Les miettes de la gloire

Tu chasses le naturel, il revient en chantant. Dès qu’un lopin de terre change de main, c’est la ruée des raclures qui accourent à la récup. Des p’tits crevards qui n’ont pas tiré un seul coup de feu en 22 ans d’occupation, mais qui se voient soudain investis d’une haute mission de justice : taper dans le bas de laine des villageois isolés. Un magnétoscope par-ci, une dent en or par-là, ça peut toujours meubler l’ordinaire d’un vaurien, surtout si, en prime et en guise de trophée, il peut orner son butin d’un slip usagé d’Antoine Lahd. Cette curée, ma mère ! Et quoi en face pour dissuader ces aspirants-aspirateurs ? Tremble minable, car voici les gendarmes de la Brigade Dondaine. F, S et I, trois lettres synonymes de sandwiches en bandoulière et de barrages pour taxe mécanique. Une présence tellement bidon que ça en devient bidonnant. Et sans téléphone avec ça, car ce n’est pas le petit barbichu replet et patelin des PTT qui va les connecter, maintenant que sa cellulite est en sévère bisbille avec le cellulaire. Et puis faut pas oublier l’autre razzia, celle des ministres, des députés, des chefs de clans... Tous ces blaireaux de la politique débarquant avec leurs tronches de grincheux qui auraient foiré leur loto. Eux aussi n’y sont pour rien dans l’événement, mais se contenteraient bien de quelques léchouilles à l’adresse des barbus dans l’espoir de recueillir les miettes de la gloire. Bref, tout le monde est là-bas... sauf ceux qui devaient y être en premier. Pleure pas, il sera toujours temps de les regarder le 22 novembre.