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Actualités - OPINION

Les hameaux du dessert

Après avoir tiré pendant plus de vingt ans, les Israéliens vont donc se tirer. Le plus vexant dans l’affaire, ce ne sont pas tant les menaces du petit rondouillard qui promet de nous labourer avec ses avions «au cas zou»… que ces cours forcés de géographie accélérée qu’on t’impose à la télé, véritable chewing-gum de l’œil où les ahuris de la politique ont soudain viré cartographes. Après le coup des frontières à tiroirs 1923-1948-1978, voilà qu’on nous sert maintenant un concept dépoussiéré : les hameaux de Chebaa. Tu savais que ça existait, toi, ce caillou ? Eh bien, t’as tort, parce que tu en apprendrais des trucs. Comme par exemple les temps heureux des années soixante où le racket, la vendetta et le banditisme y opposaient les bouviers du coin, pendant que nos gouvernants de l’époque s’en tamponnaient les claouis. Tu penses bien qu’ils n’allaient pas se déranger pour des querelles de culs de vache… Les Syriens, eux, par contre, s’étaient dérangés. Mais ceux-là, tu les connais. Se déplacent jamais sans un minimum de ressources humaines : policiers, gendarmes, espions… Et un minimum de matériel : commissariat en préfabriqué, kalachs en kit, potences pliantes… À chacun son bougnoule, les ploucs des hameaux étaient matés. Bouge pas ! Voilà que les Israéliens et leurs papillotes se pointent pour le dessert en juin 1967. Ceux-là aussi tu les connais. Font pas dans les nuances. Libanais ou Syriens, pour eux, c’est du kif. Alors ils décident de les coordonner avant l’époque. Visent le drapeau flapi au-dessus du commissariat et décrètent que le secteur est un appendice du Golan. Adieu hameaux, vaches, espions, bouviers… Résultat : après nous avoir caché tout cela pendant 40 ans, nos grincheux d’aujourd’hui en sont réduits à bêler à la face du monde pour récupérer leur moignon de terre jadis négligée. Et toi à attendre que les barbus remontent à l’assaut… et prier pour échapper à la dérouillée aérienne qui s’ensuivra.
Après avoir tiré pendant plus de vingt ans, les Israéliens vont donc se tirer. Le plus vexant dans l’affaire, ce ne sont pas tant les menaces du petit rondouillard qui promet de nous labourer avec ses avions «au cas zou»… que ces cours forcés de géographie accélérée qu’on t’impose à la télé, véritable chewing-gum de l’œil où les ahuris de la politique ont soudain viré...