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Actualités - CHRONOLOGIE

Des différences oubliées

Amal et le Hezbollah, disent les poètes du zajal, sont deux rivières qui ont une même source, l’imam Moussa Sadr. Une image qu’il importe de corriger sur le papier autant que les événements, extrêmement regrettables, le font sur le terrain. Amal et le Hezbollah sont dans la réalité physique deux sources distinctes qui n’ont en commun que leur confession et un même découvreur, l’imam. L’explication : Hezbollah, c’est Baalbeck-Hermel et Amal, le Sud. Le premier parti a su importer son combat à la frontière et y triompher. Mais il n’y aura pas tout à fait vaincu la loi du nombre, par ailleurs chère à un autre pôle spirituel chiite, l’ayatollah Mohammed Mehdi Chamseddine. Un passé plutôt orageux en fait constamment foi, c’est le mot : Amal et le Hezbollah sont deux options parallèles parce qu’elles répondent à des paramètres différents. Tant sur le plan socio-économique que dans le domaine culturel au sens large du mot. Le contraste dans le climat est, aussi farfelue que l’idée puisse paraître, une des causes qui font que les chiites de la Békaa et ceux du Sud n’ont pas connu une évolution tout à fait identique. Leurs convictions religieuses, leur langage, leur accent de terroir même se ressemblent et les rassemblent. Mais leurs objectifs concrets de survie les séparent autant qu’avant les temps modernes, ils pouvaient séparer le pâtre et le paysan. Pas de vie nomade, pas de transhumance et pratiquement pas de tribus à code dans le Sud tabagier. Et pas de sédentarisme frileux dans le jurd du Hermel, aux confins d’un désert qui insuffle dirait-on un esprit de razzia. Un sens de la mobilité qui, redisons-le au risque de trop schématiser, explique un peu pourquoi le fusil clanique de la Békaa s’est retrouvé au Sud pour le bon combat. Une fois le levier de la motivation, hautement spirituelle, mis en action par l’imam. À scruter d’un peu près les fiches de l’histoire, on constate d’ailleurs que les affrontements entre les deux formations chiites ont surtout eu lieu pendant les périodes de démobilisation forcée, face à l’ennemi commun. C’est d’ailleurs grâce à la rémanence de ce facteur que l’allié commun le plus proche, la Syrie, a pu imposer pour les prochaines législatives, comme pour les précédentes, une alliance électorale entre Amal et le Hezbollah. Chacun connaît sa part et s’en accommode. Il ne s’agit donc pas d’une lutte d’influence ordinaire. Alors pourquoi les rapports de fond entre les deux groupes restent-ils si problématiques quoi qu’ils en disent et indépendamment de toute circonstance occurrente ? Simplement parce qu’on est là en présence d’une Thébaïde : sous un même toit, deux ouvertures qui donnent du monde, de soi-même et de l’autre une vision différente.
Amal et le Hezbollah, disent les poètes du zajal, sont deux rivières qui ont une même source, l’imam Moussa Sadr. Une image qu’il importe de corriger sur le papier autant que les événements, extrêmement regrettables, le font sur le terrain. Amal et le Hezbollah sont dans la réalité physique deux sources distinctes qui n’ont en commun que leur confession et un même...