Rendez-vous avec l'Histoire

«La communauté internationale a de bonnes raisons de croire que le Liban-Sud sera bientôt libre (...) Une fois de plus, ce grand pays a rendez-vous avec l’Histoire. Il n’est pas exagéré d’affirmer que les yeux du monde entier sont tournés vers le Liban». L’émissaire de l’Onu Terjé Roed-Larsen a trouvé le ton juste pour s’adresser aux Libanais. Oui, voici des mots que les Libanais, toutes communautés confondues, ont soif d’entendre. Voici d’autres mots qui attendent encore, en toute dignité et respect, d’être prononcés : Libanais, Libanaises, Une page de notre histoire nationale est sur le point d’être tournée. Un ennemi qui occupe notre sol depuis plus de deux décennies est à la veille de se retirer, incapable désormais d’assumer les pertes en hommes que notre résistance a réussi à lui infliger. Des craintes et des doutes s’élèvent dans vos cœurs, au sujet de ce qui peut survenir, après ce retrait. Ces craintes sont légitimes, car les années difficiles nous ont appris à nous méfier d’un ennemi rusé, sans scrupules. Mais elles sont injustifiées, car nous savons désormais que nous avons devant nous des hommes faibles, comme tous les hommes qui savent ne pas être dans leur droit. Libanais, Libanaises, Nos frontières, toutes nos frontières, sont sacrées. Elles délimitent cet espace qu’est le Liban, patrie de la liberté, de l’humanité, berceau de civilisation, modèle de tolérance et de grandeur d’âme. Nul ne nous dictera la conduite à suivre. L’avenir du Liban est ce que nous en ferons, par notre propre volonté. Notre vaillante armée attend cette heure depuis longtemps, l’heure où cette portion de territoire chérie entre toutes retrouvera sa place au sein de la Patrie. Elle saura se montrer à la hauteur de sa mission. Jouissant de l’assistance de forces que la communauté internationale et la Syrie sœur, dans leur vigilante générosité, ont su mettre à notre entière et souveraine disposition, elle saura assumer la charge de la pacification et de l’extension de l’autorité de l’État. Libanais, Libanaises, Sachez que votre gouvernement fera tout pour éviter que cette éclatante victoire ne tourne au désavantage du Liban, et ne soit ternie par des actes de vengeance aveugle, où des incidents qui pourraient constituer une menace pour ceux d’entre vous qui ont ployé sous le joug de l’occupation, ou qui pour des raisons compréhensibles, poussés par la nécessité, ont compromis leur liberté ou leur loyauté libanaise dans des actes civils avec l’ennemi. Quant aux actes répréhensibles que certains ont pu commettre, il appartient à la Justice libanaise, à la Justice libanaise seule, à la Justice clémente, d’en juger et de se prononcer sur le châtiment qu’ils méritent. Libanais, Libanaises, Une crise économique et sociale appréciable affecte notre vie nationale. Je connais les souffrances endurées par certains d’entre vous, que le chômage réduit au besoin et oblige à songer à quitter la Patrie. Par delà les règles qui gouvernent, sur le plan national comme sur le plan international, les échanges économiques, il est un facteur d’équilibre qui nous appartient en propre, et qu’il dépend de nous de mobiliser, de mettre à notre service : la confiance. Je voudrais vous rassurer à ce sujet et vous dire : l’État veille et ne permettra pas qu’il soit pris avantage de cette heure critique, pour mettre en péril le pouvoir d’achat de la livre, vital pour beaucoup d’entre vous, pour les plus faibles avant les plus forts. Prouvons que cette confiance est justifiée. Agissons en tout avec le sens national qui convient. Faisons preuve de la solidarité indispensable pour surmonter les difficultés Libanais, Libanaises, L’heure est grave, mais elle est loin d’être noire. Courage, confiance, solidarité. Le Liban sortira grandi de l’épreuve. Dans l’exercice de la souveraineté, il n’y aura pas de partage. Nous ne permettrons pas qu’il soit porté atteinte au moral de la nation. «Il n’est pas exagéré d’affirmer que les yeux du monde entier sont tournés vers le Liban. Une fois de plus, notre grand pays a rendez-vous avec l’Histoire».