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Actualités - INTERVIEWS

L'ambassadeur d'Argentine aime Jorge Luis Borges, l'éternité et un jour ...

Il a imaginé une bibliothèque immense, c’était dans un de ses sublimes contes, elle contiendrait «tout ce qu’il est possible d’exprimer, dans toutes les langues. Tout». Et dans les autres, il accumule les références bibliographiques, souvent fictives, et ce génie-là a passé sa jeunesse dans les bibliothèques de son père, «aux innombrables livres anglais», il a même été employé d’une Bibliothèque municipale de Buenos Aires. À Madrid, âgé de vingt ans, il se lance dans l’aventure du vers libre, de la métaphore chic et choc, de la phrase sans ponctuation avant de retourner dans sa ville natale où il cherchera à appliquer son «ultraïsme», un mouvement poétique vaguement dada. Et en 1923, c’est Ferveurs de Buenos Aires, il y chante les bas quartiers de la capitale, le Rio de La Plata, les mauvais garçons, les danseurs de tango, «cette pensée triste qui se danse», aux cheveux gominés. Ensuite, ce sont L’Histoire de l’infamie et L’Histoire de l’éternité qui inaugurent son œuvre de conteur, celle à qui il doit sa consécration définitive avec Fictions et L’Aleph. Sa race ? Celle des écrivains qui ne se complaisent qu’aux jeux de l’esprit et de l’imagination. Nulle préoccupation sociale, aucun engagement politique, ni dans ses essais ni dans ses contes. Son credo ? «L’irréalité est la condition de l’art». Son atmosphère est fantastique, capable de donner l’illusion de la réalité à force de logique interne, de lucidité dans l’analyse des situations, de rigueur mathématique, il suffit de relire Six problèmes pour Don Isidro Parodi, son fantastique est purement intellectuel. Chez lui, lui le sceptique, art et métaphysique se confondent, et lorsqu’il se penche sur le destin de l’homme égaré dans un monde chaotique, un labyrinthe, il tente de résoudre l’angoissant problème du temps en niant son déroulement linéaire pour miser sur l’éternel retour des choses. Le langage que Borgès s’est forgé, et qu’il maîtrise à la perfection, est saisissant de précision, de rigueur, de baroque. Lire ce génie-là devrait être considéré comme acte d’utilité publique, il rend heureux.
Il a imaginé une bibliothèque immense, c’était dans un de ses sublimes contes, elle contiendrait «tout ce qu’il est possible d’exprimer, dans toutes les langues. Tout». Et dans les autres, il accumule les références bibliographiques, souvent fictives, et ce génie-là a passé sa jeunesse dans les bibliothèques de son père, «aux innombrables livres anglais», il a même...