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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le président du Conseil affirme que le Liban s'est entendu avec Larsen sur un mécanisme pour surmonter les différends Hoss : le Liban acceptera toute décision de l'ONU(photo)

«La Syrie n’a pas modifié sa position au sujet des hameaux de Chebaa, le Liban non plus. Nous coopérerons avec l’Onu, quelle que soit sa décision, mais nous continuerons à revendiquer chaque pouce de notre territoire». Le président du Conseil M. Sélim Hoss est un peu las d’expliquer la position officielle libanaise aux nombreux journalistes qui défilent en permanence dans son bureau, au Grand Sérail, ou à son domicile, à Aïché Bakkar. Mais il se rend compte qu’il ne suffit pas de remporter une victoire sur le terrain, il faut aussi gagner la bataille de l’information. Et cet homme discret se voit ainsi contraint à multiplier les rencontres avec la presse, témoignant parfois une certaine impatience lorsque les questions se font insistantes, mais sans jamais refuser de répondre. D’emblée, le Dr Sélim Hoss exprime sa joie de voir le Sud libéré sans incidents majeurs. «N’est-ce pas magnifique ? Le peuple libanais est un peuple héroïque. Il a fait preuve d’un plus haut niveau de civilisation et de tolérance que la plupart des populations qui se sont trouvées dans une telle situation. De toute façon, je le savais. Je n’ai pas eu un seul moment d’inquiétude et, lorsque dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 mai, on m’a annoncé le début du retrait israélien, j’étais sûr qu’il n’y aurait pas de problèmes. Bien que nous ayons été un peu pris de court. Nous savions certes que les Israéliens allaient avant la date annoncée, du 7 juillet, mais ils avaient parlé du 1er juin, et finalement ils n’ont pas tenu jusqu’au 25 mai, en raison de l’effondrement de l’ALS». Apparemment, le Hezbollah n’a pas été pris de court, puisque ses hommes suivaient les Israéliens pas à pas. Ont-ils coordonné avec eux leur déploiement dans les positions évacuées par les Israéliens et leurs alliés ? «Le Hezbollah n’a pas occupé les positions évacuées. Ses hommes sont simplement les fils du Sud et ils connaissent parfaitement la région. Il était donc normal qu’ils suivent le retrait israélien…». La coopération avec l’Onu Comment explique-t-il le revirement syrien au sujet des hameaux de Chebaa ? «Il n’y a pas eu de revirement. La position syrienne comme la position libanaise considère que ces hameaux font partie du Liban. Le Liban ne considérera pas que le retrait israélien est complet, si ces hameaux ne sont pas restitués au Liban. Mais nous respecterons la décision de l’Onu quelle qu’elle soit. Depuis 22 ans, nous appelons à l’application des décisions internationales ; nous ne pouvons pas modifier notre position, parce que l’une d’elles ne nous plaît pas. De plus, dans son rapport, le secrétaire général des Nations unies ne nie pas la libanité des hameaux de Chebaa. Il déclare simplement que leur restitution n’est pas comprise dans la résolution 425. Il s’est basé sur le fait qu’en 1974, lorsqu’il y a eu un désengagement entre les Israéliens et les Syriens, les hameaux de Chebaa figuraient par erreur sur la carte prise pour base des opérations devenue le territoire contrôlé par la FNUOD. Or, un lieu ne peut pas être à la fois sous le contrôle de la FNUOD et de la Finul». Que fera le Liban si les Nations unies considèrent que le retrait israélien est complet, sans les hameaux de Chebaa ? «Nous continuerons à coopérer avec l’Onu, mais nous n’abandonnerons pas notre territoire». Y aura-t-il des opérations de résistance pour libérer Chebaa ? «En tant qu’État, nous respectons la mission de l’Onu et nous coopérerons avec elle, tout en continuant à revendiquer notre droit». On dit que la Syrie a modifié sa position à ce sujet lorsque l’Onu lui a demandé un document écrit sur la libanité de ces hameaux… «C’est faux. Le ministre Chareh m’a appelé et m’a affirmé que la position de son pays est inchangée. L’Onu ne leur a pas demandé un document écrit et dans le communiqué final publié à l’issue de la réunion de Palmyre, les Syriens ont officiellement reconnu la libanité de ces hameaux». La position de la France La récente position de la France peut-elle entraîner le refus du Conseil de sécurité de renouveler le mandat de la Finul, qui expire en juillet ? «Si le Conseil de sécurité prend une telle décision, il serait en train de violer sa propre décision. Je ne crois pas qu’un tel scénario soit envisageable. En ce qui nous concerne, nous déplorons vivement les propos attribués au