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Actualités - ANALYSE

Le pouvoir ne veut pas que l'armée joue les gardes-frontières

Le monde entier s’étonne. Le Liban libère une frontière qui jouxte un territoire ennemi, sans envisager d’y faire acte de présence militaire. Les admonestations pleuvent donc de tous côtés. Pliant un peu sous la pression internationale, le pouvoir local n’exclut pas d’envoyer l’armée au Sud, mais seulement quand il le jugera opportun. Il est d’ailleurs contraint d’accepter le principe pour se conformer à son tour à la 426 qui est, comme on le sait, le décret d’application de la 425. Or cette résolution à caractère technique le précise nettement : les Casques bleus ne seront déployés que pour épauler l’armée libanaise. Relevant que Beyrouth voudrait se contenter des gendarmes, un diplomate étranger lance cette boutade : «Vous n’avez qu’à échanger les dénominations. Baptisez vos FSI armée nationale et classez vos soldats comme agents de l’ordre». Cette incompréhension généralisée agace les loyalistes, qui affirment que le Liban n’a pas l’intention d’envoyer la troupe «jouer les gardes-frontières pour le compte de l’État hébreu». Une explication un peu courte, qui cache mal le souci d’appliquer un vieil adage de prudence : dans le doute, abstiens-toi. Ce qui signifie, dans la conjoncture actuelle, que le pouvoir n’est pas tout à fait fixé sur les intentions du Hezbollah, des Palestiniens et encore moins des décideurs. Si, pour une raison ou pour une autre, l’ordre était donné de lancer de nouvelles opérations contre Israël, l’armée risquerait de devoir se heurter aux activistes. Ce qui pourrait avoir de graves retombées sur le plan intérieur. Sans compter que le Liban serait militairement responsable, ce qui permettrait à d’éventuelles représailles israéliennes de le frapper en profondeur. Pour compenser un peu la fâcheuse impression que suscite cette attitude, les responsables s’efforcent de renforcer au plus vite la présence sécuritaire de la police. Chaque jour, de nouveaux contingents de gendarmes, d’agents de la Sûreté d’État ou de la Sûreté générale sont répartis dans les localités libérées, établissant des contrôles aux entrées comme dans les centres de ces villages. Du coup, les désordres, les pillages se font plus rares, bien que les apparitions armées restent nombreuses. Les partis de leur côté désavouent les éléments indisciplinés et appellent tous à la concorde, en écho à l’appel lancé par le chef de l’État aux fugitifs de revenir. Une amélioration de climat qui permet aux loyalistes de revenir à la charge, en soulignant que la sécurité de la population ne peut pas être assurée par l’armée, mais par un consensus socio-politique. Ce à quoi les diplomates étrangers cités répondent que la mission de l’armée ne serait pas de faire la police à l’intérieur des villages, où les gendarmes doivent être présents, mais de veiller à ce qu’il n’y ait pas des infiltrations et des bases d’activisme, libanais ou palestinien. Quoi qu’il en soit, le Liban officiel a confirmé qu’il coopérera pleinement avec la Finul. En faisant remarquer à l’Onu qu’Israël a procédé à un retrait piégé, sans coordination avec l’organisation internationale et en tentant de laisser dans la zone chrétienne un noyau de l’ALS fortement armé pour provoquer des clashes intérieurs à caractère confessionnel. Un plan que la débandade de la milice auxiliaire a fait échouer. Israël, ajoutent les loyalistes, n’en poursuit pas moins ses tentatives d’affaiblissement du Liban. C’est à cette fin qu’Ehud Barak propose à ce pays une paix rapprochée, et séparée, qui disloquerait son jumelage avec la Syrie.
Le monde entier s’étonne. Le Liban libère une frontière qui jouxte un territoire ennemi, sans envisager d’y faire acte de présence militaire. Les admonestations pleuvent donc de tous côtés. Pliant un peu sous la pression internationale, le pouvoir local n’exclut pas d’envoyer l’armée au Sud, mais seulement quand il le jugera opportun. Il est d’ailleurs contraint...