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Actualités - REPORTAGES

Correspondance La culture teen-ager du "Duct Tape" (Aluminium adhésif) Rien ne se perd, tout se recrée

Pour les punks, c’était la colle forte et les épingles de sûreté. La colle pour faire dresser ses cheveux et les cheveux des autres et les crochets pour épingler les vêtements et les habitudes sociales. Une manière de dire leur différence et le rejet de certains aspects de l’ordre établi. Aujourd’hui, les teen-agers ont choisi de mener une bataille plus subtile et plus positive par le biais d’une attitude non moins conventionnelle. Ils ne jurent plus que par le «duct tape», ces bandes plus ou moins larges d’aluminium adhésif qu’ils utilisent à des fins utilitaires et fantaisistes. Ils disent qu’ils ne cherchent pas du tout à se faire remarquer ni à lancer un courant. Pourquoi alors réparent-ils leurs espadrilles, leurs jeans, leurs vestes, leurs coussins, leurs meubles, certains accessoires de leurs voitures et autres engins ? Ceci pour notamment prouver qu’ils sont capables d’utiliser leur créativité et leurs mains pour se tirer d’affaire et pour faire ainsi un pied de nez aux grandes corporations qui exploitent les enfants et aussi les travailleurs adultes. Et, par la même occasion, ils affirment leur habilité à colmater des pans de leur vie quand besoin est. Donc les jeunes réparent à leur manière, non pas faute d’argent mais pour ne pas accepter tout ce que la société de consommation voudrait leur imposer. Ils veulent leur quote-part de participation et leur touche personnelle. Histoire aussi de se débarrasser du label de violence qui leur colle à la peau. Nous ne sommes pas de mauvais garçons, expliquent-ils, nous voulons avoir de l’initiative et nous croyons au recyclage. Cette croyance a donné lieu à plusieurs ouvrages que l’on trouve dans toutes les librairies et aussi sur un site Internet. Là on peut savoir où se procurer le matériel et les mille et une façons de s’en servir : du simple recollage aux différents modèles de vêtements et d’accessoires que l’on peut exécuter dans cette matière. À savoir un porte-monnaie, des bagues, des bracelets, des colliers, un maillot de bain, des chapeaux, des sacs à dos, des abat-jour, des réfrigérateurs portatifs … On ne perd pas de vue l’esthétique : on conseille, par exemple, à ceux et à celles qui arborent des pantalons blancs de souligner, «joliment», les jambes d’une bande de «duct tape» pour qu’ils ne ramassent pas la poussière. Une création de la Seconde Guerre mondiale Qu’en pensent les parents ? Ils voient certainement d’un meilleur œil leurs enfants sacrifier à ce genre de mode plutôt qu’à celle de l’anneau accroché au nez ou au nombril ou encore au tatouage sur tout le corps. À noter que l’aluminium adhésif a été mis au point par des militaires américains durant la Seconde Guerre mondiale afin d’absorber l’humidité qui se créait dans les caisses de munitions. Ses effets ont été si concluants qu’ils l’ont utilisé pour réparer les jeeps et les fusils. À cause de son étanchéité, on l’a baptisé «duc», (canard) devenu par la suite «duct». Après la guerre, son emploi s’est étendu aux tuyauteries des chauffages et des airs conditionnés. En temps de paix on a aussi changé sa couleur vert camouflage, lui préférant la tonalité métallisée. Et puis, on en s’est servi pour des réparations d’ordre ménager, vu sa solidité, son efficacité, sa manipulation aisée et son coût peu élevé. Quant au papier collant, il a été créé par la compagnie 3M en 1920. Rien ne se perd mais, aujourd’hui, tout se crée.
Pour les punks, c’était la colle forte et les épingles de sûreté. La colle pour faire dresser ses cheveux et les cheveux des autres et les crochets pour épingler les vêtements et les habitudes sociales. Une manière de dire leur différence et le rejet de certains aspects de l’ordre établi. Aujourd’hui, les teen-agers ont choisi de mener une bataille plus subtile et plus positive par...