Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Israël pourrait avancer son retrait à la fin juin Roed-Larsen se heurte à l'écueil de Chébaa

Dans une parfaite concordance de temps et de vues avec Damas, le Liban a décidé de coopérer avec les Nations unies pour appliquer «sincèrement et exactement» les résolutions 425 et 426, dans une lettre adressée au secrétaire général de l’Onu et remise hier par le président Émile Lahoud à M. Roed-Larsen. Dans la lettre remise par le président Lahoud à l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, le Liban souligne toutefois que «l’application des deux résolutions exige le retrait complet d’Israël du territoire libanais derrière les frontières internationalement reconnues, sans condition». Beyrouth, rappelant que «les frontières entre le Liban et la Palestine ont été tracées en 1923» – par les puissances mandataires, la France et le Royaume-Uni –, estime qu’«un retrait complet doit inclure les fermes de Chébaa». Ces fermes sont situées sur le versant libanais du mont Hermon, mais limitrophes du plateau syrien du Golan occupé par Israël en 1967 et annexé en 1981. Toutefois, le Liban ainsi que la Syrie affirment que ces hameaux faisaient partie du Liban. M. Berry a montré hier à l’émissaire onusien des titres de propriété datant du milieu des années trente consignés au registre foncier de Saïda, prouvant ces faits. Surpris d’être confronté à cet écueil imprévu, ce dernier a toutefois affirmé que sa mission porte uniquement sur le tracé frontalier entre le Liban et la Palestine mandataire, c’est-à-dire sur une ligne allant de Ras Nakoura à Maroun el-Ras, mais ne comprend pas le tracé frontalier entre le Liban et la Syrie. Le mandat de la Finul La lettre remise à M. Roed-Larsen se présente comme un complément du «mémorandum» déjà adressé par M. Lahoud à M. Annan. Ce mémorandum, évoquant l’incapacité de l’actuelle Finul à empêcher depuis 1978 les affrontements armés, s’interrogeait notamment sur la capacité d’une force de même type à s’interposer à l’avenir entre Israël et des éléments armés venus, par exemple, des camps palestiniens du Liban. « Le temps est compté » Pour sa part, M. Roed-Larsen a souligné devant la presse à l’issue de ses entretiens que le «temps est compté» et qu’«il y avait beaucoup de problèmes compliqués à traiter et de nombreux détails à régler dans les semaines à venir». L’envoyé onusien a annoncé qu’il resterait aujourd’hui, vendredi, à Beyrouth pour poursuivre ses discussions au lieu d’aller visiter la Force intérimaire des Nations unies au Liban-Sud (Finul) comme prévu. Il en profitera pour mettre les ambassadeurs des membres permanents du Conseil de sécurité au courant de ses entretiens. Les milieux diplomatiques n’excluent pas que la question de Chébaa puisse retarder, sinon entraver, la mission de l’émissaire onusien, et relevaient que sa décision de rester à Beyrouth est significative et doit lui permettre notamment de se concerter avec M. Annan et de prendre contact avec la partie israélienne à ce sujet. Arrivé mercredi soir à Beyrouth, après un séjour en Israël, pour discuter des modalités d’application des résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité, l’envoyé spécial de l’Onu, Terjé Roed-Larsen, avait commencé par déclarer qu’il avait été encouragé par deux séries d’entretiens qu’il a eus avec les dirigeants libanais sur le retrait israélien du Liban-Sud. «Laissez-moi dire combien j’ai été encouragé par les entretiens que j’ai eus» avec le président Émile Lahoud et le président du Conseil Sélim Hoss, a déclaré M. Roed-Larsen à la presse. Quelques heures plus tard, l’émissaire onusien a également rencontré le président de l’Assemblée nationale Nabih Berry. «Nous avons plusieurs questions compliquées et de nombreux détails à régler au cours des prochaines semaines», a-t-il ajouté, indiquant que «le temps pressait», dans une allusion à l’échéance du 7 juillet, date limite fixée par Israël pour son retrait. De source informée proche du président de l’Assemblée, on affirme que M. Roed-Larsen a laissé entendre que le retrait israélien pourrait être avancé et se produire d’ici la fin juin. M. Berry a considéré que l’État juif, ce faisant, exerce sur le Liban une certaine forme de «pression» à laquelle le Liban «ne céderait pas». «Nous avons discuté les besoins opérationnels des Nations unies pour pouvoir s’assurer d’un retrait israélien total du territoire libanais jusqu’à la frontière internationalement reconnue», a encore affirmé M. Roed-Larsen. Sur le point relatif à l’augmentation des effectifs de la Finul, le Liban a réservé sa réponse, estimant qu’il ne faut pas brûler les étapes, et qu’il était nécessaire que la Finul achève la première phase de sa mission : la constatation du retrait total d’Israël. Sur ce point précis, le Liban prêche d’ailleurs un converti, puisque l’émissaire onusien lui-même avait affirmé quelques heures auparavant : «Nous avons expliqué (à la partie libanaise) que le redéploiement des Casques bleus de l’Onu ne pourra se faire qu’après la confirmation d’un retrait total de la part d’Israël (...) qui se fera par l’intermédiaire d’unités militaires de l’Onu». Après le Liban, l’émissaire onusien doit se rendre en Syrie, en Jordanie et en Égypte, avant de rentrer le 10 mai à New York. Discussions cartographiques En marge des entretiens de M. Roed-Larsen avec les responsables, le directeur du service cartographique de l’Onu Miklos Pinter a eu des entretiens hier avec des experts militaires et des responsables de services de sécurité libanais, en présence d’un conseiller du président du Conseil Sélim Hoss. Les discussions ont porté notamment sur le tracé frontalier syro-libanais et la revendication libanaise de la propriété des fermes de Chébaa. Ces 18 fermes, dont 4 inhabitées, près de la localité libanaise de Chébaa, sont situées sur le versant libanais du mont Hermon, mais limitrophes du plateau syrien du Golan occupé par Israël en 1967 et annexé en 1981, et non de l’ancienne Palestine britannique. Israël les occupe aujourd’hui, après en avoir conquis 7 en juin 1967, et en a «grignoté» sept autres entre 1985 et 1989 après l’occupation du Liban-Sud. Le plateau de Chébaa, à plus de 1 500 mètres d’altitude et en contrebas du mont Hermon, regorge d’eau. Le fleuve Wazzani qui passe par le Golan syrien occupé et qui se déverse dans le lac de Tibériade y prend sa source. Israël, qui a établi dans les fermes de Chébaa des centres de villégiature, un centre de ski et une station radar, a annoncé dernièrement que Chébaa était un territoire syrien dont le sort serait fixé dans le cadre d’un accord avec la Syrie, alors que Damas a récemment déclaré que les hameaux de Chébaa faisaient partie du Liban.
Dans une parfaite concordance de temps et de vues avec Damas, le Liban a décidé de coopérer avec les Nations unies pour appliquer «sincèrement et exactement» les résolutions 425 et 426, dans une lettre adressée au secrétaire général de l’Onu et remise hier par le président Émile Lahoud à M. Roed-Larsen. Dans la lettre remise par le président Lahoud à l’envoyé...