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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Concert - Ce soir et demain mardi, au théâtre al-Madina Omar Bachir : une histoire de oud (photo)

Il n’est pas encore bien réveillé. Les journées de Omar Bachir commencent d’habitude vers 16h. Sa conférence de presse est à midi. Sa voix est à peine audible. Il invite alors les journalistes à avancer leurs chaises. Le mot oud à peine prononcé et voilà toute la physionomie de notre jeune homme qui se transforme. Son regard de braise s’enflamme, sa voix s’affirme. Il n’y a pas de doute : Omar Bachir est un passionné et l’objet de son enthousiasme n’est autre que le oud. Certes, il est fier d’être le fils du fameux Mounir Bachir, surnommé le «Roi du oud». Mais il est également conscient de la double responsabilité que cet héritage lui fait assumer. Mounir Bachir, ce virtuose irakien disparu en 1997, avait fait connaître l’oud, instrument roi de la musique arabe, au monde occidental et surtout au public français. Il a osé en faire un instrument soliste de récital (cette tradition n’existait pas dans la musique arabe). Son art a fait école depuis. Ce lundi et demain mardi, Omar Bachir, son fils et unique disciple, lui rend un hommage émouvant. Il perpétue ainsi toute une tradition familiale, puisque son oncle Jamil (disparu il y a plusieurs années) faisait courir les mélomanes de tout l’Irak avec ses improvisations étourdissantes. Mais Omar, né dans une double culture, orientale par son père et occidentale par sa mère, pousse plus loin le métissage ; il n’hésite pas à faire des improvisations jazzy ou même à se produire avec une guitare flamenco ou des instruments africains. Pour ses concerts au Madina, il nous promet, après trois quarts d’heure de oud en solo, des improvisations avec un quatuor détonnant. Quant à l’identité des musiciens , motus et bouche cousue. Une surprise est une surprise… Parcours Inutile de préciser que le oud a bercé l’enfance de Omar Bachir. À cinq ans, il fait ses premières gammes. À 7 ans, il entre à l’École de musique et ballet de Bagdad. Il se produit pour la première fois en solo à l’occasion de la fête de fin d’année alors qu’il a à peine 9 ans. Une fois ses études scolaires achevées, Omar décide de poursuivre son apprentissage à l’Institut d’études musicales de Bagdad. Il y approfondira ses connaissances de la musique, ainsi que l’étude du solfège et de la musique ancienne et moderne. En 1987, il forme, sous la supervision de feu son père et sous l’égide du ministère de la Culture et de l’Information irakien, une troupe de 25 musiciens-chanteurs. Au programme, une panoplie d’instruments irakiens. Entre 1987 et 1991, la troupe se produit plusieurs fois en concerts à Bagdad, à Amman et au Caire ainsi qu’en Turquie et en Russie. La troupe a reçu plusieurs distinctions, dont celle du festival international de Jarach. Avide de connaissances et de nouveaux horizons, Omar Bachir se rend en 1991 en Hongrie dans le cadre d’une bourse d’études. Il passera pas moins de cinq ans à l’Académie de musique de Budapest. Spécialisation : chant et solfège puis direction de chorale. Depuis, il s’est produit dans plusieurs villes européennes : à Paris, à l’IMA et à la Maison des cultures musicales ; en Suisse : Festival de la musique de Bâle et de Genève ; en Hongrie : aux Journées de l’art de Budapest et au festival du Printemps. Ses performances les plus remarquées et celles qui lui tiennent sans doute le plus à cœur, restent ses duos avec son père. Omar Bachir souhaite faire connaître l’art musical arabe. Il déplore l’état actuel des choses : «Il n’y a plus de place pour la musique de l’âme et de l’esprit dans cette partie du monde où l’on vit. Regardez autour de vous : c’est la musique du pied qui prévaut. Beaucoup de bruit. Des orgues. Et pour promouvoir tout cela, on vous met une danseuse du ventre». Omar Bachir est révolté par le désert culturel et artistique dans lequel le monde arabe est plongé. De son côté, avec pour armes sa détermination et son oud, il fait de son mieux pour se battre.
Il n’est pas encore bien réveillé. Les journées de Omar Bachir commencent d’habitude vers 16h. Sa conférence de presse est à midi. Sa voix est à peine audible. Il invite alors les journalistes à avancer leurs chaises. Le mot oud à peine prononcé et voilà toute la physionomie de notre jeune homme qui se transforme. Son regard de braise s’enflamme, sa voix s’affirme. Il n’y a...