Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Sécurité - Enterrement hier de la victime du drame de Mar Roukoz "Tes amis ne t'oublieront pas" : le dernier adieu à David Ajaltouny

David Ajaltouny, victime de l’explosion de la grenade à main mardi matin à l’École supérieure des ingénieurs de Beyrouth (Esib), a été conduit hier à sa dernière demeure par une foule qui arrivait à peine à retenir son émotion. Dès le début de la matinée, beaucoup de camarades de classe et de proches de la famille s’étaient retrouvés au salon de l’Église Mar Nohra, à Furn el-Chebback pour rendre un dernier hommage au jeune étudiant, âgé de 19 ans. À proximité de l’église, des voitures portant l’emblème de l’Université Saint-Joseph (USJ) sont ornées de fins rubans blancs. L’entrée du grand salon est décorée de couronnes couleur neige, provenant notamment de toutes les facultés de l’USJ tous campus confondus. Sur l’une d’elles on pouvait lire «tes amis de 1re sup. ne t’oublieront pas». Des amis qui ont troqué, pour la triste occasion d’hier, leurs jeans et leurs baskets contre des complets cravates et des vêtements sombres. Ils ne réalisent pas encore qu’ils ne verront plus jamais ce jeune étudiant mince et grand de taille, grand sportif doté du sens de l’humour. «C’est un garçon plein de vie», racontent-ils. David, qui habitait Broummana, passait son temps entre l’université et son club sportif de Deir el-Qalaa à Beit Merry. Il aimait les sports de glisse et de plein air, notamment le ski, la natation, le tennis, le vélo et le patinage. «Une fois, il a fait le trajet Broummana-Koleyate à bicyclette, une autre c’est en roller qu’il s’est rendu de Harissa à Beyrouth», dit Nathalie la meilleure amie de sa sœur aînée Céline, âgée de 23 ans. «C’est un garçon travailleur, fonceur, plein de vie, et qui tient surtout à son indépendance», ajoute-t-elle. «Une indépendance accompagnée de responsabilité», renchérit un cousin. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il a travaillé le temps d’un été entier comme serveur dans un restaurant, le Red Cloud à Baabdate. «Il était très bien élevé et il voulait dès le début compter sur lui-même», ajoute-t-il. David n’avait pas de voiture ou de moto. Week-end en famille C’est son père Nohad, ingénieur à Solidere, qui l’accompagnait tous les matins à Mar Roukoz. Son frère Jean, 22 ans, le ramenait le soir à la maison. Parfois, il empruntait la Peugeot de sa mère Hoda. C’est elle qui a été prévenue en premier du drame. Dans l’avant-midi de mardi, elle a reçu un coup de fil de l’université. Elle a cru que son fils était blessé, victime d’un simple accident. Avant de quitter la maison pour se diriger vers l’Esib, elle a préparé des vêtements pour David. «Il devrait être probablement à l’hôpital et il aurait besoin de linges et d’habits propres», a-t-elle pensé. Mais Hoda n’a pas mis les pieds à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu où son fils avait été transporté. C’est à Badaro, au domicile de sa belle-mère, qu’elle a passé le reste de la journée et la nuit de mardi à mercredi. Céline refuse d’évoquer l’accident, mais elle parle volontiers de son frère benjamin. «Quand il était petit et qu’on allait tous à la plage, il enlevait son maillot à sa sortie de la piscine en expliquant “je ne peux plus le mettre, il est tout mouillé”», se souvient-elle. Elle qui habite actuellement Badaro avec sa grand-mère retrouvait son frère en week-end. «Les dimanches à table, c’est lui qui tenait à ouvrir la bouteille de vin. Il a gardé avec lui, en guise de souvenir, le tire-bouchon du Red Cloud où il a été serveur», indique la sœur aînée. Dimanche dernier, deux jours avant le drame, toute la famille s’était retrouvée devant la télé, pour voir le Grand Prix de Saint-Marin. Mordu de Formule I, David admirait Michael Schumacher. «Comme d’habitude on s’est divisé en deux équipes de supporters, papa et maman soutenaient Mika Hakkinen, tandis que mon frère et moi encouragions Schumacher», dit Céline. «Ce jour-là, pour mettre de l’ambiance, papa qui croyait que son favori allait gagner a mis des vêtements rouges, les couleurs du pilote allemand», affirme-t-elle. Le 23 mars dernier, David a célébré son dix-neuvième anniversaire. C’est sa mère qui avait préparé le grand gâteau. Hier, elle était recueillie devant un cercueil blanc.
David Ajaltouny, victime de l’explosion de la grenade à main mardi matin à l’École supérieure des ingénieurs de Beyrouth (Esib), a été conduit hier à sa dernière demeure par une foule qui arrivait à peine à retenir son émotion. Dès le début de la matinée, beaucoup de camarades de classe et de proches de la famille s’étaient retrouvés au salon de l’Église Mar...