Syrie - Un programme stratégique, réaliste et ambitieux pour affronter l'avenir Le congrès du Baas va corriger les aspects négatifs du passé

Le neuvième congrès du parti Baas au pouvoir en Syrie s’ouvre samedi à Damas pour placer à sa tête Bachar el-Assad, fils et successeur désigné du président défunt Hafez el-Assad. Présenté comme le «général docteur» dans la presse officielle, Bachar el-Assad, 34 ans, ophtalmologue de formation et depuis peu chef des armées, a été qualifié jeudi de «nouveau dirigeant» par le ministre de l’Information Adnane Omrane. Bachar assistera en tant que «membre éminent» du parti au congrès, du 17 au 21 juin, a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse. Le chef du Parlement syrien Abdel-Kader Kaddoura avait été très clair en déclarant lundi que le congrès allait le nommer secrétaire général du parti Baas arabe et socialiste à la place de son père. Le ministre de l’Information a laissé entendre que sous la direction de Bachar qui a étudié notamment en Grande-Bretagne, le pays s’ouvrirait d’avantage à la presse étrangère. Bachar el-Assad «a fait part de son respect pour la presse et ce respect se poursuivra et s’approfondira», a dit le ministre. Le Baas est officiellement «le parti qui guide la société». En prenant son contrôle, Bachar deviendra le chef de l’organisation qui encadre la population dès l’âge scolaire ainsi que les syndicats et la presse. Le dauphin de la présidence n’a actuellement pour titre officiel que celui de général, commandant en chef des forces armées, obtenu dimanche au lendemain du décès de son père. Ce titre est très important dans un pays ou l’armée joue un rôle politique depuis 1949, date du premier coup d’État. Le Parlement syrien, dominé par le Baas, doit examiner le 25 juin la candidature de Bachar à la présidence, présentée par le commandement du parti Baas immédiatement après la disparition de Hafez el-Assad. Puis une date sera fixée pour la tenue d’un référendum qui doit consacrer Bachar comme président de la République arabe syrienne, le 16e depuis l’indépendance du pays en 1946. Éliminer les abus La Constitution stipule que le référendum doit se tenir dans les 90 jours suivant le décès du chef de l’État et M. Omrane a indiqué qu’il se déroulerait «bientôt», sans autre précision. Le congrès du Baas devra également, selon les milieux officiels, adopter un programme visant à moderniser le pays et à éliminer les abus dans l’Administration, objet actuellement d’une campagne anticorruption menée sous la houlette de Bachar. Le ministre de l’Information a déclaré par ailleurs que «le congrès va débattre de la situation» qui a prévalu en Syrie depuis son dernier congrès, en 1985, «et des rapports sur les questions politiques, économiques et organisationnelles». Le congrès va adopter «un programme stratégique, réaliste et ambitieux pour affronter l’avenir (...) les aspects positifs seront préservés et les aspects négatifs changés», a-t-il ajouté sans autre précision. Le dauphin de la présidence syrienne est connu pour ses orientations libérales. Il préside la société nationale d’informatique et prône une réforme de l’économie aujourd’hui relativement archaïque et inadaptée à la révolution Internet. Le secteur bancaire privé, susceptible de gérer et d’encourager les investissements, est inexistant, ce qui entrave le développement des grandes potentialités économiques de la Syrie, un objectif vital pour créer des emplois dans un pays à très forte croissante démographique. Conscient des possibilités et aussi des lourdeurs bureaucratiques aggravées par la corruption, le nouveau gouvernement de Moustapha Miro, formé en mars et qui porte la marque de Bachar el-Assad, s’est engagé à «lutter contre la corruption et à assainir et à moderniser l’économie».