Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Armes biologiques L'attentat au virus, une fiction proche de la réalité

Thème de nombreux romans et films, l’attentat au virus est pour le moment difficilement réalisable, mais l’hypothèse est plausible et le risque ne doit pas être sous-estimé, estiment deux spécialistes français des armes biologiques dans une étude publiée par la Fondation pour la recherche stratégiques (FRS). Les travaux de Jean-François Daguzan et Olivier Lepick ont été distribués à Paris au cours d’un colloque international organisé par la fondation avec le soutien des ministères français des Affaires étrangères et de la Défense. «Si l’hypothèse d’un attentat à l’aide d’agents biologiques reste plausible, les difficultés liées aux caractéristiques spécifiques des agents biologiques rendent délicate la réalisation concrète et efficace d’une telle opération», écrivent-ils. «Les terroristes se tourneront plus vraisemblablement vers les armes chimiques», ajoutent-ils. Les douze morts et les 5 000 blessés dans l’attentat au gaz sarin commis le 20 mars 1995 dans le métro de Tokyo par la secte Aoum illustrent la réalité de cette menace. Jean-François Daguzan et Olivier Lepick ont relevé une quarantaine d’incidents ou d’actes terroristes avec des produits chimiques ou des virus depuis 1915. Ils sont essentiellement le fait de sectes, de religieux fanatiques et d’illuminés, soulignent-ils. Mais «les perspectives que laissent entrevoir le développement spectaculaire des techniques issues du génie moléculaire et leur diffusion de plus en plus large sur la planète ne peuvent que conforter l’idée d’une menace biologique chaque jour plus aiguë, de sorte qu’il n’est pas raisonnable d’écarter totalement la possibilité d’un attentat biologique», concluent les deux chercheurs français. La soixantaine de spécialistes réunis à Paris ont eux aussi souligné dans leurs interventions la réalité de la menace biologique. «Ce qui n’est pas possible aujourd’hui pourra l’être dans dix ans», a ainsi déclaré le Français David Sourdine, spécialiste en immunologie virale. Des programmes de recherches ont été menés par plusieurs gouvernements. Le régime irakien de Saddam Hussein est le dernier exemple en date. Il aura fallu quatre ans pour démontrer en 1995 la réalité des projets du dictateur. Un incident peut parfois aider. Une contamination au bacille du charbon (anthrax) dans la ville de Sverdlovsk en 1979 a ainsi permis de constater que les dirigeants soviétiques menaient toujours à cette date des recherches poussées sur les armes biologiques. Aujourd’hui, près de 60 000 chercheurs sont sans emplois en Russie et sont approchés par des gouvernements intéressés par leurs compétences. Seuls les États sont pour le moment en mesure de financer des recherches permettant de produire des armes biologiques, estiment les spécialistes. «Une épidémie de peste inexpliquée en Inde en 1995 a montré que la souche était liée à des études menées quelque part dans le monde», a révélé lors du colloque, sans plus de précisions, un spécialiste indien, le professeur Brahma Chellaney. Outre la Russie et l’Irak, la Chine, la Corée du Nord, l’Inde, l’Iran, Israël, la Libye, Taïwan, la Syrie, l’Afrique du Sud sont soupçonnés d’avoir développé des programmes d’armes biologiques. Une convention internationale de 1972 interdit leur production et leur détention, mais elle ne prévoit aucun moyen de contrôle. Des négociations sont en cours à Genève pour combler cette lacune, mais elles s’enlisent. Les principales réserves sont américaines. Elles portent sur les inspections et sur les limites à la commercialisation des agents biologiques. Les enjeux financiers sont en effet considérables pour les multinationales pharmaceutiques ou des l’agroalimentaire.
Thème de nombreux romans et films, l’attentat au virus est pour le moment difficilement réalisable, mais l’hypothèse est plausible et le risque ne doit pas être sous-estimé, estiment deux spécialistes français des armes biologiques dans une étude publiée par la Fondation pour la recherche stratégiques (FRS). Les travaux de Jean-François Daguzan et Olivier Lepick ont...