Mission difficile mais non impossible de Roed-Larsen en Israël Frontière : le Liban et l'ONU ont harmonisé leurs positions

Au cours de son dernier séjour à Beyrouth, à la fin de la semaine dernière, l’émissaire des Nations unies au Proche-Orient Terjé Roed-Larsen est parvenu à démontrer aux responsables libanais la conformité de la ligne bleue, tracée par l’Onu pour certifier le retrait israélien du Liban-Sud, à la frontière internationalement reconnue de 1923, à l’exception des trois sites contestés à Rmeich, Misgav Am et Mtoullé, affirme-t-on de sources bien informées. Le mérite en revient au principal artisan de cette ligne bleue, le chef cartographe de l’Onu, Miklos Pinther, qui a réussi par ses explications à en convaincre les dirigeants libanais. M. Pinther accompagne M. Roed-Larsen dans sa navette en cours entre le Liban et l’État hébreu. La délégation de l’Onu avait quitté dimanche Beyrouth pour se rendre en Israël et devrait être de retour avant la fin de la semaine. Selon les mêmes sources, le Liban et l’Onu sont également tombés d’accord sur l’existence de neuf empiètements israéliens sur la ligne bleue. Ils sont convenus de considérer comme achevée la première étape de l’application de la résolution 425 du Conseil de sécurité si M. Roed-Larsen parvient à convaincre le Premier ministre israélien Ehud Barak de mettre fin aux empiètements. La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) pourrait alors se déployer dans la bande frontalière évacuée par Israël avec l’appoint supplémentaire d’un millier de Casques bleus. En outre, souligne-t-on toujours de mêmes sources, Beyrouth et les Nations unies sont désormais d’accord aussi sur l’importance d’une application «rapide» mais non «précipitée» de la résolution 425. Les deux parties estiment en effet que la prise en charge par la Finul de la bande frontalière aurait de nombreuses conséquences positives, parmi lesquelles le déminage du terrain, actuellement bourré d’engins explosifs. Les sources libanaises considèrent que la mission de M. Roed-Larsen en Israël est «difficile» mais non «impossible», et jugent «important» que l’émissaire de l’Onu ait fait sienne la position officielle du Liban au sujet des empiètements. Des diplomates en poste à Beyrouth s’attendent à voir M. Barak faire preuve de «souplesse» à cet égard, mais affirment ne pas pouvoir trancher dans un sens ou dans un autre, en raison des difficultés actuelles du Premier ministre israélien du fait de la désintégration progressive de sa coalition. Certaines sources diplomatiques pensent qu’Israël ne va pas régler définitivement le problème des empiètements parce qu’il voudra poser des conditions déterminées au Liban, en attendant une percée sur le volet israélo-palestinien des négociations de paix. D’autres, au contraire, estiment que M. Barak serait enclin à en finir au plus tôt avec les violations de la frontière libanaise, afin précisément de pouvoir jouir d’une plus grande marge de manœuvre avec les Palestiniens. Sur un tout autre plan, on s’attend de sources informées que le Liban figure sur la liste des pays qui bénéficieront du programme d’aide extérieure que le Congrès américain va examiner demain jeudi dans le cadre du budget 2001. Ces sources, qui tiennent leurs informations de diplomates américains en poste à Beyrouth, croient savoir que la «conception» que se fait Washington de l’aide à apporter au Liban «a changé», mais sans plus de précision. On estime qu’un montant situé entre 15 et 18 millions de dollars serait «un indice négatif», d’autant que l’Usaid, l’organisme américain chargé de l’aide au développement à l’étranger, vient d’établir un rapport détaillé sur les besoins de reconstruction du Liban-Sud.