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Actualités - REPORTAGES

Portrait - Le nouveau directeur général du ministère des Finances prend officiellement en charge ses fonctions Alain Bifani : si je transige, il faudra que je parte(photo)

Les détracteurs innombrables de l’Administration libanaise ? Alain Bifani voudrait les démentir, de l’intérieur. Grande ambition pour le nouveau directeur général du ministère des Finances qui sera présenté cet après-midi lors d’une cérémonie au palais de l’Unesco. Son âge d’abord, 32 ans aujourd’hui même, est un pied de nez au népotisme. La moyenne d’âge est supérieure à cinquante ans dans l’administration. Son parcours universitaire et professionnel ensuite, un défi aux Cassandre d’un service public qui serait incapable d’attirer à lui les compétences. Sa détermination enfin, un souffle nouveau sur le «mammouth» libanais, réputé inamovible. Pistonné Bifani ? Les rumeurs vont bon train sur la nature de la «wasta». L’intéressé répond avec le sourire : «J’ai tout entendu. Je serais parent du président, neveu d’un ministre, cousin d’un député, appuyé par un tel, etc. Je dis oui à tout. C’est plus simple». Costume clair, cravate écossaise, lunettes légères, «saadat el-moudir» porte les attributs de sa fonction sans ostentation. Pour l’interview, politesse rare, il ne s’interrompt pas toutes les cinq secondes pour décrocher son cellulaire. De petits riens plantent un personnage respectueux et rigoureux et permettent d’espérer qu’il ne cèdera pas aux tentations. On les imagine nombreuses pour un homme qui cumule de telles responsabilités malgré sa jeunesse et son manque d’expérience, avec un salaire d’à peine 2,5 millions de livres par mois. Un défi qui ne se refuse pas Le sens de l’intérêt général s’acquiert instantanément, à en croire le nouveau directeur qui n’avait jamais pensé qu’il serait un jour fonctionnaire. Appelé à une carrière prometteuse dans le privé, il a été surpris par le poste qu’on lui proposait. Un «défi qui ne se refuse pas», dit Alain Bifani. «La posture dégoûtée ne suffit pas. Pour que les choses changent, il faut agir. Je ne pense pas qu’un pays soit condamné à des problèmes insurmontables». Idéaliste, il a goûté à la politique et s’est même présenté aux élections municipales, mais en entrant au ministère, il confie avoir facilement mis de côté ses engagements. Car, «il suffirait de faire entrer le loup dans la bergerie et ce serait la catastrophe». D’ailleurs, son premier combat, il a décidé de le mener contre le noyautage politicien de l’administration. Un ministère particulièrement sensible que celui des Finances. Les trois mois qu’il vient d’y passer pour apprendre à le connaître, s’initier à ses rouages et combler les lacunes d’une formation qui a l’avantage d’être pluridisciplinaire, avec une dominante financière, mais ne l’a pas préparé au service de l’État. Écoute, visites surprises dans les succursales éloignées, entretiens avec les différents responsables... cette immersion a permis au nouveau directeur de mesurer les dégâts. Corruption, mépris du contribuable... la chanson est connue. Mais c’est peut-être le sentiment d’injustice face aux fonctionnaires honnêtes qui révolte le plus Alain Bifani. «Si je ne suis pas capable de sanctionner ceux qui le méritent et de récompenser ceux qui font du bon travail, je n’ai pas ma place dans ce ministère». Le nouveau directeur arrive donc avec des principes et une certaine idée de l’objectif : une administration efficace, au service du public. Pour y parvenir, il précise bien qu’il ne prétend pas tout savoir. «Mon rôle n’est pas d’être le meilleur, mais de savoir utiliser les compétences». Et surtout de réorganiser une institution-clé de l’État dont les postes sont vacants à près de 50 %. «Les problèmes sont immenses, en partant des locaux, jusqu’à l’informatique, la formation du personnel. Ils sont structurels, fonctionnels, humains...». La réforme sera longue. Petit îlot par petit îlot. Elle se fera sans effet d’annonce, promet Alain Bifani. Le match débute. Le jeune homme s’est fixé une règle : «Si je commence à transiger, il faudra que je parte».
Les détracteurs innombrables de l’Administration libanaise ? Alain Bifani voudrait les démentir, de l’intérieur. Grande ambition pour le nouveau directeur général du ministère des Finances qui sera présenté cet après-midi lors d’une cérémonie au palais de l’Unesco. Son âge d’abord, 32 ans aujourd’hui même, est un pied de nez au népotisme. La moyenne d’âge est...