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Actualités - ANALYSE

Incertitude persistante sur la volonté de paix d'Israël

Malgré tous ses aspects positifs, la décisions prise par le gouvernement israélien de retirer son armée du Liban au plus tard en juillet, demeure en deçà de ce qu’il est véritablement demandé à l’État hébreu : la levée de toutes les incertitudes qui continuent d’entourer ses véritables intentions de paix. Un retrait unilatéral du Liban sert avant tout les intérêts d’Israël, fait remarquer un observateur de la scène libanaise. C’est pourquoi elle a été accueillie placidement par le président du Conseil Sélim Hoss. Le Premier ministre s’est réservé la latitude de croire qu’il pourrait s’agir d’une «manœuvre», mais a salué cette intention, tout en faisant savoir la préférence du Liban pour un retrait négocié. En se retirant unilatéralement sur les frontières internationales, l’État hébreu prive en effet la Syrie d’un précieux instrument de pression pour obtenir la concomitance d’un retrait du Liban-Sud et du Golan, notent les observateurs. Un retrait du Liban ne signifierait donc pas la paix, mais peut-être le contraire : un durcissement de la position israélienne sur un retrait du Golan, et le maintien de l’état de «ni guerre ni paix» actuel, source d’une tension dont on ne sait pas quand elle pourrait se transformer en conflit larvé, puis ouvert. Réserve de mise Il est évident que le Liban, qui pourrait voir que, provisoirement, un tel geste sert son intérêt n’y trouverait pas son compte à long terme, si cette décision, apparemment pacifique, ne se révèle être qu’un moyen supplémentaire pour prolonger la guerre. Des observateurs ont noté que la décision israélienne survient à la veille de la réunion du Conseil ministériel de la Ligue arabe, les 11 et 12 mars, à Beyrouth. Certes, l’intention d’Israël de se retirer du Liban date de juillet dernier, mais ce n’est que maintenant qu’un plan concret de retrait a été adopté par le Conseil des ministres israélien. Pour ces observateurs, par le minutage de sa décision, Israël pourrait être en train de chercher à contourner les résolutions d’appui au Liban attendues du Conseil de la Ligue arabe, et à en atténuer la portée et la résonance. Cette décision sert également les intérêts des États-Unis et des puissances qui appuient Israël, qui l’invoqueront comme preuve de la bonne foi de leur protégé et comme excuse pour continuer à demander aux États arabes de faire preuve de souplesse et de modération. Elle enlève enfin aux États-Unis tout motif d’exercer des pressions sur Tel-Aviv. La décision est également de nature à conforter l’image d’Ehud Barak et sa position politique. Après tout, note un diplomate, le successeur de Netanyahu a été élu par une majorité sur la base d’un programme de paix. En annonçant le retrait de l’armée israélienne du Liban, il répond à sa manière à la Knesset, qui vient de lui infliger un revers sur la question du retrait du Golan et du Liban, en votant une loi stipulant que la majorité requise dans le référendum sur ce retrait simultané, doit correspondre à la majorité des inscrits sur les listes électorales, et non à celle des votants (soit, selon les analystes, une majorité de 61 % des voix). Il est une question dont le Liban, à travers un retrait unilatéral de l’armée israélienne, pourrait faire l’économie : celle du sort final qui devrait être réservé aux miliciens de l’Armée du Liban-Sud. Israël s’est en effet engagé à assurer la sécurité et le bien-être des miliciens qui ont combattu à ses côtés. Un tel objectif aurait été difficile à atteindre si l’État hébreu devait négocier son retrait du Liban. Le gouvernement refuse en effet que quiconque lui dise ce qu’il doit faire de ses propres ressortissants. Un retrait unilatéral dégage aussi, en un sens, la responsabilité d’Israël, faisant retomber sur les miliciens tout le poids de leur passé de «collaborateurs». À voir la manière dont sont traités les miliciens de l’ALS originaires de Jezzine qui se sont rendus à l’armée, il semble que les hommes de l’ALS ne doivent s’attendre qu’aux rigueurs de la justice. En conclusion, il serait difficile d’anticiper sur le retrait de l’armée israélienne de la bande frontalière, et de dire qu’il s’agit d’un pas vers la paix. La réserve reste de mise afin que la solidarité arabe attendue en faveur du Liban ne s’atténue pas, et que les résolutions du Conseil de la Ligue arabe qui seront prises dans quelques jours conservent l’effet dissuasif qu’en attendent le Liban et, avec lui, les Arabes accourus à son secours.
Malgré tous ses aspects positifs, la décisions prise par le gouvernement israélien de retirer son armée du Liban au plus tard en juillet, demeure en deçà de ce qu’il est véritablement demandé à l’État hébreu : la levée de toutes les incertitudes qui continuent d’entourer ses véritables intentions de paix. Un retrait unilatéral du Liban sert avant tout les intérêts...