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Actualités - ANALYSE

Toujours pas de décision unifiée à l'Est Les partisans de la participation se retranchent derrière le réalisme

La controverse se poursuit à l’Est entre boycotteurs et participationnistes. Tout le monde, ou presque, convient de la nécessité de faire front uni. Mais comme chacun tient à ce que sa propre option soit retenue, on n’est pas près d’une décision unifiée. Les boycotteurs font valoir, comme on sait, que rien n’ayant changé depuis 1992, les choses ayant même empiré, le mot d’ordre de boycott lancé alors devrait être maintenu. D’autant que les multiples défections enregistrées en 1996, même chez certains ultras, ont en définitive servi d’alibi à un système tronqué, débouchant sur un lamentable fiasco politique pour l’opposition chrétienne. À cette thèse condensée, les partisans de la participation opposent un choix de pis-aller, au nom de la real politik. Ils reconnaissent, car c’est évident, que les conditions restent les mêmes. Mais ils se hâtent de relever que le boycott n’a absolument rien donné. Ainsi, rappellent-ils, la bouderie généralisée de 1992, qui avait suscité un taux d’abstention de quelque 84 %, n’avait même pas réussi à porter le pouvoir à reporter les élections, comme cela était demandé. Ces politiciens ajoutent que la démocratie est certes un bien beau concept, mais qui ne tient pas la route face à la volonté régionalo-internationale imposée à ce pays. Ni la forte mobilisation populaire ni le refus des pôles politiques ou religieux, ajoutent-ils, n’avaient pu infléchir le scénario établi après Taëf. Un plan qui, à leur avis, n’a pas été modifié d’un iota et ne le sera pas. Le rejet unanime adopté en 1992 n’avait donc eu aucun effet. Il aurait encore moins d’impact, aujourd’hui, les forces concernées offrant le spectacle de déplorables divisions sur tout et sur rien, relèvent les mêmes sources. Qui soutiennent ensuite que le boycott ferait l’affaire des candidats loyalistes puisqu’ils n’auraient plus de rivaux et bénéficieraient de l’abstention d’électeurs qui leur sont hostiles. Mais à l’Est il y a aussi des ni-ni. C’est-à-dire un courant qui pense qu’il ne faut ni participer ni boycotter. Explication : ces politiciens recommandent que l’opposition envoie ses électeurs en masse aux urnes, mais sans présenter elle-même de candidats. Détaillant en pratique leurs arguments, ces personnalités avancent les observations suivantes : – Si un groupe devait prendre unilatéralement la décision de boycotter absolument les élections, une proportion appréciable de ses propres partisans, entre 40 et 50 % probablement, se démarquerait de lui par nécessité de défendre des intérêts locaux. La fiabilité et le prestige des leaders qui auraient appelé au boycott général en prendraient un coup. – En revanche, les immixtions assurées dans la fabrication des listes élimineraient certainement le gros des postulants de l’opposition, considérés comme indésirables. Ces parachutages connus empêchent par ailleurs la mise sur pied de listes cohérentes. Dans ce sens que les opposants ne pourraient pas se regrouper et se retrouveraient isolés, paralysés, au sein de formations n’ayant pas les mêmes orientations qu’eux. Il serait donc judicieux de décréter le boycott au niveau des candidatures jusqu’à la disparition des facteurs qui interdisent la mise en place de listes cohérentes. – Par le vote massif, l’opposition peut favoriser l’élection de loyalistes qui sont plus proches de ses thèses que les ultras de leur camp. Et qui serviraient mieux les intérêts de la collectivité que les moutons suivistes ou les opportunistes. – D’une façon pragmatique, l’oppositon peut monnayer la participation de ses électeurs. Tant auprès des autorités, qui tiennent à un fort taux de participation électorale, pour légitimer le processus, qu’auprès des candidats loyalistes qui bénéficieraient de l’apport des voix contrôlées par l’opposition. Celle-ci pourrait donc poser des conditions déterminées, améliorant ses positions et défendant l’intérêt de la population. Cependant, pour tout dire, les conditions évoquées par ces tenants du réalisme paraissent à l’examen problématiques. Ils demandent en effet, moyennant la participation électorale qu’ils promettent, rien moins que le retour du président Amine Gemayel et du général Michel Aoun ainsi que la réhabilitation des FL par l’abolition du décret de dissolution et une amnistie générale, sans plus de discrimination, pour les actes commis pendant la guerre. Ces personnalités demandent aussi une amnistie pour les lahdistes et veulent que tous les Libanais partis pour des causes politiques ou sécuritaires puissent revenir sans craindre d’être poursuivis. Bien entendu, du côté des officiels, ces exigences font sourire et l’on répond qu’il n’est pas question de les honorer à seule fin de faire gagner des voix à des candidats déterminés.
La controverse se poursuit à l’Est entre boycotteurs et participationnistes. Tout le monde, ou presque, convient de la nécessité de faire front uni. Mais comme chacun tient à ce que sa propre option soit retenue, on n’est pas près d’une décision unifiée. Les boycotteurs font valoir, comme on sait, que rien n’ayant changé depuis 1992, les choses ayant même empiré, le...