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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le bâtonnier de Beyrouth s'entretient avec l'Orient Le Jour Lyan : pour le respect des droits de l'homme, c'est uniquement vers l'Europe que nous nous tournons (photo)

Avant-hier, lundi, le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth Michel Lyan ainsi que le chef de la délégation de la Commission européenne Dimitris Kourkoulas ont présenté conjointement le projet «Droits de l’homme et démocratie au Liban». Ce projet est financé par un don de l’UE de 200 000 euros au profit de l’Institut des droits de l’homme, qui relève du barreau de Beyrouth, et il vise à promouvoir, former, éduquer et sensibiliser différents groupes aux droits de l’homme. Nous avons rencontré, à l’issue de cette présentation, le bâtonnier Lyan, qui a répondu à nos questions, toutes nos questions, simplement, directement, sans (trop de cette incontournable) langue de bois. Et avec le sourire. – Cet Institut des droits de l’homme est une initiative louable. Est-ce la vôtre ? «Non, c’est celle de mon prédécesseur, le bâtonnier Kortbawi, qui l’a institué en 1997. Le bâtonnier Klimos a poursuivi l’action et moi j’ai eu la chance de recevoir, sous mon mandat, ce don de la Commission européenne». – Nous avons entendu dire que l’UE allait bloquer ces subventions ? Qu’en est-il exactement ? «C’est vrai concernant le volet “démocratie”. L’UE aide sur le plan des droits de l’homme et sur celui de la démocratie. Le budget de cette dernière est bloqué. Mais nous, nous ne travaillons sur la démocratie qu’en la pratiquant, qu’en la prônant. Le barreau de Beyrouth est une institution qui pratique la démocratie, et ce depuis sa création, en 1919». – Pensez-vous que ce don va contribuer réellement et efficacement à l’application des droits de l’homme au Liban ? Et comment allez-vous l’utiliser ? «Certainement, cela va se renforcer. Quant au budget, il se distribuera entre les cycles de conférences, les séminaires, les colloques et les parutions». – Pas les prisons par exemple ? «Les prisons dépendent d’une autre commission spéciale, indépendante de l’Institut des droits de l’homme. Pour les prisons, nous collaborons avec bon nombre d’autres associations. Nous avons un petit budget pour les prisons et, juridiquement parlant, nous prônons le respect des droits primordiaux des détenus, nous travaillons pour leur dignité, à travers différents organismes au barreau. Et le 6 juillet, j’ai une réunion de la commission des droits de l’homme du barreau consacrée, justement, aux prisons. Dans tous les cas, dans mon programme, j’ai mis en exergue deux lignes directrices, les prisons et les mineurs, deux problèmes très aigus de la société libanaise». – Elles sont concrètes ces lueurs ? «Je ne veux pas sonner le glas de la liberté quelles que soient les violations. Mais j’ai foi, la pratique de la liberté et des droits de l’homme, c’est un mode de vie, une conviction, une tradition». – Mais quand on voit comment se déroulent les procès des anciens membres de l’ALS… «Ce n’est pas génial, n’est-ce pas… Sauf que ces procès, c’est un cas particulier, beaucoup plus politique qu’autre chose. Les prisonniers “normaux“ ne sont pas souvent mieux traités, vous savez. Nous faisons notre maximum pour que la situation s’améliore, que les avocats reçoivent beaucoup plus tôt les dossiers. Et le juge Safieddine est un des meilleurs au Liban. Il ne faut pas oublier que ce qui est arrivé à ces gens, c’est la faute de l’État, qui depuis plus de 32 ans et les accords du Caire, s’est définitivement exclu du Sud. Et maintenant, ces procès, ça sera de la routine. Dans tous les cas, nous travaillons, dans le cadre de cet Institut des droits de l’homme, et depuis trois ans, pour avoir cette aide, vu que le gouvernement, concernant ce volet, ne nous donne rien. Tout ce que le gouvernement fait, c’est contribuer un peu pour ce qui concerne les délinquants juvéniles. Notre seul soutien, c’est l’UE et la Suisse. Pour les droits de l’homme, ce ne sont pas les pays arabes ou la Syrie qu’il faut suivre, mais l’Europe». Dans les programmes scolaires – Quel est votre but? «Généraliser la connaissance et l’application de la Déclaration des droits de l’homme, la mettre au programme de toutes les écoles, des facultés de droit. C’est ce à quoi je m’emploie : la culture. Il faut regarder vers l’Europe pour la culture, de la même façon que, pour l’argent, c’est vers les pays arabes qu’il faut regarder». – Qu’en est-il des prisonniers libanais en Israël et en Syrie ? «En Israël, il y a encore 16 ou 17 détenus politiques, que nous réclamons par le biais de toutes les organisations internationales, vu qu’il n’y a aucun dialogue entre Israël et nous. Quant aux prisonniers syriens, je parle de leur situation avec les ministres de la Justice Joseph Chaoul et de la Défense Ghazi Zeayter. Il faut commencer les pourparlers avec le ministre libanais de la Justice et le gouvernement libanais qui en discute avec le gouvernement syrien. Je n’ai aucune idée du nombre de prisonniers, mais je sais qu’il y a beaucoup de pourparlers». – Et la censure qui sévit actuellement ? «Je suis contre à 100 %. Et pour la liberté à 100 %, tant qu’on ne touche pas à la sécurité nationale. Et puis maintenant, tout le monde a accès à Internet, c’est ridicule. Il ne faut combattre les mots qu’avec les mots. Et puis les Libanais, en général, à cause de la guerre, ont acquis, sur un certain plan, une grande maturité, qu’ils perdent au moment des élections par exemple…».
Avant-hier, lundi, le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth Michel Lyan ainsi que le chef de la délégation de la Commission européenne Dimitris Kourkoulas ont présenté conjointement le projet «Droits de l’homme et démocratie au Liban». Ce projet est financé par un don de l’UE de 200 000 euros au profit de l’Institut des droits de l’homme, qui relève du...