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Actualités - ANALYSE

Tracé frontalier - Un problème inventé de toutes pièces Israël tente ... de brouiller les cartes

D’entrée de jeu, les Israéliens ont voulu, lorsqu’ils se sont emparés d’une partie du territoire libanais, jouer avec les panneaux indicateurs. Pour faire main basse, notamment, sur la source du Wazzani. Mais à l’époque leur propre protégé, Saad Haddad, s’était opposé à leurs visées. Avec ses hommes, il avait tout remis en place, en avertissant l’occupant que les frontières du Liban restaient intangibles tant qu’il y aurait un Libanais pour les défendre. Mais Israël, s’il ne peut pas modifier la frontière du côté de Nakoura, tente de le faire au bas du mont Hermon. En mettant à profit une lacune cartographique ancienne. Ayant sous leur mandat, après la Grande Guerre, la Syrie aussi bien que le Liban, les Français n’avaient pas songé à préciser les délimitations entre les deux pays sur les contreforts du haut massif, comme ils l’avaient fait dans la plaine à hauteur de Masnaa. Ils s’étaient contentés de relever le tracé de la frontière du Liban ou de la Syrie avec la Palestine, qui pour sa part était sous mandat britannique. Ainsi, les Israéliens, avant de partir, introduisent aujourd’hui dans la machine un grain de paille qui risque de l’enrayer. La paille des fermes de Chebaa. À cause de ces lopins, lotis au bas du mont Hermon, Israël remet en cause le tracé des frontières libanaises. Si l’occupant n’acceptait pas de restituer ces fermes, sous le fallacieux prétexte qu’elles font partie du Golan annexé, le retrait potentiel du territoire libanais serait juridiquement nul et non avenu. Ce reflux ne constituerait en effet, aux yeux du Liban officiel comme de la Résistance, qu’un redéploiement, pour profond qu’il puisse être. Ce qui signifierait que les opérations contre Israël en tant qu’État spoliateur, devraient rester justifiées aux yeux de la légalité internationale. Car, dès lors que le retrait n’est pas total, on ne pourrait pas considérer que la 425 a été appliquée. On imagine l’ambiance qui régnerait alors, la poursuite du cycle de violence où attaques et ripostes s’enchaîneraient dans une redoutable escalade mettant en péril toute la région. Des cadres locaux qui ont participé aux entretiens avec M. Roed-Larsen et avec les experts qui l’accompagnaient, dont le cartographe en chef de l’Onu, M. Miklos Pinter, indiquent que l’envoyé du secrétaire général a rapporté qu’Israël soutient mordicus que les fermes de Chebaa ne sont pas terre libanaise. Qu’elles ne sont pas couvertes par la 425 et font partie du dossier des négociations entamées avec la Syrie en base de la 242. L’État hébreu affirme, à l’appui de sa thèse, avoir mis la main sur ces fermes dès la guerre de juin 1967, non en 1978 ou en 1982 lors des deux invasions israéliennes du territoire libanais. L’émissaire de M. Kofi Annan a tenu pour sa part à préciser qu’il ne fait que transmettre les assertions des parties concernées «car, a-t-il précisé en substance, nous ne sommes pas là pour tracer des lignes pour des frontières qui font l’objet de litiges entre États voisins, pareillement membres des Nations unies. L’accord sur le tracé des frontières est affaire des États concernés, non de l’Organisation internationale. Le rôle de l’Onu est de veiller à ce que le retrait israélien s’opère de tout le territoire libanais au-delà des frontières internationalement reconnues du Liban. Nous œuvrons dès lors avec toutes les parties pour établir des lignes en vue de déterminer s’il y a eu ou non un retrait complet. C’est là un travail purement technique». En d’autres termes, l’Onu, sans vraiment arbitrer le conflit, s’efforce de lui trouver une solution à l’amiable, en base de données concrètes. À Beyrouth, du moment que les cartes ne parlent pas, on avance une preuve tangible : de tout temps les fermes de Chebaa sont inscrites au cadastre foncier du Sud que tout particulier peut consulter au sérail de Saïda. Et on n’en trouve aucune trace dans les services fonciers syriens. En foi de quoi le Liban clame haut et fort ses droits sur les fermes de Chebaa, inscrites à son actif en 1923. Une revendication que d’ailleurs Damas soutient pleinement, les dirigeants syriens ayant de la sorte confirmé à M. Roed-Larsen que ces fermes sont couvertes par la 425. Ils ont produit à ce sujet des documents archivés depuis trois quarts de siècle au siège de leur ministère de la Défense. Il reste un fait : les Israéliens ont bonifié, durant leur annexion, les terres de Chebaa, les transformant en vignobles et y plantant même des installations touristiques. Mais cette amélioration d’un territoire spolié ne leur donne aucun droit. Même pas, en principe, celui de détruire ce qu’ils ont réalisé, avant de s’en aller.
D’entrée de jeu, les Israéliens ont voulu, lorsqu’ils se sont emparés d’une partie du territoire libanais, jouer avec les panneaux indicateurs. Pour faire main basse, notamment, sur la source du Wazzani. Mais à l’époque leur propre protégé, Saad Haddad, s’était opposé à leurs visées. Avec ses hommes, il avait tout remis en place, en avertissant l’occupant que les...