Attaque héliportée nocturne contre Tyr

Au lendemain du triple raid aérien israélien qui a visé dans la nuit de lundi à mardi les trois sous-stations électriques de Jamhour, de Baalbeck et de Deir-Nbouch, les attaques du Hezbollah et les représailles israéliennes se sont poursuivies jusque tard dans la nuit, faisant de nouvelles victimes dans les deux camps. En fin de soirée, des hélicoptères et des chasseurs-bombardiers israéliens ont mené une série de raids contre les régions de Tyr et de l’Iqlim el-Touffah. Peu après 23 heures, deux missiles filoguidés, tirés par un hélicoptère Apache, ont ainsi touché de plein fouet le 11e étage d’un immeuble de Tyr appartenant au président de la municipalité de la ville, Hussein Kachour. Selon des témoins oculaires, cet étage servait d’école religieuse à des partisans du Hezbollah. Quatre étudiants en théologie du Hezbollah ont été grièvement blessés dans ce raid héliporté. L’étage visé a été entièrement détruit et un incendie s’est déclaré dans un autre étage de l’immeuble. Le raid a semé la panique à Tyr qui n’avait plus été la cible de tirs israéliens depuis l’opération Paix en Galilée de 1982. De nombreux habitants de la localité ont quitté leurs appartements. La panique semblait également avoir saisi des habitants de villages plus éloignés, provoquant un début d’exode vers le nord. Pendant que l’hélicoptère Apache bombardait Tyr, des chasseurs-bombardiers ont tiré deux missiles air-sol près du village de Jbaa, dans l’Iqlim el-Touffah. Quelques minutes auparavant, des hélicoptères avaient bombardé à cinq reprises des maisons situées aux abords de la localité de Aïn Boussouar, dans l’Iqlim el-Touffah. En fin de matinée, un combattant de l’ALS avait été tué lors d’une attaque de la milice intégriste contre la position de Bir Kallab, en bordure du secteur central de la zone de sécurité. Un porte-parole de l’ALS a indiqué que «plusieurs obus de mortier sont tombés autour de cette position». Peu avant 15 heures, un soldat israélien avait, d’autre part, été tué et un autre blessé dans une autre attaque du Hezbollah. Selon une source de sécurité à Tyr, «des roquettes ont détruit des fortifications de l’armée israélienne à Dabché, en bordure du secteur de la zone occupée, également cible d’une attaque rapprochée des combattants anti-israéliens». La Résistance islamique a précisé à ce sujet avoir visé à 14h50 «un rassemblement de militaires israéliens qui se trouvaient dans cette position». À la suite de cette opération, l’aviation israélienne a tiré vers 17 heures deux missiles air-sol sur les hauteurs de l’Iqlim el-Touffah. Une trentaine d’obus d’artillerie, tirés depuis la zone occupée, sont en outre tombés sur les environs du village d’ Oqmata. État d’alerte Tard en soirée, le gouvernement israélien avait décrété l’état d’urgence dans le nord du pays, à la frontière libanaise, et avait donné de larges pouvoirs à l’armée en prévision d’éventuels raids. Selon la télévision publique israélienne, le Premier ministre Ehud Barak consultait en soirée ses ministres par téléphone pour prendre des décisions sur «d’éventuelles opérations qui pourraient être lancées dans les prochaines heures». Initialement, le Cabinet de sécurité israélien devait discuter de ce dossier ce matin. L’état d’urgence décrété pour une durée éventuellement renouvelable de 48 heures permet au commandement militaire d’ordonner aux quelque 300 000 habitants des localités frontalières de descendre dans les abris sous peine de poursuites judiciaires. Jusqu’à présent, l’armée s’était contentée de recommander aux habitants de se rendre dans les abris de crainte de tirs de roquettes. L’état d’urgence permet également au ministère du Travail de réquisitionner les travailleurs dont l’activité est considérée comme «vitale» en cas d’attaque. Selon la télévision israélienne, ces précautions ont été prises à la suite des nouvelles attaques de la milice intégriste, hier. «Apparemment le message que M. Barak a voulu faire passer au Hezbollah et à la Syrie en ordonnant dans la nuit de lundi à mardi des raids contre des objectifs civils au Liban n’a pas été entendu», a estimé le commentateur militaire de la télévision.