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Actualités - REPORTAGES

Sondages et série de contacts en prévision du scrutin législatif Le Bloc national, entre radicaux et pragmatiques

Avec la montée de la fièvre électorale, beaucoup d’observateurs se demandent si, après le décès de Raymond Eddé, le Bloc national va rester fidèle à la ligne dure tracée par son chef historique, ou bien si le nouveau Amid, moins prisonnier de ses prises de position et slogans radicaux, fera preuve de plus de pragmatisme. En faveur de la seconde éventualité, les observateurs citent deux données nouvelles : d’abord, les Israéliens ont fini par quitter le pays. Or Raymond Eddé posait le départ de l’armée israélienne du Liban comme l’une des conditions préalables à son retour au Liban. Deuxième facteur : il existe en ce moment des signes d’un dégel dans les relations entre la Syrie et le nouveau Amid Carlos Eddé. Le ministre d’État syrien pour les Affaires de la présidence a été délégué à Beyrouth aux condoléances de Raymond Eddé. Pour rendre à Damas sa politesse, M. Carlos Eddé s’est rendu en Syrie pour les obsèques de Hafez el-Assad. C’est d’abord de la bienséance, font savoir les proches de M. Eddé, mais on se demande si de bonnes relations personnelles ne sont pas une bonne base pour de bons rapports politiques ? On rappelle que Raymond Eddé posait le départ des Syriens du Liban comme l’autre condition préalable à un retour au Liban. En tout état de cause, la question ne laisse pas indifférent le parti lui-même, dont les hauts responsables multiplient les contacts et les sondages, avant de prendre position officiellement au sujet de l’éventuelle participation de Carlos Eddé aux élections législatives de l’été. Une prise de position franche à ce sujet serait prise dans une quinzaine de jours, assure-t-on. Le « bon moment » Selon le secrétaire général du BN Ibrahim Estephan, le «bon moment» pour remettre le parti en circuit est arrivé. Pour M. Estephan, ce serait dilapider un précieux capital de sympathie manifesté à l’occasion des obsèques de Raymond Eddé, que de ne pas le faire. L’émotion suscitée par la mort du chef historique du BN devrait être mise au service des idéaux de Raymond Eddé. L’application de la 425, que Raymond Eddé a si souvent réclamée, la probité et l’intégrité politique, dont le Amid était le héraut et le champion, sont aujourd’hui des thèmes politiques en vogue, dont le BN aurait tort de ne pas profiter. Mais si le BN doit participer à la vie politique nationale, ce sera certainement sur de nouvelles bases, et en tenant compte du contexte politique libanais, conformément aux vues de Raymond Eddé. Déjà au début des années 90, ce dernier mettait en garde ses partisans : «La vie politique nationale et la vie démocratique agonisent au Liban». De fait, comme le note l’ancien président du conseil exécutif du BN Sélim Salhab, le BN a connu, durant la décennie passée, une sorte de traversée du désert, une période où tout ce qui se disait entre quatre murs finissait par être connu, et où le BN recevait des «conseils» de se tenir tranquille. De ce fait, explique Ibrahim Estephan, s’il doit participer aux élections législatives, le BN doit s’assurer que l’exercice des libertés et la conclusion d’alliances politiques seront garanties, et qu’un «minimum démocratique» sera assuré. Pour s’en assurer, le BN observe en ce moment ce qui se passe en Syrie, et les résultats du 9e congrès du Baas. Ce que le BN observe également, ce sont les mœurs politiques au Liban même, dans un effort pour savoir si la «culture de la servilité» dont fait état le RP Sélim Abou continue de dominer, ou s’il existe une volonté de dialogue d’égal à égal avec la Syrie, notamment au sujet de sa présence militaire et sécuritaire au Liban. Enfin, le BN observe attentivement ce qui se passe à la frontière, dans un effort pour percer les intentions israéliennes, et prévoir si les empiètements dont se plaint le Liban ne sont pas autant de passerelles par lesquelles l’État juif pourrait se réintroduire sur la scène locale. Conséquences pratiques Concrètement parlant, deux courants, l’un radical, l’autre plus modéré, se partagent aujourd’hui le BN. Le courant radical souhaite une fidélité absolue, dans le fond et la forme à Raymond Eddé, et à son nationalisme ombrageux. C’est-à-dire, en clair, la poursuite du boycottage des législatives de l’an 2000, comme ce fut le cas en 1992 et 1996. L’autre courant serait plus souple, plus pragmatique, et pas nécessairement moins fidèle aux objectifs de Raymond Eddé. En tout état de cause, Carlos Eddé est conscient de ces enjeux, affirment ses proches, et a mis en tête de ses priorités la réunification des rangs du Bloc national. M. Eddé doit notamment tenir compte du fait que la région de Jbeil reste le centre de gravité de la base électorale de Raymond Eddé, et qu’elle comporte une large frange d’indécis et de mécontents, qui n’ont pas compris la radiation des rangs du BN de son ancien secrétaire général Jean Hawat. Ce dernier avait décidé en 1996 de passer outre à la consigne de boycottage, et de se présenter aux élections. Il fut même un temps où plusieurs dizaines de membres et sympathisants du BN envisagèrent de démissionner collectivement du BN, avant de se ressaisir et de considérer que le BN «n’est la propriété de personne» et qu’ils en sont les légitimes héritiers au même titre que quiconque. Sage décision, Carlos Eddé a décidé de rester au Liban au cours de la prochaine étape de la vie nationale, ce qui lui permettra de suivre les choses de près, de dialoguer avec les divers courants de sa formation et réduire au minimum les manœuvres, intrigues et mensonges qui fleurissent en temps d’élection.
Avec la montée de la fièvre électorale, beaucoup d’observateurs se demandent si, après le décès de Raymond Eddé, le Bloc national va rester fidèle à la ligne dure tracée par son chef historique, ou bien si le nouveau Amid, moins prisonnier de ses prises de position et slogans radicaux, fera preuve de plus de pragmatisme. En faveur de la seconde éventualité, les...