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Actualités - REPORTAGES

Voyage - Atelier d'urbanisme à Irkoutsk pour 14 jeunes dont Jehanne Pharès Carnet de route d'une libanaise en Sibérie (photos)

Après des études de sciences politiques (AUB) puis de géographie (USJ), Jehanne Pharès, 22 ans, fait actuellement un DES d’urbanisme à l’Alba-Université de Balamand. Il n’y a pas longtemps, elle a participé, avec 28 jeunes de différents pays, à un atelier d’urbanisme en Sibérie, dans la ville d’Irkoutsk. Organisé par des experts des ateliers d’été de Cergy-Pontoise, en collaboration avec l’Université technique d’Irkoutsk, la mairie de cette ville et la fondation européenne Baïkal, ce projet a été pour Jehanne Pharès une expérience enrichissante sur plus d’un plan. Du 8 au 28 février dernier donc, 14 jeunes venus de Corée, d’Espagne, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Liban et 15 Russes se sont penchés sur la réhabilitation du centre-ville d’Irkoutsk. Divisés en cinq équipes, ils ont vécu ensemble trois semaines de travail intensif (environ 20h par jour), mais également des moments de détente et d’amusement. Chaque équipe devait présenter un projet, en trois exposés, deux intermédiaires et un final. Sur les cinq projets présentés, un seul a été retenu. «Mais en réalité, il ne pourra pas être entièrement réalisé», précise Jehanne Pharès. «Ce sont plutôt les idées les plus importantes de chaque projet qui seront prises en compte». Ces ateliers d’Irkoutsk, s’inscrivant dans le cadre d’une expertise d’un an, organisée par une équipe française, en collaboration avec la municipalité d’Irkoutsk, Jehanne Pharès souligne que «l’objectif premier de ces ateliers était de montrer aux spécialistes d’Irkoutsk qu’il existe une autre ouverture, une autre manière de travailler que celle des années 60. Nous leur avons surtout proposé des idées», ajoute-t-elle. Notamment en ce qui concerne les transports. Avec leurs camarades russes, les jeunes étrangers parlaient l’anglais. «Mais la communication était rude», note Jehanne Pharès. «D’une part, leur anglais est assez faible et d’autre part, ils ont des idées très arrêtées. Par ailleurs, poursuit-elle, on les sentait toujours très vigilants et sous forte pression politique». La « capitale » de la Sibérie Les ateliers étaient installés à l’Université technique d’Irkoutsk. Un énorme domaine, fréquenté par plus de 30 000 étudiants. Les 14 participants non russes logeaient à un quart d’heure de là, dans une résidence universitaire pour étudiants étrangers. «Les journées de travail, nous étions toujours filmés par la télévision locale», raconte Jehanne. «Ce projet était pour eux un grand événement et ils étaient étonnés de la manière avec laquelle nous travaillions». Les jours de balades étaient magnifiques, malgré la température qui variait entre-15 et-20 degrés. «Les premiers jours, nous gelions littéralement, tandis que les Russes étaient en minijupes», se souvient-elle. «Mais c’était déjà le début du printemps, et à la fin de notre séjour, nous avions sensiblement moins froid». D’Irkoutsk, elle pourrait parler pendant des heures. «En février, tout est blanc, c’est vraiment magnifique», dit-elle. «Malgré le froid, le soleil est là et le ciel est toujours bleu. La ville est très belle. C’est en quelque sorte la capitale de la Sibérie, et elle est surtout connue aux niveaux commercial et culturel». Pas loin de la Mongolie – Irkoutsk est plus proche de Pékin que de Moscou –, cette ville joue un rôle commercial important et comprend, entre autres, un quartier chinois du XVIIIe siècle. «D’autre part, comme c’était la région des goulags, tous ceux qui en sortaient sans avoir le droit de rentrer dans les grandes villes s’installaient à Irkoutsk», précise Jehanne Pharès. Plus de 10 % de la population d’Irkoutsk est estudiantine. «Il y a 11 universités, deux théâtres et des activités en permanence. Ça bouge énormément». Côté religion, on trouve de tout, chrétiens, musulmans, bouddhistes et juifs... La rue principale, Karla Marxa «très XIXe siècle, ressemble étrangement au boulevard Haussmann», note Jehanne. «Les maisons sont en bois. Elles ont beaucoup de charme et datent des XVIIIe et XIXe siècles». Mais il n’y a pas d’eau, pas d’égouts ; les toilettes dehors, et il faut aller chercher l’eau à la pompe. Une ville au charme certain Les jeunes urbanistes ont visité la vieille ville ; la rue commerçante piétonne ; le gros centre commercial des années 70 ; le grand marché où chaque tribu sibérienne occupe un stand et vend ses produits ; le marché chinois, dangereux (on se fait voler) mais beaucoup moins cher ; les maisons de vodka... En soirée, ils ont alterné nuits blanches et tournées des pubs et des boîtes de nuit. Mais la vie est moins belle pour les habitants d’Irkoutsk. «Socialement, le paysage est très contrasté, mais la majorité des gens sont pauvres», indique Jehanne. «Ils ne sont pas souriants. Leur vie est dure et leur avenir n’est pas rose. Et puis, la mafia est partout». Soirée typique au Musée des arts folkloriques ; visite d’un musée en plein air sur les différents types de maisons sibériennes (modèles grandeur nature) ; dégustation de mets typiques, très gras, essentiellement à base de viande et de poisson... Le programme était chargé, mais le clou du voyage restera pour Jehanne les deux derniers jours de repos au lac Baïkal. «Ce lac, c’est une des merveilles du monde», insiste-t-elle avec enthousiasme. «C’est un endroit tellement grandiose et unique qu’il vous marque, à vie». Tout autour du lac, on peut acheter du poisson grillé qu’on déguste, sur place, avec les mains. Alors qu’elle avait fait le trajet Moscou-Irkoutsk par avion (6h40 de vol), Jehanne Pharès a choisi de prendre, pour le retour, le fameuxTranssibérien. Voyage donc en cabine 1re classe, pendant quatre journées inoubliables, avec des haltes (de 45 minutes maximum) dans toutes les grandes villes sibériennes. Clôture épique d’un voyage non moins pittoresque, et des souvenirs à la pelle, à conserver précieusement.
Après des études de sciences politiques (AUB) puis de géographie (USJ), Jehanne Pharès, 22 ans, fait actuellement un DES d’urbanisme à l’Alba-Université de Balamand. Il n’y a pas longtemps, elle a participé, avec 28 jeunes de différents pays, à un atelier d’urbanisme en Sibérie, dans la ville d’Irkoutsk. Organisé par des experts des ateliers d’été de Cergy-Pontoise, en...