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Actualités - REPORTAGES

Universités - Les difficultés se multiplient à l'UL Annulation du concours de titularisation des fonctionnaires

L’Université libanaise fait face depuis plusieurs années à de nombreuses difficultés aussi bien d’ordre administratif que politique. L’une des dernières manifestations de ces difficultés a été la décision prise par le conseil de l’université, lors de sa réunion de mardi dernier tenue sous la présidence du recteur Assaad Diab, d’annuler le concours de titularisation des fonctionnaires de l’UL organisé les 30 et 31 mars et le 1er avril. Le conseil de l’UL a été contraint de prendre cette décision en raison d’irrégularités flagrantes constatées lors du déroulement des épreuves. À l’issue de longs débats, que certains ont qualifiés de «houleux», le conseil de l’université a par ailleurs décidé d’inviter les 600 candidats ayant participé aux épreuves à revenir concourir les 17, 18 et 19 avril. Contrairement à toutes les administrations publiques, l’Université libanaise, de par ses statuts internes, est autorisée à organiser ses propres concours pour le recrutement de ses fonctionnaires. À la suite de la création des nouvelles sections, c’est-à-dire depuis 1976, l’université a recruté de nombreux fonctionnaires, de divers échelons, à titre temporaire. Les différents recteurs qui se sont succédé ont eu recours périodiquement à une telle mesure, pour les besoins de l’université mais aussi «pour répondre aux desiderata de certains politiques», notamment les ministres de tutelle. Il en a résulté l’embauche de centaines de fonctionnaires «journaliers permanents» dont les traitements étaient calculés sur base des jours de travail. Ces fonctionnaires, sous la houlette de leur organisation syndicale, avaient à plusieurs reprises observé des grèves pour demander leur titularisation. L’université a obtempéré et décidé d’organiser, en priorité, un concours pour les fonctionnaires de 3e catégorie, c’est-à-dire les chefs de service administratifs. C’est ce concours, organisé à la fin du mois dernier et supervisé par des doyens et des fonctionnaires supérieurs relevant du rectorat, qui a été annulé mardi dernier par le conseil de l’université, officiellement pour des raisons de «simple désorganisation». Concours et appuis Plus d’un fonctionnaire, candidat aux concours, a révélé à L’Orient-Le Jour les détails de ce «dysfonctionnement» dans l’organisation du concours. Une jeune femme, Jamal N., licenciée es lettres depuis plus de 15 ans, a dénoncé l’ambiance qui a régné dans la grande salle, où «on nous avait parqués», dit-elle. En guise de salle, il s’agissait d’un «énorme sous-sol, mal éclairé, sans aucune ouverture, où les candidats, plus de deux cents, étouffaient et avaient toutes les peines du monde à voir clairement leur papier». Encouragée par plusieurs de ses collègues présents, la candidate a consenti à donner de plus amples détails sur le déroulement de cette épreuve : «L’ambiance ne se prêtait nullement à la concentration. Dans notre salle, on entendait un bruit de fond causé par les bavardages ininterrompus. Les surveillants, souvent des collègues que nous avions l’habitude de rencontrer à différentes occasions sociales et officielles, se permettaient, pour couvrir leur incapacité à faire régner l’ordre dans la salle, de crier, ce qui rendait notre tâche encore plus pénible», souligne Jamal N. Certaines des personnes présentes, ayant elles aussi présenté le concours, ont été plus loin, accusant des responsables de l’organisation des épreuves d’avoir participé à la réglementation de la «fraude». D’aucuns affirment même que de hauts responsables, décidés à faire passer leurs protégés, n’hésitaient pas à se mettre debout devant «leurs» candidats pour leur «dicter» carrément les réponses. Les plus survoltés parmi les fonctionnaires déçus n’hésitent pas à voir dans cette affaire «un grand complot» contre l’université elle-même. L’un d’eux affirme sur ce plan : «Cette large opération de fraude n’est en vérité qu’une grande mascarade. Elle a été voulue pour torpiller le concours. Personne ne veut de nous dans le cadre de l’université. Et même si cela était le cas, l’université est incapable d’organiser des épreuves correctes en raison des pressions auxquelles elle est soumise. Les pistons jouant à grande échelle, aucun concours ne peut être bien organisé». Et le fonctionnaire en question de conclure, approuvé en cela par nombre de ses collègues : «Sur les 600 candidats ayant participé aux épreuves, l’université doit retenir 241. Imaginez donc les pressions qui vont être exercées, par les uns et par les autres, pour faire passer leurs favoris. Pour éviter cela, un concours annulé, qui est en fait une fuite en avant, constitue la meilleure couverture pour maintenir un statu quo dont personne n’arrive à sortir». L’annulation par le conseil de l’université des épreuves est venue corroborer les différentes accusations émanant de divers milieux. De source bien informée, on indique que «lors de la réunion du conseil de l’université, certains doyens n’ont pas hésité à menacer de démissionner au cas où le conseil viendrait à valider les épreuves». La manière dont le nouveau concours sera organisé donnera à l’Université libanaise l’occasion de se racheter. Dans le cas contraire, une nouvelle pierre sera ajoutée à l’édifice des innombrables difficultés sociales, organisationnelles, budgétaires et même politiques auxquelles est confrontée l’institution nationale.
L’Université libanaise fait face depuis plusieurs années à de nombreuses difficultés aussi bien d’ordre administratif que politique. L’une des dernières manifestations de ces difficultés a été la décision prise par le conseil de l’université, lors de sa réunion de mardi dernier tenue sous la présidence du recteur Assaad Diab, d’annuler le concours de...