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Actualités - REPORTAGES

La compagnie russe Helikon, qui fait un triomphe à Paris et en Europe, en concert ce soir à 20h30 Dmitri Bertman : l'opéra gourmand (photos)

Et de cinq ! L’opéra Helikon, après La dame de pique, La chauve-souris, Carmen et Boris Godounov, vient présenter au Liban deux œuvres comiques : La cantate du café de Bach et La servante maîtresse de Pergolèse. Cette compagnie, qui compte aujourd’hui plus de 500 personnes, a été fondée en 1990 et reconnue par l’État russe en 1993. Somptueusement installé à Moscou, dans une résidence privée – propriété de la princesse Shakhovskaya – datant du XVIIIe siècle, l’opéra Helikon doit son succès à son directeur et fondateur, Dmitri Bertman. À 33 ans, il a plus de 15 ans d’expérience derrière lui. Diplômé de l’Académie des arts dramatiques de Moscou (GITIS), il monte sa première mise en scène à 16 ans et se lance dans la grande aventure à 20 ans : L’opéra Helikon, raconte-t-il, «c’était au tout début 5 personnes». À présent, la jeune compagnie s’attire des jalousies, puisque certains sociétaires des cinq autres opéras résidents de Moscou se bousculent pour en faire partie. Il y a de quoi : dès 1991, la troupe est sortie de Russie pour une représentation en Suisse, puis plusieurs en France (qui l’apprécie particulièrement et l’a invitée, jusqu’à présent, à 11 reprises) et ainsi de suite, dans plusieurs pays d’Europe et du monde. Consécration cette saison, en février 2000 : Dmitri Bertman présente «sa» Carmen à l’Opéra Bastille. Une mise en scène «très sexy», loin des clichés et du «kitsch», qu’il évite dès qu’il peut et qu’il reproche à la majorité des productions russes. Cimetière «L’opéra, explique-t-il, est un art de vie, et certains l’oublient : ils en font un cimetière». Dmitri Bertman lui prédit un grand avenir, parce qu’il sera «la forme d’art la plus populaire du siècle prochain». Explication : «Le public contemporain vit dans l’ère d’Internet et du vidéo-clip, qui délivrent un maximum d’informations en un minimum de temps. L’opéra, c’est de la musique, du chant et du design en même temps». Il observe aussi une préférence de plus en plus prononcée pour l’opéra de chambre : «Notre profession découvre une nouvelle dimension : elle devra travailler sur le texte bien sûr, mais aussi sur la musique qu’il cache». Le metteur en scène a vu son premier opéra à 6 ans. Une interprétation d’Eugène Onéguine : «Je me souviens avoir pleuré devant la tristesse et les malheurs de Tatiana. J’avais été impressionné par les décors qui me semblaient tellement réels». Dix ans plus tard, alors qu’il apprenait le piano, il a commencé à réfléchir sur le théâtre et le chant : «Je me demandais pourquoi la musique avait besoin du théâtre, pourquoi un texte était chanté», dit-il. La lourdeur et l’immobilisme des mises en scène l’ont rapidement agacé et il a mis au placard ses émerveillements d’enfant pour laisser parler son imagination. Inspiration en douceur(s) Où trouve-t-il l’inspiration ? «En conduisant et en mangeant des sucreries», répond-il en souriant. Il se souvient avoir changé une mise en scène trois heures avant la répétition générale : «Je me suis rendu compte avec horreur que plus rien ne me plaisait. Je suis allé en coulisses, j’ai mangé deux parts de gâteau au chocolat et, une demi-heure plus tard, tout était modifié». Sa Servante maîtresse, qu’il présente ce soir au public du Bustan, a été mise en scène «selon la technique de la commedia dell’arte» : Je l’ai traitée d’un point de vue comique. Cet opéra bouffe du XVIIIe siècle, le premier de son genre, «est une histoire d’aujourd’hui», explique-t-il. «Cette jeune femme avide d’argent réussit à se faire épouser par le vieillard qui l’emploie». Quant à la Cantate du café de Bach, mise en scène par Oleg Ilin, il s’agit d’une pièce à trois voix que le compositeur a écrit pour sa fille : «Celle-ci aimait tellement le café qu’elle en buvait toute la journée, au risque d’abîmer sa santé», raconte Dmitri Bertman. «Bach en a fait une petite pièce et y donne la solution : pour qu’elle lâche sa marotte, il faut qu’elle tombe amoureuse». Chacun des opéras dure 40 minutes environ : à l’entracte, pour que tout le monde soit servi, les spectateurs boiront du café, comme ceux de la première rangée qui en auront profité durant le spectacle. «J’aime que l’opéra soit proche du public», affirme le metteur en scène. La gourmandise mène loin, parfois.
Et de cinq ! L’opéra Helikon, après La dame de pique, La chauve-souris, Carmen et Boris Godounov, vient présenter au Liban deux œuvres comiques : La cantate du café de Bach et La servante maîtresse de Pergolèse. Cette compagnie, qui compte aujourd’hui plus de 500 personnes, a été fondée en 1990 et reconnue par l’État russe en 1993. Somptueusement installé à Moscou,...