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Actualités - REPORTAGES

Une profession en quête d'organisation

Une industrie de l’importance de celle de l’imprimerie se doit d’avoir une institution fédératrice. Un syndicat existe, mais il ne fait pas l’unanimité parmi les professionnels. Au Liban, il existe en réalité un département du syndicat des arts graphiques qui tente de regrouper les imprimeurs, avec plus ou moins de réussite. Aujourd’hui, ce syndicat compte 168 entreprises membres et est directement lié au ministère du Travail. Une assemblée générale se réunira le 28 mars prochain pour l’élection d’un nouveau président, qui succédera à Mitri Nasrallah. Les objectifs du syndicat Créé en 1947, le syndicat des arts graphiques a connu durant la guerre une période d’hibernation. Ressuscité il y a 6 ans, il est dirigé aujourd’hui par un imprimeur, Mitri Nasrallah. Ce dernier s’est fixé comme but, durant son mandat, d’apporter des solutions aux difficultés de la profession : «Les problèmes sont nombreux pour l’imprimerie libanaise. Nous essayons de les résoudre un par un. Le premier d’entre eux est de fixer une politique de prix, pour éviter cette guerre de “prix plancher” que nous connaissons aujourd’hui. De plus, il faudrait améliorer le réseau électrique, car il y a trop souvent des coupures... sans parler du prix de l’électricité ! Il faudrait aussi simplifier le processus des démarches administratives pour, entre autres, l’importation des matières premières. Et, évidemment, tout faire pour baisser les taxes. Il existe des produits de base, comme l’encre, qui ne sont toujours pas considérés comme des matières premières. Sans parler des taxes de douanes sur les pièces de rechange électroniques». Les objectifs sont louables, mais les résultats encore peu visibles. Mitri Nasrallah reconnaît qu’il y a «encore beaucoup de chose à faire. Pour cela, nous visitons régulièrement les ministères concernés, nous prenons des contacts avec l’association des industriels et les douanes. Dans ce domaine, nous avons déjà obtenu quelques résultats, mais la baisse relative des douanes est encore insuffisante». Conseiller surtout «Nous ne sommes pas un ordre comme celui des médecins ou des architectes, explique Mitri Nasrallah. Nous ne regroupons pas tout le monde. Nous avons donc principalement un rôle de conseil et d’information. Nous essayons également de réduire la compétition entre les membres ou de résoudre les problèmes entre eux, s’il y a lieu». Il existe certes des difficultés entre imprimeurs mais l’action du syndicat s’oriente aussi vers la protection de la profession face aux mauvais clients. «Nous avons établi une centrale des risques. En cette période de récession, de plus en plus de clients prennent leur temps pour régler leurs factures ; les imprimeurs n’ont pas de moyen de pression. Dans ce cas, l’entreprise membre signale ce mauvais client. Toutes ses consœurs peuvent ainsi être averties, et refuser ces clients. Ce rôle de prévention est la vraie vocation du syndicat». L’avis mitigé des professionnels Devant les bonnes intentions affichées du syndicat, certains imprimeurs se montrent sceptiques quant à l’efficacité des démarches. Dans ce cas, Carl Kourani, propriétaire des Imprimeries de l’Annonce, explique que «l’action du syndicat aurait pu être beaucoup plus positive. Si le syndicat ne s’en sort pas, ce n’est pas de sa faute, mais celle de ses membres. La communication supposée de la centrale des risques ne fonctionne pas vraiment bien». Du même avis, Élie Raphaël, directeur général d’Arab Printing Press, constate «qu’il n’arrive pas à mettre une législation en vigueur, alors qu’il faudrait un organisme global. Aujourd’hui, n’importe qui peut ouvrir une imprimerie en important des machines usagées à bas prix. Est-ce une bonne chose pour la profession ? Je ne crois pas». En règle générale, les professionnels déplorent le manque de marge de manœuvre du syndicat. Gihad A. Achkar, responsable d’Anis Commercial Printing Press, s’explique : «Le syndicat est très bien, mais il ne peut pas faire grand-chose, ni édicter une règle du jeu pour tous. Pour l’instant, chaque imprimeur fonctionne selon sa propre règle. En particulier au niveau d’une politique de prix “plancher”». D’autres professionnels n’en font pas partie, ne considérant pas qu’ils puissent en tirer un avantage. C’est le cas de Mansour Chelala, PDG de Scope, qui regrette de ne pas s’investir dans un organisme : «Malheureusement, je n’y crois pas. Les gens qui s’en occupent se font concurrence entre eux. Par exemple, le Liban a reçu des aides à l’industrie venant de France. Les premiers à avoir été au courant en ont profité. Le rôle du syndicat serait de fixer les règles du jeu honnêtes en matière de prix, et ce n’est pas le cas». L’idée d’un organisme global fait donc son chemin. L’exemple des Ordres des ingénieurs et des médecins semble à retenir pour cette profession qui doit se fédérer face aux défis du futur. Georges Chemaly, directeur général de Chemaly & Chemaly, pense que «le syndicat devrait être un ordre. Aujourd’hui, c’est le chaos, n’importe qui peut ouvrir une imprimerie. Il faut arrêter d’importer des machines d’occasion pour garder un bon niveau de qualité générale. Au Liban, on peut importer des machines datant de 20 ans, alors qu’en Syrie, par exemple, l’âge maximum d’une machine importée est de 4 ans». Le plus optimiste et positif des imprimeurs reste Joseph Raïdy, lui-même ancien président du syndicat des arts graphiques : «L’action du syndicat est nécessaire et positive pour organiser la profession, régler la guerre des prix et mettre en place une bonne gestion. Même si c’est encore aujourd’hui le chaos, nous sommes sur la bonne voie. Il me semble néanmoins nécessaire que le syndicat devienne un ordre, comme le réclament de nombreux confrères».
Une industrie de l’importance de celle de l’imprimerie se doit d’avoir une institution fédératrice. Un syndicat existe, mais il ne fait pas l’unanimité parmi les professionnels. Au Liban, il existe en réalité un département du syndicat des arts graphiques qui tente de regrouper les imprimeurs, avec plus ou moins de réussite. Aujourd’hui, ce syndicat compte 168...