ministre français des Affaires étrangères et dans lesquels il critique les positions libanaise et syrienne. Nous pensions qu’il aurait compris la position du Liban, qui refuse de brûler les étapes, et s’en tient à une application stricte des résolutions 425 et 426. Celles-ci prévoient un mécanisme en trois étapes : la vérification du retrait total israélien au-delà des frontières, le déploiement des forces de l’Onu dans la zone d’opération et enfin les Casques bleus préparent le terrain à la prise en charge par les autorités légales libanaises des lieux évacués. Lorsque les deux premières étapes seront achevées, on verra si l’armée libanaise se déploiera sur le terrain. Rien n’empêche un tel déploiement. Même si je crois que la sécurité est une décision, non une force militaire. Normalement, les deux premières étapes ne devraient pas prendre du temps. La constatation du retrait aurait dû être achevée en quelques jours, mais des différends de dernière heure ont surgi. Je ne crois pas qu’ils retarderont encore longtemps le rapport final, puisque nous nous sommes entendus avec M. Larsen et la délégation qui l’accompagne sur un mécanisme pour les surmonter. Nos contacts avec l’émissaire des Nations unies sont permanents et fructueux». Difficile cohabitation S’agit-il réellement d’une surface de 23 km2 ? «Si on les additionne sans doute. Mais la question n’est pas là. Pour le Liban, c’est une question de principe». Pourquoi le Liban veut-il gagner du temps avant d’envoyer l’armée au Sud ? «Si l’armée devait se déployer au Sud sitôt après le retrait israélien, pourquoi aurons-nous besoin de la Finul ? Ce sont les Casques bleus qui doivent remettre les positions à l’armée. De plus, si l’armée et la Finul doivent se déployer en même temps, il est difficile d’imaginer la cohabitation de deux armées relevant de deux commandements différents sur un même territoire». L’armée et les forces syriennes cohabitent bien pourtant sur le reste du territoire libanais ? «Il n’y a pas de soldats syriens déployés dans les rues. Leurs barrages sont dressés à côté de leurs positions et ils sont là pour épauler en cas de besoin les forces légales». Pourquoi, selon lui, le Conseil de sécurité insiste-t-il sur le déploiement de l’armée au Sud ? «Le Conseil de sécurité n’a jamais réclamé un tel déploiement. La France l’a fait, mais j’ignore pour quelle raison. Ce que je peux vous dire c’est que nos intentions à nous sont bonnes. Pour la France, je ne sais pas». Que vont devenir les armes de la Résistance ? «Elles sont entre leurs mains depuis dix ans, les armes lourdes ayant été ramassées en 1991. Pourquoi gêneraient-elles aujourd’hui plus qu’hier ?». Est-ce à dire qu’il y aura encore des opérations contre Israël ? «Je ne peux pas dévoiler toutes nos cartes». Le Hezbollah a récemment déclaré qu’il comptait poursuivre son action jusqu’à la libération des hameaux de Chebaa ? «Je ne souhaite pas faire de commentaires. La position du gouvernement est de coopérer avec les Nations unies et d’accepter leurs décisions». Pourquoi le Hezbollah et les autres formations ne remettent-ils pas à l’armée les armes prises à Israël ? «Ils ont commencé à le faire et cela se passe par étapes. Je suis confiant que toutes ces armes seront remises à l’armée». Les Syriens ont toujours déclaré qu’ils se retireraient du Liban après les Israéliens. Pensez-vous que l’heure d’un tel retrait est arrivée ? «Nous refusons de lier la présence syrienne à l’occupation israélienne. De plus, les troupes syriennes se trouvent au Liban à la demande de l’autorité légale de ce pays en 1976 et suite à une décision arabe. De toute façon, c’est une présence provisoire. Les Syriens quitteront le Liban lorsque ce pays le jugera nécessaire et le leur demandera. Franchement, évoquer ce sujet à l’heure actuelle me paraît déplacé». Sera-t-il opportun un jour ? «En tout cas pas aujourd’hui». Il a été question de modifier le découpage électoral en cas de retrait israélien afin de créer de nouvelles circonscriptions au Sud. Est-ce envisagé à l’heure actuelle ? «Je crois que les délais ne le permettent pas. Pour établir un nouveau découpage électoral, il faut du temps et des préparatifs. Je crains que nous n’ayons plus le temps de le faire».
«La Syrie n’a pas modifié sa position au sujet des hameaux de Chebaa, le Liban non plus. Nous coopérerons avec l’Onu, quelle que soit sa décision, mais nous continuerons à revendiquer chaque pouce de notre territoire». Le président du Conseil M. Sélim Hoss est un peu las d’expliquer la position officielle libanaise aux nombreux journalistes qui défilent en permanence...