Liban-Syrie - Visite éclair du Premier ministre sur les bords du Barada Hoss insiste sur la complémentarité économique avec Damas (photos)

La visite éclair que le Premier ministre Sélim Hoss a effectuée hier dans l’après-midi à Damas a permis aux hauts responsables libanais et syriens de réaffirmer leur position de principe respective concernant, notamment, la conjoncture régionale, le processus de paix et les relations bilatérales. Officiellement, cette visite était motivée par la volonté de M. Hoss de féliciter son homologue syrien Mohammed Moustapha Miro qui vient de prendre en charge ses nouvelles fonctions à la tête du gouvernement syrien. En réalité, M. Hoss a passé en revue avec M. Miro, ainsi qu’avec le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh et le colonel Bachar el-Assad, les derniers développements en rapport avec le processus de paix, plus particulièrement après le récent sommet qui a groupé à Genève, le 19 mars dernier, le chef de la Maison-Blanche Bill Clinton et le président syrien Hafez el-Assad. Les entretiens ont également porté sur les perspectives du prochain retrait israélien du Liban-Sud. C’est en fin de matinée que le Premier ministre a pris le chemin de Damas en compagnie du directeur du protocole et des relations publiques à la présidence du Conseil, l’ambassadeur Ramez Dimachkiyé, et de son attaché de presse, Hekmat Abou Zeid. M. Hoss – qui a conféré avant son départ avec le président Émile Lahoud au palais de Baabda – s’est arrêté à Anjar où il s’est entretenu pendant une heure trente avec le chef des services de renseignements syriens au Liban, le brigadier Ghazi Kanaan. À l’issue de cette entrevue, le Premier ministre a pris place à bord de la voiture personnelle du brigadier Kanaan qui a pris lui-même le volant pour accompagner M. Hoss à Damas. Peu avant 11 heures 30, le chef du gouvernement a été accueilli par son homologue syrien et par M. Chareh à l’entrée ouest de la ville de Damas. Après l’accolade traditionnelle entre les deux Premiers ministres, la fanfare de la présidence du Conseil en Syrie a joué les hymnes nationaux libanais et syrien. Le convoi de MM. Hoss et Miro s’est ensuite rendu au siège de la présidence du Conseil, à Damas, où une réunion élargie a groupé, aux côtés des deux chefs de gouvernement, le vice-Premier ministre syrien pour les Services, M. Atri, le vice-Premier ministre syrien pour les affaires économiques, M. Raad, le ministre syrien de l’Économie et du Commerce extérieur, M. Mohammed Maamari, le ministre syrien du Tourisme, M. Kassem Mekdad, le ministre d’État aux Affaires de la planification, M. Issam Zaïm et le ministre syrien du Transport, M. Makram Obeid. À l’issue de cette réunion élargie (qui a été précédée d’un tête-à-tête entre les deux Premiers ministres), M. Hoss s’est rendu au ministère syrien des AE où il a conféré avec M. Chareh avant d’être reçu, vers 15 heures, par le colonel Bachar el-Assad. Complémentarité économique L’Agence nationale d’information (ANI, officielle) a indiqué que la réunion élargie en présence de MM. Hoss et Miro a été axée sur «les mesures qui ont été prises afin de développer les relations sur les plans politique, économique et social et de mettre en application les accords conclus entre les deux pays en vue de renforcer la coopération bilatérale dans les différents domaines et d’établir une complémentarité économique et sociale dans les secteurs industriel, agricole et des services». Commentant, en fin de journée, le bilan de sa visite à Damas, M. Hoss a notamment déclaré : «Les entretiens étaient utiles pour éclaircir les perspectives d’avenir en vue de développer et de renforcer les relations (bilatérales) de plus en plus dans le but de fusionner les deux économies (libanaise et syrienne), de façon à servir les intérêts des deux pays». Après avoir indiqué qu’il avait passé en revue avec M. Chareh les derniers développements régionaux à la lumière du résultat du sommet de Genève, M. Hoss a précisé, en réponse à une question, qu’aucune date n’était encore fixée pour la reprise des pourparlers de paix entre Israël et la Syrie. Interrogé, par ailleurs, sur les perspectives du prochain retrait israélien du Liban-Sud, M. Hoss a réaffirmé l’attachement du Liban à l’application de la résolution 425 afin d’obtenir un «retrait israélien inconditionnel jusqu’aux frontières internationales». Chareh et l’impasse israélienne De son côté, M. Chareh a souligné que «l’impasse israélienne ne devrait pas se transformer en impasse pour le Liban ou pour la Syrie». «Le problème est très simple et seul Israël cherche à le compliquer, a déclaré le ministre syrien. La Syrie et le Liban réclament une solution juste et globale ainsi que l’application des résolutions du Conseil de sécurité. C’est Israël qui refuse. La Syrie et le Liban sont prêts à signer un accord de paix avec Israël en contrepartie d’un retrait total du Sud-Liban et un retrait du Golan sur la frontière du 4 juin 1967. Mais c’est Israël qui refuse». Et M. Chareh d’ajouter : «Il faut penser sérieusement à ce que désire Israël. L’État hébreu désire-t-il créer des problèmes et détourner l’impasse dans laquelle il se trouve ? Souhaite-t-il transformer son impasse en une impasse pour les Arabes et le Liban ? Il s’agit là d’autant de questions qui devraient être débattues. Si Israël est sincère au sujet de la paix, la Syrie et le Liban sont prêts. Israël doit prouver que la paix est son choix stratégique comme elle est le nôtre», a conclu M. Chareh.