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Actualités - CHRONOLOGIE

Livres - "Le Prince des cyniques" , de Ramzi Salamé Le libanais tel qu'il est

Le roman de Ramzi Salamé, paru aux éditions Buchet-Chastel et réédité au Liban et en Syrie par les FMA, a un mérite : celui de présenter le Libanais tel qu’il est, et ce n’est pas du joli. Achetable à souhait, assoiffé de pouvoir, obnubilé par le gain, et incapable de retenir les leçons de l’histoire. On le découvre grâce au regard enthousiaste d’abord, décontenancé ensuite et résigné pour finir, du héros, Oscar (El-Tourace, mais qui restera simplement désigné par son prénom). Les 300 pages qui composent l’ouvrage veulent ressembler à un roman d’apprentissage : on suit la vie d’Oscar, depuis sa naissance jusqu’au tournant décisif de sa vie d’homme mûr. La plupart des obstacles, des rencontres ou des difficultés qu’il croise sur sa route est brossée à grands traits, sans trop s’attarder sur les détails : les femmes et la paternité par exemple. Il faut dire que l’auteur a d’autres chats à fouetter, dont un gros comme un fauve : l’argent. C’est lui qui oriente les moindres préférences, les moindres décisions d’Oscar, et c’est cela qui est intéressant. Jusqu’à l’écœurement. Pas de pitié pour les illusions On serait bien tenté de s’offusquer, comme Oscar, en criant à l’infamie, ou tout simplement à l’exagération. Mais ces boursouflures n’ont rien de romanesque : c’est la réalité du Libanais. Bien sûr, on pourra reprocher à Ramzi Salamé sa très grande sévérité, qui ne peut être que celle d’un émigré revenu au pays chercher son enfance pour n’y trouver que des débris d’hommes et d’immeubles. Oscar a eu l’opportunité de fuir la guerre, à la seule différence qu’il est devenu très riche. Il a amassé, plus ou moins honnêtement, une fortune colossale, à la démesure de son ambition. Au moment où l’ennui commence à le gagner sérieusement, un ami d’enfance lui propose la gloire ultime : accéder au poste suprême. Là encore, l’auteur en profite pour montrer les ficelles, plutôt vermoulues, du milieu. Il n’hésite pas à dire que les décisions ne sont pas prises par les Libanais, mais par les puissances régionales et internationales. Un secret de Polichinelle, certes, mais qu’il martèle tout au long des chapitres. Dans ce livre, la moindre lueur d’espoir est tout de suite éteinte : le monde est régi par l’argent. Les honnêtes gens, race en voie de disparition, sont méprisés et les voleurs acclamés. Zorro C’est sûr, Ramzi Salamé ne croit plus depuis longtemps aux images d’Épinal du Libanais. Et Oscar, dans tout ça ? Le lecteur voudrait bien croire à ce Zorro des temps modernes. Ramzi Salamé ne lui donne pas cette joie : il est un Libanais comme les autres, peut-être un peu plus cynique. Le style et le ton de ce livre sont sans grande recherche, et certains passages ressemblent trop à des morceaux de bravoure. Il s’agit plus d’un compte rendu triste sur la réalité d’un peuple qui ne comprendra jamais ce qui est en train de lui arriver. Les passages longs veulent parler de tout à la fois : vie, mort, Dieu, guerre, paix, etc. Ramzi Salamé en a sur le cœur, et dans Le Prince des cyniques, il s’est sûrement beaucoup retenu.
Le roman de Ramzi Salamé, paru aux éditions Buchet-Chastel et réédité au Liban et en Syrie par les FMA, a un mérite : celui de présenter le Libanais tel qu’il est, et ce n’est pas du joli. Achetable à souhait, assoiffé de pouvoir, obnubilé par le gain, et incapable de retenir les leçons de l’histoire. On le découvre grâce au regard enthousiaste d’abord, décontenancé...