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Actualités - ANALYSE

Le processus sur un fil d'acier La reprise confitionnée par une trêve de facto

Au Sud, le Hezbollah fait monter les enchères. Par des opérations audacieuses, brillantes même si on les considère sous l’angle militaire. Des actions qui, sans aucun doute, ont un impact sur le dossier régional. À preuve que sur forte pression américaine, Barak a accepté de faire pour le moment l’impasse sur les représailles classiques, pour ne pas compromettre les chances d’une reprise des pourparlers avec les Syriens. Mais en même temps, comme il n’oublie pas qu’il a été général, il précise que la riposte n’est que suspendue, qu’elle viendra en temps et en quantité voulus. Pour certains, il est clair que lorsqu’Israël menace de s’en prendre à l’infrastructure du Liban il vise un objectif bien plus économique que politique ou militaire. Il s’agit pour l’État hébreu d’empêcher ce pays de se remettre sur pied et de redevenir compétitif après la paix. Ces sources estiment que si Israël veut rechercher un avantage de nature essentiellement politique, il tenterait de monnayer son effort de retenue, s’interdisant toutes représailles d’envergure. Il répondrait ainsi aux vœux des Américains et s’en gagnerait l’appui. Pour essayer d’amener la Syrie à garantir un cessez-le-feu de facto au Sud, lors de la reprise des pourparlers. Du reste, Israël pose comme condition d’éventuelles négociations avec le Liban la conclusion d’une trêve. Il estime qu’un accord rapide avec la Syrie devrait permettre cela. Actuellement, le processus étant de nouveau sur une voie de garage, Barak veut demander aux États-Unis, à l’Union européenne et à certains pays arabes d’intervenir pour que la situation se calme au Sud lors de la reprise du dialogue avec la Syrie. Son argument est qu’il n’est pas possible de négocier sous la pression des actes de guerre, car les pourparlers seraient vite compromis ou deviendraient incontrôlables. Surtout si de part et d’autres on se met à liquider les chefs ou cadres militaires, auquel cas, on ne pourrait pas indéfiniment empêcher les forces en présence de venger leurs morts. Bien entendu, les États-Unis partagent de tout temps cet avis. Cela fait des années qu’ils ne cessent d’appeler à la retenue sur le terrain et à l’arrêt notamment des opérations de la Résistance libanaise, pour favoriser le bon déroulement du processus de paix. Mais Washington ne fait plus de cette revendication une condition sine qua non pour les négociations. C’est pourquoi, les défenseurs de cette thèse estiment que le médiateur américain parviendra à faire accepter un compromis, impliquant des concessions de la part des différents protagonistes en présence, pour relancer le processus. Dans cette optique, estiment les sources citées, la Syrie userait discrètement de son influence sur le Hezbollah pour calmer le jeu au Sud pour la durée des négociations. De son côté, Barak accepterait de s’engager à se retirer du Golan au-delà des frontières du 4 juin 1967, dont le tracé ferait tout de même l’objet d’une retouche mineure. En effet, la différence entre la ligne du 4 juin 67 et celle de 1923 n’est pas géographiquement considérable. Son importance tient à la question des eaux de la zone de Houmma et du lac de Tibériade qui doit être en tout cas réglée par un protocole spécial régi par les conventions internationales et qui n’est pas difficile à conclure. Ces sources concluent que Barak doit faire des concessions parce qu’il est soumis à la pression de son opinion publique qui réclame un retrait du Liban-Sud. Partant de là, cette même opinion israélienne se convaincrait que l’accord avec la Syrie est nécessaire car il constitue la seule porte donnant sur une vraie paix régionale assurant aux Israéliens la sécurité qu’ils souhaitent. L’autre son de cloche Mais d’autres analystes pensent que Barak attend, pour ordonner des représailles élargies en riposte à la liquidation de Akl Hachem, que les tractations pour la reprise du dialogue avec les Syriens aboutissent à l’impasse. À ce moment, disent ces sources, le Premier ministre israélien ne serait plus soumis à une pression américaine de retenue. Et il n’aurait plus à espérer tirer profit politiquement de cette retenue relative qu’il exerce actuellement. En effet, la trêve qu’il réclame au Sud deviendrait tout à fait hors de question et c’est le seul langage de la violence qui prévaudrait, pour lui comme pour les autres. Ensuite, Barak n’aurait plus qu’à organiser un retrait israélien unilatéral du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest. Et si des actions devaient être développées contre la Galilée à partir du territoire libanais après le retrait, pour obtenir sous cette pression la restitution du Golan, les risques de guerre généralisée deviendraient très élevés. Les États-Unis pour leur part seraient confrontés à un échec de leur plan, qui se base sur cette équation : une trêve pratiquement garantie par la Syrie moyennant un engagement israélien de restituer le Golan à ce pays. Dans le cas d’un fiasco, le président Clinton qui essaie de sauver les pourparlers devrait faire son deuil de l’avantage électoral que son parti tirerait d’une victoire diplomatique au Proche-Orient. Toujours est-il que selon ces sources, la Résistance libanaise laisse entendre de son côté que Barak va sans doute faire des concessions sur le volet syrien, au fur et à mesure qu’il se rapproche du délai qu’il s’est fixé pour le retrait du Sud. En effet, selon ce point de vue attribué à des cadres de la Résistance, Barak pourrait alors placer son opinion publique devant une alternative : ou bien accepter de céder le Golan, ou bien prendre le risque d’une dégradation militaire accentuée, avec pilonnage intensif de la Galilée par des katiouchas. C’est ce qui ressortirait de la déclaration de Barak qui affirme que la Syrie et Israël ont tous deux intérêt à ce qu’il n’y ait pas d’escalade au Sud, toute opération pouvant compromettre les possibilités d’un compromis entre les deux pays.
Au Sud, le Hezbollah fait monter les enchères. Par des opérations audacieuses, brillantes même si on les considère sous l’angle militaire. Des actions qui, sans aucun doute, ont un impact sur le dossier régional. À preuve que sur forte pression américaine, Barak a accepté de faire pour le moment l’impasse sur les représailles classiques, pour ne pas compromettre les...