Fermeté appuyée par le ministre Corm selon qui toutefois il n’est pas possible dans l’immédiat d’espérer une revalorisation des salaires de la fonction publique. «L’état des finances publiques ne le permet pas, a-t-il dit à L’Orient Le Jour. Par ailleurs, la situation matérielle des fonctionnaires est de façon générale moins mauvaise que la moyenne des Libanais. Ils bénéficient d’assurances sociales et de bourses, ainsi que de primes liées à la perception des impôts. Même si cette année ils ont consenti un sacrifice dans ce domaine». Rajeunir et former L’augmentation des salaires et traitements arrive pourtant en tête des revendications du personnel interrogé depuis février sous l’égide de l’Institut des Finances. Vingt-six pour cent d’entre eux, soit la plus forte proportion, classent en effet le «bas niveau des salaires» au premier rang des inconvénients liés à leur métier. En revanche, et c’est une surprise selon les jeunes femmes de l’Institut qui se sont succédé pour présenter les résultats, le «service du public» arrive en tête de la liste des avantages, cité par 39 % des fonctionnaires. La motivation essentielle est donc là. Reste à créer les conditions nécessaires à l’exercice de ce service. Rajeunir les effectifs est un préalable, si on en croit le résultat de l’enquête. Aux trois quarts composée d’hommes, l’administration des Finances est répartie en trois départements : 71 % sont employés par la direction générale, 28 % par le registre foncier et le cadastre et 1 % par le département de la Loterie nationale. Or 47 % des employés sont âgés de plus de 50 ans à la direction générale. Cette proportion passe à 75 % dans les deux autres départements. La formation du personnel constitue le deuxième impératif. Car 76 % des effectifs de la direction générale appartiennent à la catégorie quatre, ce qui correspond à des emplois peu qualifiés. Cette proportion atteint de 83,4 % au cadastre et 60 % à la Loterie nationale. Seuls 15 % des membres du cadastre ont atteint le niveau universitaire et 52 % n’ont pas répondu à la question concernant leurs qualifications. La situation est un peu moins grave à la direction générale où 45 % des effectifs ont atteint le niveau universitaire. La formation passe aussi par la mobilité au sein même du ministère. Cinquante-quatre pour cent des fonctionnaires de la direction générale ont déjà changé d’emploi, mais seulement 3 % d’entre eux affirment vouloir une mutation. L’Institut des Finances, qui a déjà procuré une formation à 70 % des fonctionnaires du ministère, a donc du pain sur la planche.
«La reconstruction du Liban en un pays prospère, en paix avec lui-même, dépendra d’abord de sa fonction publique». Les mots de Jean-François Bijon sont destinés à encourager le nouveau directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani. «Bâtisseur de l’État». C’est la mission qui attend le nouveau directeur et les 1 500 fonctionnaires de cette administration, a...